Femmes scientifiques : promouvoir l’excellence au féminin

Seul un chercheur sur trois dans le monde est une chercheuse, selon l’UNESCO. 14 % seulement des hautes responsabilités académiques en Europe sont exercées par des femmes et seuls 4 % des prix Nobel scientifiques ont été décernés à des femmes. C’est pour faire s’effriter ce plafond de verre que La Fondation L’Oréal et l’UNESCO récompensent chaque année des femmes scientifiques d’exception. Rencontre avec quatre d’entre-elles.

Ces trois dernières années ont été parmi les plus difficiles dans l’histoire scientifique récente. Durant cette période, les femmes ont été en première ligne pour affronter les conséquences du changement climatique et de la crise sanitaire. Malgré leur contribution essentielle face à ces urgences, les femmes scientifiques restent peu nombreuses et moins visibles que leurs pairs masculins.

Pour être pertinente, la recherche doit être inclusive et a besoin que tous ses talents soient mobilisés.

Alexandra Palt, directrice de la Fondation L’Oréal
« Au cours de la pandémie de COVID-19, nous avons vu à quel point les femmes scientifiques sont essentielles lorsqu’il s’agit de répondre aux menaces qui pèsent sur notre santé, la société, la planète. Mais elles sont invisibilisées et trop souvent confrontées à des obstacles considérables au cours de leur carrière et leurs recherches. Cette situation est le résultat de barrières systémiques, de préjugés inconscients, d’autocensure mais aussi de discriminations. Ce n’est pas seulement un problème pour les femmes : c’est un problème pour la recherche. Pour être pertinente, la recherche doit être inclusive et a besoin que tous ses talents soient mobilisés, » assure Alexandra Palt, directrice de la Fondation L’Oréal à l’origine, avec l’Unesco, du Prix international Pour les Femmes et la Science décerné le 23 juin 2022 à Paris.

Sources d’inspiration
Chaque année depuis 1998, le programme L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science récompense et valorise cinq femmes scientifiques brillantes. Une lauréate est sélectionnée pour chaque grande région du monde : l’Afrique et les États Arabes, l’Asie et le Pacifique, l’Europe, l’Amérique Latine et les Caraïbes, et l’Amérique du Nord. Le programme pour les femmes et la science promeut leur travail à l’échelle mondiale et leur donne les moyens d’agir afin d’incarner une source d’inspiration pour les plus jeunes chercheuses et les générations futures.

« Bon nombre des talents féminins célébrés cette année excellent dans des domaines qui seront essentiels à la décarbonisation de notre avenir, tels que les systèmes de stockage de l’énergie, les systèmes d’alimentation en hydrogène et l’optique quantique, un domaine d’étude qui ouvre la voie à des ordinateurs plus économes en énergie, explique Shamila Nair-Bedouelle, sous-directrice générale pour les sciences exactes et naturelles de l’UNESCO. Pourtant, nombre d’autres femmes scientifiques travaillant dans des domaines tout aussi stratégiques ne reçoivent pas la reconnaissance qu’elles méritent. » Mettre fin à ces inégalités, donner une voix et une visibilité aux femmes scientifiques, ainsi qu’à leurs réalisations – telle est la vocation du programme pour les femmes et la science de l’UNESCO en partenariat avec la Fondation L’Oréal.

Paroles de femmes scientifiques

A l’occasion des rencontres entre chercheuses qui se tiennent à Paris cette semaine du 20 juin 2022 dans le cadre de la remise du Prix international Pour les Femmes et la Science, Terriennes a rencontré quatre jeunes talents féminins de la science. Être une femme dans un milieu scientifique, est-ce une force, un obstacle ou les deux ? Comment ont-elles vécu leur carrière et le regard des autres ? Qu’est-ce que leur participation au « Prix international Pour les Femmes et la Science » a changé ? La neuroscientifique libanaise Laura Joy-Boulos, la docteure en biomédecine mauricienne Nowsheen Goonoo, l’épigénéticienne turque Serap Erkek et la mathématicienne ukrainienne Olena Vaneeva nous ont confié leurs ressentis, leurs difficultés, leurs inspirations et leur passion pour la science.

Laura-Joy Boulos : prendre conscience des micro-agressions

La neuroscientifique Laura-Joy Boulos travaille sur l’effet des situations d’après-guerre au Liban et au Moyen-Orient sur la santé mentale et la prise de décision. En analysant les actions de centaines de personnes, elle se donne pour objectif de co-créer, grâce à l’intelligence artificielle, des solutions d’aide à une prise de décisions personnelles et professionnelles pertinente dans un monde de plus en plus incertain. « Quand j’avais sept ans, je me souviens être allée dans le désert de Jordanie avec mes parents et de m’être sentie si pleine d’émerveillement pour la vie que j’ai crié ‘J’existe !' ». Mon plus grand rêve, c’est de comprendre la vie. Cette curiosité fondamentale m’a menée à la science et c’est ce même besoin de continuer à explorer, plus loin, plus en profondeur, qui me pousse à poursuivre mes recherches aujourd’hui, même si elles révèlent un champ des possibles potentiellement infini. »

Aujourd’hui à la tête d’un projet de recherche,​ Laura-Joy Boulos est bien placée pour savoir qu’en tant que femme, il faut se battre : « Femme, à moitié arabe, brune, lesbienne… Je cumule, et cela  ne plaît pas toujours, confie-t-elle à Terriennes. « Même si l’on s’estime privilégiée, même si l’on voudrait relativiser sa situation, il faut reconnaître qu’il y a, pour les femmes, des difficultés qui sont minimisées, voire invisibilisées, » assure-t-elle. Face à un système patriarcal et une hiérarchie souvent masculine, les situations de discrimination sont brouillées : « les femmes n’ont en général pas d’espace pour parler des problèmes qu’elles rencontrent. » 

A force d’entendre les personnes autour de moi me faire remarquer que j’étais irritée, voire en colère, j’ai peu à peu pris conscience des raisons de cette irritation.
Laura-Joy Boulos

Le plus compliqué, explique-t-elle, « c’est de se rendre compte des micro-agressions. » Elle-même n’en a longtemps pas eu conscience : « C’est à travers mes propres réactions, et les réponses de mon entourage à ces réactions, que j’ai réalisé que je n’étais pas toujours à l’aise avec ce status quo, ni satisfaite. A force d’entendre les personnes autour de moi me faire remarquer que j’étais irritée, voire en colère, j’ai peu à peu pris conscience des raisons de cette irritation. »

Aujourd’hui, elle a pris du recul, de l’assurance, tout en développant des mécanismes de défense face à ces micro-agressions : « J’en ris, maintenant, mais je milite aussi beaucoup ; dans le milieu de la recherche, mais pas seulement, car la science n’est pas le seul milieu où les femmes sont mal loties. » Pour faire avancer les choses, Laura-Joy Boulos a choisi de « parler, oser ne pas se taire, assumer mes réactions, même si elles gênent, même si elles froissent les egos des autres, souvent des hommes« .

Laura-Joy Boulos.

Laura-Joy Boulos inscrit son action militante s’engager dans un combat plus large pour donner aux femmes les moyens de s’accomplir, dans le domaine scientifique et ailleurs : « Nous le devons aux générations futures. » Cela suppose, dès l’école, d’encourager les filles à ne pas abandonner leurs rêves et de mettre en avant des modèles puissants qui les aideront à « assimiler l’image de femmes qui réussissent afin de rendre leurs objectifs plus tangibles« . A cet égard, elle déplore la rareté des femmes mentors dans les domaines scientifiques : « Souvent, les femmes ne sont pas en position de prendre d’autres femmes sous leur aile. Aujourd’hui, on a des modèles féminins, mais elles ne sont pas forcément en mesure de guider les plus jeunes. » 

Des femmes brillantes et inspirantes, mais qui n’ont pas forcément l’attitude de mentors que j’observe entre hommes.
Laura-Joy Boulos

Les modèles féminins, Laura-Joy Boulos n’en manque pas : « Ma soeur, photographe, et ma mère, bédéiste, sont de super modèles. Ma compagne aussi. » Pourtant, force lui est de constater, regrette-t-elle, que la plupart des femmes n’ont pas le réflexe d’offrir leur protection à d’autres femmes, plus jeunes : « J’ai travaillé, à l’université de Beyrouth, avec des femmes magnifiques, puis avec Brigitte Kieffer, ma directrice de thèse, et Rita Goldstein. Des femmes brillantes et inspirantes, mais qui n’ont pas forcément l’attitude de mentors que j’observe entre hommes. »

Malgré les difficultés, la jeune chercheuse reconnaît avoir puisé une grande force dans sa situation de femme dans le milieu de la recherche scientifique : « Les femmes sont des êtres magnifiques. Les constructions sociales nous poussent à la complexité, à la richesse, alors qu’elles poussent davantage les hommes à être « monocouche » et à refouler leurs émotions. Pour rien au monde, je ne serais autre chose qu’une femme chercheuse – et qu’une femme tout court, d’ailleurs. »

Grâce à la visibilité apportée par le programme Pour les Femmes et la Science, Laura-Joy Boulos souhaite susciter un intérêt plus grand pour les neurosciences au Liban et au Moyen-Orient, tout en initiant de nouveaux partenariats interdisciplinaires pour explorer les mystères du cerveau. « Malheureusement, les femmes ont besoin de davantage de validation que les hommes. Je me suis construite une carrière, j’ai fondé une start-up, et je sens qu’être validée par ce prix change incontestablement le regard des autres, » assure-t-elle. 

Nowsheen Goonoo : ambassadrice scientifique de l’île Maurice 

À Maurice, un adulte sur cinq souffre de diabète de type 2. Le pied diabétique en particulier, qui entraîne ulcères et amputations, représente un défi majeur pour la santé publique. Nowsheen Goonoo travaille à réduire le délai de guérison grâce à des nanofibres partiellement composées de polysaccharides extraites de plantes provenant de l’île Maurice. « Mon rêve est de lancer le premier produit de traitement des plaies à base de nanotechnologies pour les patients diabétiques de Maurice en employant des ressources locales et renouvelables à un prix accessible. Accélérer le processus de cicatrisation, c’est permettre aux patients de guérir plus vite et d’éviter l’amputation, et réduire la charge économique engendrée par les soins hospitaliers. »

J’ai toujours voulu être scientifique, mais je aussi voulais influencer la société, contribuer à son bien-être et à son amélioration.
Nowsheen Goonoo

Enfant, Nowsheen Goonoo manifeste une insatiable curiosité, qu’elle nourrit de visites de musées en manifestations scientifiques. En famille, elle découvre, émerveillée, la nature luxuriante de l’île Maurice : « J’étais fascinée par les feuilles du mimosa qui se repliaient au contact de mes doigts. Inspirée et encouragée par son père, infirmier en chef, et son oncle, lui aussi dans le domaine scientifique, elle développe une passion pour la science. « J’ai toujours voulu être scientifique, mais je voulais aussi influencer la société, contribuer à son bien-être et à son amélioration. »

Nowsheen Goonoo

Elle fait des études à l’université de Maurice, puis en Allemagne à la faveur d’une bourse de doctorat, avant de se réinstaller dans son île natale, où aujourd’hui, dit-elle, « les filles sont pratiquement plus nombreuses que les garçons dans les filières scientifiques. » Nowsheen Goonoo s’en félicite, car pour elle, »l’égalité femmes-hommes dans le milieu scientifique génère de l’innovation et améliore la qualité globale de la recherche.« 

Au-delà de la difficulté qu’éprouvent les femmes à jongler entre maternité et responsabilités scientifiques, Nowsheen Goonoo estime qu’il leur faut renforcer leur confiance en elles pour réussir et se faire entendre dans les cercles décisionnaires. D’autant que dans les domaines scientifiques, « les évolutions de carrière et de salaire sont beaucoup plus lentes que dans la finance, par exemple, ou l’économie. Dans ces secteurs, des femmes comme moi ont déjà atteint des positions de direction, alors que moi, je reste ‘à la traine’. Cela en dissuade beaucoup d’embrasser des carrières scientifiques, et pas seulement les filles. »

Il est essentiel que les femmes puissent être soutenues par des mentors, des modèles à suivre et des réseaux féminins solides et bienveillants, insiste Nowsheen Goonoo. Elle se souvient encore de sa directrice de recherche et de thèse : « Elle a été mon premier modèle et c’est elle qui m’a guidée sur la voie que j’ai choisie : j’admirais la femme, chercheuse et mère de famille qu’elle savait être, tout cela en même temps. Je me disais que si elle parvenait à tout faire, ce n’était pas impossible. Moi aussi je pourrai le faire… À nous désormais d’encourager les jeunes filles à s’engager dans une carrière scientifique et de continuer à pousser contre le plafond de verre jusqu’à ce qu’il vole en éclats.

Etre sélectionné pour le Prix international Pour les Femmes et la Science lui a donné, assure-t-elle, une visibilité internationale qui rejaillit sur toutes les femmes scientifiques de talent. Gage d’excellence et de confiance, sa participation lui a aussi permis d’étoffer son réseau professionnel : « Le prix jeune talent que j’ai reçu en 2020 m’a ouvert de nombreuses portes et la voie vers d’autres récompenses. J’ai pu engager des échanges, de nouvelles collaborations, rejoindre de nouveaux réseaux et obtenir des fonds. » Nowsheen Goonoo pense aussi à son île : « Originaire d’un si petit pays, j’ai à coeur de positionner Maurice dans le milieu international de l’excellence académique. Malgré nos infrastructures et nos moyens limités, nous savons faire de la recherche à haut niveau. »

Serap Erkek : la science est dans les détails

Spécialiste d’épigénétique, Serap Erkek travaille sur les traitements du cancer dont elle espère qu’ils pourront bientôt s’appliquer aux cancers féminins, comme le cancer du sein. Depuis toujours, la jeune femme aime les casse-têtes, les messages codés, les mots-croisés : « Je n’arrêtais pas d’embêter mes parents en les bombardant de questions, » se souvient-elle. Étudiante en biologie, elle comprend que l’ADN, le code de la vie, est sans doute la plus complexe de toutes les énigmes. Soutenue par sa famille et ses professeurs, elle ne se sent pas freinée dans sa carrière scientifique. « Je m’estime chanceuse car je sais combien s’autres femmes doivent lutter pour imposer leurs choix« , reconnaît-elle. 

Les femmes s’attachent davantage aux détails. Dans le domaine de la recherche, c’est une force qui peut les aider.
Serap Erkek

Pour avoir travaillé dans des environnements bienveillants, Serap Erkek est convaincue que l’atmosphère dans laquelle les femmes scientifiques mènent leurs recherches a autant d’impact sur leur capacité à réussir que leur passion et leur détermination. Les femmes devraient exploiter leurs aptitudes pour la réflexion précise et la pensée multidimensionnelle qu’exige la science. Au quotidien comme dans leurs recherches, « les femmes s’attachent davantage aux détails. Dans le domaine de la recherche, c’est une force qui peut les aider. »

Serap Erkek

Serap Erkek fait son doctorat en Suisse : « La directrice de l’institut était une femme très forte, à la fois dans sa vie privée et professionnelle. Je l’admirais et elle reste un modèle pour moi. » Son grand-père lui est aussi une source d’inspiration : « Il est artiste et, aujourd’hui encore, a plus de 80 ans, il se rend chaque jour à son atelier pour peindre avec la même passion, qui est une inépuisable source d’inspiration pour moi. »

« Au cours de l’histoire, beaucoup de femmes scientifiques ont été victimes de discrimination, mais elles ont tout de même fait des découvertes importantes à force de patience et de sagesse ». Aujourd’hui, elle voudrait voir le mentorat, qui a joué un rôle déterminant dans sa carrière scientifique, se généraliser. « J’aimerais voir davantage de femmes réussir dans la science et progresser dans leurs carrières parce que leurs mérites sont appréciés de la même manière que ceux des hommes. » 

Olena Vaneeva : une fissure dans le plafond de verre

Olena Vaneeva crée des modèles mathématiques pour améliorer les processus réels dans des domaines aussi variés que l’espace et les nanotechnologies, la physique nucléaire, la biologie de la faune sauvage, la génétique et le financement d’investissements. Elle rêve de découvertes scientifiques qui approfondiront notre compréhension de l’univers, comme la nature de la matière noire.

C’est la joie de la découverte scientifique qui a déclenché sa vocation et demeure le moteur de sa carrière : « Je me souviens d’un professeur, à mes débuts, qui m’avait soumis un problème sans aucune consigne pour le résoudre. Depuis que j’ai trouvé cette solution et goûté pour la première fois à la pure investigation scientifique, je ne veux plus me passer de la recherche. »

Olena Vaneeva

Au fil de sa carrière, celle qui est maintenant vice-présidente de l’Institut de Mathématiques de l’Académie nationale des Sciences d’Ukraine s’est heurtée à des freins qui, pense-t-elle, tiennent davantage des réflexes patriarcaux traditionnels que d’une volonté de bloquer sa carrière et d’affecter son travail : « Je me souviens être passé à côté d’un prix nouvellement créé en Ukraine, car cela aurait ‘porté malheur’ que la première lauréate soit une femme. Une autre fois, alors que j’avais été sélectionnée pour prendre la parole à une conférence, j’ai été écartée au profit d’un homme à la dernière minute, sous prétexte de me préserver, car j’étais enceinte. On m’a confié la conférence deux ans plus tard. »​

Parmi les femmes de science qui l’ont inspirée, elle fait référence à une autre mathématicienne, Emmy Noether, une des premières femmes à avoir intégré une université allemande et pionnière de l’algèbre abstraite et des sciences physiques fondamentales. « La sous-représentation des femmes en science vient du fait que l’enseignement supérieur leur est resté longtemps fermé et explique aussi que les stéréotypes de genre se perpétuent encore aujourd’hui. » Il est temps d’éradiquer les stéréotypes et d’encourager les filles à s’intéresser aux sciences, dit-elle : « En tant que chercheuse en analyse symétrique, je crois au pouvoir de l’équilibre et de la symétrie, dans la vie comme dans la science. »

A partir du moment où votre nom apparaît dans les médias à plusieurs reprises, votre environnement vous valorise davantage.
Olena Vaneeva

A l’Institut de Mathématiques de l’Académie nationale des Sciences d’Ukraine,  la proportion de femmes chercheuses a fortement augmenté au cours des deux dernières décennies. Il reste pourtant beaucoup à faire, explique Olena Vaneeva, qui  reste la seule femme dans l’équipe de direction, au milieu d’une quinzaine de chefs de départements : « Ce n’est pas génial, mais cela montre que le plafond de verre commence à se fissurer. » Elle se dit optimiste pour la parité dans les sciences : « Mon institut compte actuellement trente femmes, contre une dizaine il y a vingt ans. Je vois aussi que les doctorantes sont maintenant presque majoritaires. L’an dernier, six femmes ont obtenu l’habilitation universitaire ; cette année, elle sont dix. Tous les signaux augurent bien de la parité, à l’avenir. »

Quand elle a su qu’elle était sélectionnée pour le prix Jeunes Talents internationaux L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science, Olena Vaneeva était « très heureuse que des scientifiques d’autres domaines aient apprécié mon travail en mathématiques au niveau international, » dit-elle en riant. Le prix, assure-t-elle, donne aux chercheuses une visibilité qui les encourage à persévérer et exceller dans leurs domaines. « A partir du moment où votre nom apparaît dans les médias à plusieurs reprises, votre environnement vous valorise davantage. L’effet positif, remarque-t-elle, se répercute sur l’entourage professionnel : les collègues font plus attention à vous, et plus attention à leur propre travail aussi. »

Le principal défi auquel j’ai eu à faire face est de combiner carrière scientifique et vie de famille.
Olena Vaneeva

Depuis le début de la guerre en Ukraine, beaucoup de femmes scientifiques ont quitté le pays avec leurs enfants, à la faveur de bourses d’urgence proposés par différents pays. En avril 2022, Olena Vaneeva est partie pour Israël avec ses deux fils de 6 et 13 ans ; son mari, mobilisé, n’a pas pu quitter l’Ukraine. Un déracinement et un isolement dont, dit-elle, son travail a énormément pâti : « J’ai débarqué dans un pays qui ne propose pas d’infrastructures pour mes enfants. J’ai dû mettre mes recherches en suspens pour m’occuper d’eux. » Des paroles qui font étrangement écho à ce qu’Olina Vaneeva nous disait au début de notre entretien : « Le principal défi auquel j’ai eu à faire face est de combiner carrière scientifique et vie de famille. Il y a des moments où l’activité et la concentration ralentissent, où l’on doit switcher pour se concentrer sur les besoins des enfants. « 

tv5

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