Anthony Kavanagh : « Quand je suis sur scène, je suis chez moi. » – Interview

Jusqu’au 2 juillet 2022 au Théâtre de la Gaité Montparnasse, Anthony Kavanagh, l’humoriste canadien multi-talentueux à l’énergie débordante et aux bruitages sans pareil, nous présente Happy, son nouveau one-man-show sur le bonheur. Un spectacle désopilant et survitaminé, dans lequel l’artiste, véritable showman, nous prouve une fois de plus qu’il n’a pas fini de faire parler de lui. Rencontre exclusive.

Bonjour Anthony, après 5 ans d’absence, vous revenez sur scène avec un tout nouveau spectacle intitulé Happy. Alors ça fait quoi de retrouver votre public ? 

Ça me fait un bien fou. Quand je suis sur scène, je suis chez moi. C’est le seul endroit où je suis à 100% dans le moment présent. Sur scène, je ne peux pas être dans l’avenir, ni dans le passé. Je suis obligé d’être là, d’entendre tout ce qui se passe autour de moi et de regarder tout ce que je peux voir dans la salle. Je dois tout ressentir. Quand j’improvise, quand je parle avec le public, je dois être capable de voir un maximum de gens devant moi et d’identifier « les bons clients ». Est-ce qu’ils me suivent ? Est-ce qu’ils me comprennent ? Est-ce que je dois en faire plus ou moins ? Je capte l’énergie du public. Je suis à fleur de peau, hypersensible, presque extralucide, il n’y a plus de défenses. C’est pour ça que parfois, à la fin du show, quand je reçois beaucoup d’amour du public, il m’arrive d’avoir les larmes aux yeux. 

Vous êtes humoriste, acteur, chanteur, doubleur, animateur, vous dansez, vous êtes le champion des mimiques et des bruitages, votre énergie semble inépuisable, comment faites-vous ? 

J’aime mon métier d’artiste au sens large, c’est ma passion. En plus d’être humoriste, je fais de la musique, je suis acteur, je joue dans des séries ou dans des téléfilms. En faisant autre chose que du stand up, j’ai appris à raviver la flamme. Ça me permet de garder la passion pour le métier d’artiste. 

Quand j’étais plus jeune, je me disais que j’aurais toujours l’amour de mon métier, mais pas toujours l’amour d’une femme. J’étais très ambitieux et focalisé sur mon travail. J’ai appris à apprendre des trucs nouveaux et à les transmettre, et ça, ça me fait garder la foi. En humour, je ne peux pas me reposer sur mes acquis, il faut  toujours apporter du renouveau. Le stand-up est un art qui mérite d’être respecté. Un art où les artistes ont le plaisir et le privilège de développer leurs talents d’humoriste, d’auteur, d’acteur, de performeur, d’improvisateur…

Vous improvisez beaucoup dans votre spectacle ? 

Je n’ai pas beaucoup de place pour l’improvisation à la Gaité-Montparnasse. J’ai 10 minutes par soir environ, car il y a un autre show après le mien. Sinon, il n’y a pas de limite de temps. Et dans l’interaction avec le public, je suis sans filet. Parfois je suis surpris par les gens qui me font exploser de rire. Pour mon équipe, c’est super ces moments, car ils connaissent par cœur le show et ça apporte du renouveau, des effets de surprise inattendus. Je suis un fanatique du rythme. Dans mon spectacle, il faut qu’il y ait du rythme, que ça bouge avec énormément d’effets de ruptures. Je me donne à fond. C’était un défi pour moi : parler du bonheur sans être ringard.

Le bonheur devrait être ringard ? 

Si j’avais appelé le show « bonheur », les gens auraient pensé que c’était ringard alors que « Happy » tout de suite on se dit ah « cause I’m Happy » (Anthony Kavanagh se met à chanter la chanson de Pharrell Williams.)

Pourriez-vous nous pitcher votre one-man sur le bonheur ? 

Dans ce spectacle, en fait, j’ai étudié ce que les gens faisaient pour être heureux, j’ai cherché leurs points communs et je le partage avec vous en l’illustrant de façon cartoonesque. En gros c’est ça. Mais c’est surtout drôle (rires).

Quelle est votre définition du bonheur ? 

Être et oser être. 

Qu’est-ce que la PNL, Programmation NeuroLinguistique, vous a apporté ?

La PNL c’est l’art de la communication avec soi-même et les autres, l’étude de l’expérience objective. Avec la PNL, on apprend à se reprogrammer ou reprogrammer les autres en utilisant le langage, nos cinq sens et notre système nerveux. On étudie aussi les comportements et les stratégies à succès. On prend quelqu’un qui a réussi dans un domaine x ou y et on décortique sa recette. Ce qu’il ou elle a fait pour en arriver là. On le modélise. C’est fascinant. On devrait tous apprendre ça au lycée. Je suis à présent maitre praticien et coach en PNL.

Vous avez co-écrit Happy avec Sacha Judaszko, pourriez-vous nous parler de cette collaboration ?

Sacha est un mec formidable, on a écrit le spectacle par zoom avant et pendant le confinement. Ce que j’aime avec lui, c’est qu’il a toujours la patate, le sourire, l’énergie, des idées… Travailler avec Sacha, c’est que du bonheur. Il n’est pas complaisant, ses remarques sont constructives, on avance bien ensemble. Nous sommes devenus amis. On se dit la vérité tous les deux. 

Happy, c’est mon concept, ce sont mes sujets mais en écriture on est à 50/50. Sacha était là en rodage, on écrivait l’après-midi, puis on testait le soir et on filmait. Je regardais la vidéo et Sacha prenait des notes pendant le spectacle. On a deux perceptions différentes : moi celle de la scène et Sacha, celle du fond de la salle. Quand ça rigole dans le fond de la salle, ça ne rigole pas forcément devant. Alors on rebosse. 

Au tout début, Sacha était chauffeur de salle, c’était le meilleur. C’est là que je l’ai rencontré. Il a fait de la radio, de la télé, de la scène. Il a écrit pour Kev Adams, Gad Elmaleh, il a co-écrit des pièces de théâtre… Il est très fort. 

Un petit mot sur la mise en scène ?

Pour les lumières, les placements, le son, je voulais quelque chose de simple. Les 2/3 de la mise en scène sont élaborés pendant le rodage. Et tout ce qui m’importe en rodage, c’est le texte. Le show doit être bon sans artifice, en micro/voix. Il faut que cela soit simple pour que le public se concentre sur moi et pas sur l’éclairage. C’est ce que je raconte qui est important pour le show. Le reste, c’est du glaçage qu’on rajoute après. Je voulais que ce soit sobre, efficace et esthétique. Je veux pouvoir aller partout sans équipement extravagant car l’économie du monde du spectacle a changé.

Pourriez-vous nous raconter une anecdote que vous n’avez racontée à personne ?

À la base, j’ai créé ce spectacle pour aider les gens à mieux gérer leurs émotions et puis ca a bifurqué. Je voulais que ça soit un show très interactif sur les neurosciences et la PNL, mais ça devenait trop une conférence. J’ai donc écrit une conférence drôle, même deux (une pour les étudiants et une pour les adultes et entreprises) en plus du spectacle. C’est en cours. Je suis en train de tout finaliser, mais le contenu éducatif est prêt. 

Vous serez sur la scène du Théâtre de la Gaité Montparnasse jusqu’au 2 juillet, et après ? Quels sont vos projets ?

Je repars quelques jours au Canada après la Gaité pour préparer l’animation d’un gala pour un gros festival au Quebec qui s’appelle ComediHa! Puis repos, vacances avec mes enfants. Promo en septembre et puis la tournée avec de très belles dates parisiennes à venir.

Y a-t-il une question que je ne vous ai pas posée et que vous auriez aimé que je vous pose ?

Oui, au sujet de mon nouvel EP qui est disponible sur toutes les plateformes. J’en suis très fier.

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