Mode à Paris: le corps d’homme dévoilé ou paré de broderie

La sensualité est-elle la nouvelle virilité? De Givenchy à la Britannique Bianca Saunders, l’une des rares femmes à faire de la mode masculine, les créateurs dévoilent le corps masculin ou l’enveloppent de tissus fluides et de broderies.

Avec sa cagoule et ses bottes de pluies futuristes, l’homme Givenchy affronte les éléments en toute décontraction: il marche dans l’eau sur un podium blanc graphique dans la cour de l’Ecole militaire, des bâtiments du 18e siècle à deux pas de la tour Eiffel.

Mais la rigueur du lieu géré par la gendarmerie n’a pas empêché les looks non réglementaires: torse nu, des sous-vêtements contrastés au-dessus de la ceinture et des découpes sensuelles dans le dos.

Les pantalons des costumes presque classiques, noir et beige, ont une découpe au niveau du genou, comme un jean troué. 

– Raconter une histoire –

La palette est sobre- blanc, gris, noir, les couleurs fluo rose et vert sont réservées aux ensembles sportswear.

Depuis la nomination en 2020 de l’Américain, l’un des rois du streetwear comme directeur artistique de la griffe française en remplacement de la Britannique Clare Waight Keller, Givenchy a abandonné la haute couture, qui a fait sa réputation.

Les précédentes collections de Matthew Williams présentées virtuellement et en défilé ont toutes été mixtes.

Ce défilé, l’un des plus attendus de cette Semaine du prêt-à-porter homme, jusqu’à dimanche, met un coup de projecteur sur l’importance et la diversité de la mode masculine jadis considérée comme la petite soeur de la mode féminine.

« C’est bien de donner l’espace à l’homme et à la femme, à chacun et chacune sa plateforme pour raconter une histoire », a déclaré Matthew Williams cité mercredi par la bible de la mode américaine WWD. « Il y a plus de place pour plus de looks ».

– Dos nu et broderie anglaise –

Chez Bianca Saunders qui puise dans le savoir-faire tailleur pour mieux le revisiter, les silhouettes masculines sont adoucies par la coupe et le choix des matières. 

Ses mannequins portent des ensembles fluides satinés style pyjama beige, rouille ou rouge écarlate ou en maille offrant des drapés sensuels accessoirisés avec des mini sacs à main. 

La découpe asymétrique et plongeante du débardeur souligne la ligne du coup. Les bombers oversize sont plus courts derrière, les lignes sont arrondies. 

A moins de 30 ans, Bianca Saunders, lauréate du prix Andam 2021 qui avait consacré par le passé Martin Margiela et Anthony Vaccarello (Saint Laurent) fait partie des rares femmes stylistes de mode masculine qui s’emploient à la rendre moins rigide.

L’Israélien Hed Mayner dont la marque de fabrique est la silhouette nomade et protectrice coupe cette saison le tissu de l’arrière des parkas, des vestes ou des manteaux dévoilant un dos nu. Un blazer à double boutonnage est fait comme un tablier. 

« C’est quelque chose de direct et d’évident devant et décadent derrière », écrit-il dans la note d’intention du défilé. 

L’abondance des broderies anglaises s’explique par la provenance des matières. Ce sont des draps antiques chinés dans des marchés aux puces de Tel Aviv. 

« Ce n’est pas quelque chose de féminin, ni même poétique, cela renvoie à une sensation d’être enveloppé dans des draps propres tôt le matin ». 

Défilé Givenchy à Paris, le 22 juin 2022

Défilé Givenchy à Paris, le 22 juin 2022

Défilé Givenchy à Paris, le 22 juin 2022

Défilé Givenchy à Paris, le 22 juin 2022

orange

You may like