Le président de la République reçoit mercredi à l’Élysée le secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts Julien Bayou, la présidente du groupe La France insoumise Mathilde Panot ainsi que son ancien Premier ministre Édouard Philippe, patron du parti Horizons. À l’Assemblée, les députés du Rassemblement national feront leurs premiers pas dans la législature tandis que les élus de la majorité présidentielle désigneront leurs chefs de file.
Comment éviter le blocage parlementaire ? Emmanuel Macron continue mercredi 22 juin son tour de table des forces politiques, à la recherche d’un difficile consensus à l’Assemblée où débarque l’important contingent de députés du Rassemblement national (RN) et où plusieurs postes de chefs de file doivent être attribués.
Trois jours après le second tour des élections législatives, la situation politique reste gazeuse pour le chef de l’État, contraint de revoir ses plans faute d’avoir su dégager une majorité claire au Palais Bourbon.
Resté silencieux depuis dimanche, Emmanuel Macron, qui a célébré mardi soir les 40 ans de la Fête de la musique dans la cour de l’Élysée, doit recevoir mercredi à partir de 9 h le secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts Julien Bayou, fraîchement élu député à Paris, puis la présidente du groupe La France insoumise (LFI) Mathilde Panot ainsi que son ancien Premier ministre Édouard Philippe, patron du parti Horizons.
Des consultations à tous crins donc, après avoir vu défiler mardi plusieurs responsables de l’échiquier, de Christian Jacob (Les Républicains, LR) à Olivier Faure (Parti socialiste, PS), en passant par François Bayrou (MoDem) et Marine Le Pen (RN).
Un « gouvernement d’union nationale » ?
Convié mardi en début de soirée, le communiste Fabien Roussel a affirmé qu’Emmanuel Macron envisageait, parmi d’autres scénarios, la constitution d’un « gouvernement d’union nationale ». Il « m’a demandé si nous étions prêts à travailler dans un gouvernement d’union nationale » et si une telle initiative « était la solution pour sortir le pays de la crise », a précisé l’ex-candidat communiste à la dernière présidentielle.
Mais pour l’heure, rien n’a filtré des enseignements que compte au final en tirer le chef de l’État, mis sous pression au sein de son propre camp pour sa gestion de la campagne des législatives, durant laquelle il est apparu absent, effacé notamment par l’activisme de la gauche unie sous la bannière de la Nupes.
Avant d’être happé par une série d’engagements internationaux, dont le Conseil européen qui débute jeudi à Bruxelles, Emmanuel Macron a reconduit mardi sa Première ministre Élisabeth Borne, qui lui avait présenté sa démission. La cheffe du gouvernement recevra la semaine prochaine les présidents de groupe de l’Assemblée, a annoncé la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire. Une façon de montrer qu’Élisabeth Borne est pour l’heure en poste, même si sa situation apparaît précaire, un mois seulement après sa nomination.
Édouard Philippe a ainsi appelé mardi soir à la création d’une « grande coalition » pour donner une « direction stable » au pays. Initiative qui pourrait nécessiter « des profils nouveaux » à sa tête, a-t-il souligné.
Édouard Philippe espère notamment nouer un accord avec LR, même si plusieurs responsables de droite ferment la porte à toute « logique de pacte », à l’image du président du parti, Christian Jacob, qui a « redit » mardi à Emmanuel Macron « qu’il n’était pas question d’entrer dans ce qui pourrait être une trahison de nos électeurs ». Christian Jacob a opposé à Édouard Philippe une fin de non-recevoir dans la soirée. Son bilan « est triste », a-t-il jugé, affirmant que la macronie avait voulu tuer LR.
Primaire au sein de la macronie pour le perchoir
De son côté, Marine Le Pen, forte du bataillon de 89 députés qu’elle devrait diriger, a profité de son entretien avec Emmanuel Macron pour revendiquer au nom de son groupe « la présidence de la commission des finances » et une vice-présidence de l’Assemblée, réaffirmant que le groupe d’extrême droite entendait être « dans l’opposition » mais « pas dans l’obstruction systématique ».
Les élus RN, qui n’étaient que huit en 2017, doivent faire mercredi leurs premiers pas dans la législature au Palais Bourbon. Et les députés de la majorité présidentielle désigneront, eux, leurs chefs de file, après avoir vu plusieurs ténors de leur camp battus dimanche, dont le président de l’Assemblée, Richard Ferrand.
Les députés La République en marche/Renaissance choisiront le matin le président de leur groupe, qui a fondu de 266 à 170 membres. Parmi les quatre prétendants pour succéder à Christophe Castaner, défait dimanche, figure Aurore Bergé, jusqu’alors présidente déléguée du groupe. Les deux autres partenaires de la majorité, Horizons et MoDem, doivent aussi choisir leurs patrons.
En fin d’après-midi, une sorte de primaire permettra de désigner un candidat unique de la majorité au perchoir, poste convoité pour lequel plusieurs figures de la macronie sont sur les rangs, comme la ministre des Outre-mer Yaël Braun-Pivet, les anciens ministres du précédent quinquennat Barbara Pompili et Joël Giraud, ou encore l’ex-ministre LR rallié à Emmanuel Macron Éric Woerth. Hors majorité, la députée du Doubs Annie Genevard (LR) s’est mise sur les rangs, mettant en avant sa « solide expérience ».
Le président de l’Assemblée nationale sera ensuite officiellement élu par l’ensemble des députés mardi prochain.
La valse des postes touchera aussi LR mercredi matin, puisqu’Olivier Marleix et Julien Dive s’affronteront pour la tête du groupe, qui devrait compter au moins 61 députés.
AFP