Les déchets autour du canal de Suez auront bientôt droit à une nouvelle vie grâce à la start-up allemande H2-Industries.
L’idée d’utiliser des cellules à hydrogène pour alimenter toutes sortes d’appareils n’a rien de nouveau. On trouve déjà ce type de propulsion dans des engins divers et variés comme des voitures, des camions, des trains, des bateaux… et même des aéronefs dans une moindre mesure. Certains constructeurs, notamment Toyota, misent beaucoup sur cette technologie.
Et si cette substance a le vent en poupe, c’est qu’elle ne manque pas d’arguments. Elle permet de produire une énergie importante à partir d’une quantité de matière modeste. De plus, elle le fait sans émettre le moindre gaz à effet de serre lors de l’utilisation; cette réaction chimique produit uniquement de l’eau.
Mais si ces piles à hydrogène permettent effectivement de propulser des véhicules dits “propres”, le terme est à prendre avec des pincettes. En effet, la situation n’est pas aussi idyllique sur l’ensemble de cette chaîne industrielle. Et pour cause : le processus industriel qui permet de produire de l’hydrogène en masse est très énergivore.
Il implique notamment de chauffer de grandes quantités d’eau. Or, il faut bien trouver cette énergie quelque part. Et vous l’aurez compris, la grande majorité du temps, cette dernière provient de filières qui ne sont pas renouvelables pour un sou. D’après Axpo, le premier fournisseur d’énergies renouvelables en Suisse, en 2020, plus de 95% de l’hydrogène produit ainsi à l’échelle mondiale était directement dérivé des énergies fossiles !
Des déchets à l’énergie verte
De nombreuses institutions travaillent donc à développer de nouveaux systèmes de conversion afin de transformer d’autres matières premières en hydrogène, cette fois en mettant l’accent sur les matériaux de base. C’est dans cette optique que l’entreprise allemande H2-Industries (H2-I) vient d’annoncer la construction d’une gigantesque centrale à hydrogène en Égypte. Et ce lieu n’a pas été choisi au hasard puisque pour alimenter sa centrale, la firme mise sur une ressource inattendue : des détritus !
“Les déchets d’un homme sont le trésor d’un autre”, affirme une expression anglaise; et cela aura rarement été aussi vrai qu’avec ce grand projet. En effet, H2-I mise sur l’incessant flux de détritus qui s’accumule dans la zone du canal de Suez, l’une des artères les plus importantes du commerce mondial. Cette véritable plaie écologique et logistique, H2-I espère bien la transformer directement en or vert grâce à une usine dernier cri à 4 milliards de dollars.
L’entreprise compte transformer environ quatre millions de tonnes de déchets en 300.000 tonnes d’hydrogène par an. C’est donc un procédé qui tente de convertir la principale limite actuelle de cette filière en un bénéfice net sur toute la ligne. Il s’agit vraisemblablement d’un processus propriétaire puisqu’il n’a pas été dévoilé en détail, mais ces promesses sont en tout cas enthousiasmantes.
Une future preuve de concept qui s’annonce prometteuse
De plus, la centrale a apparemment été conçue pour éviter toute déperdition d’énergie en rentabilisant la moindre calorie. D’après TheNextWeb, la chaleur résiduelle issue du processus sera redirigée pour alimenter des turbines à vapeur et autres générateurs pour produire de l’électricité.
Et la cerise sur le gâteau, c’est que le fait de se passer d’énergies fossiles n’est pas avantageux que sur le plan écologique; cela permettrait même de réaliser des économies. L’entreprise affirme que ce projet permettra de produire de l’hydrogène à moitié prix par rapport aux techniques de production actuelles !
Il convient de rester prudent vis-à-vis de ces annonces, car les effets d’annonce parfois sensationnalistes sont légion dans le secteur de l’énergie. Mais il faut tout de même reconnaître le bien-fondé et la pertinence du projet d’H2-I. Dans l’idéal, il permettra de faire progresser une industrie qui a de l’avenir tout en participant à gérer un problème de pollution très concret. Il ne reste qu’à espérer que cette preuve de concept fonctionne suffisamment bien pour faire des émules !
TheNextWeb