Le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement a validé la création de la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique, une institution novatrice, qui va considérablement améliorer l’accès de l’Afrique aux technologies qui sous-tendent la fabrication de médicaments, de vaccins et d’autres produits pharmaceutiques.
Technologie pharmaceutique : La Bad valide la création de la Fondation africaine
Selon un communiqué de presse, si la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique est créée sous les auspices de la Banque africaine de développement, elle fonctionnera en toute indépendance, collectant des fonds auprès de diverses parties prenantes – gouvernements, institutions de financement du développement et organisations philanthropiques.
Priorité sera donnée aux technologies, aux produits et aux processus dévolus aux maladies et pandémies prévalentes en Afrique, actuelles et à venir. Elle a aussi pour objectifs de renforcer les compétences humaines et professionnelles dans le secteur, l’écosystème de recherche et de développement, et d’améliorer les capacités de production des usines et la qualité réglementaire des produits pour répondre aux normes de l’Organisation mondiale de la santé.
La Fondation entérine l’engagement de la Banque africaine de développement à consacrer 3 milliards de dollars au moins au cours des 10 prochaines années à la fabrication de produits pharmaceutiques et de vaccins sur le continent, dans le cadre de son plan d’action pharmaceutique « Vision 2030 ». Les domaines d’action de la Fondation pourront profiter également aux autres investissements aujourd’hui déployés dans la production pharmaceutique en Afrique.
La Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique sera basée au Rwanda. Entité à bénéfices communs, la Fondation jouira de ses propres structures de gouvernance et de fonctionnement. Elle encouragera et conclura des alliances entre sociétés pharmaceutiques étrangères et africaines.
« Il s’agit d’une grande avancée pour l’Afrique, a déclaré le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina. L’Afrique doit se doter d’un système de défense sanitaire, basé sur trois grands domaines : la relance de l’industrie pharmaceutique africaine, le renforcement des capacités africaines de fabrication de vaccins et la mise en place d’infrastructures de soins de santé de qualité en Afrique. », a-t-il dit dans un communiqué de presse.
Lors du Sommet de l’Union africaine qui s’est tenu à Addis-Abeba en février 2022, les dirigeants africains avaient appelé la Banque africaine de développement à aider à créer cette Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique. Plaidant en leur sens, Akinwumi Adesina avait alors souligné : « L’Afrique ne peut plus sous-traiter la sécurité sanitaire de ses 1,3 milliard de citoyens et la confier à la bienveillance d’autrui. ». Avec cette initiative audacieuse, ajoute la même source, la Banque africaine de développement tient ses engagements.
Cette décision ouvre de nouvelles perspectives sanitaires à l’Afrique qui, depuis des décennies, subit le fardeau de plusieurs maladies et pandémies comme le Covid-19, mais dont la capacité à produire elle-même ses médicaments et vaccins s’avère très limitée. L’Afrique importe plus de 70 % de l’ensemble des médicaments dont elle a besoin, s’acquittant ainsi d’une facture annuelle de 14 milliards de dollars.
Les efforts déployés au niveau mondial pour développer rapidement la fabrication de produits pharmaceutiques essentiels, comme les vaccins dans les pays en développement – en Afrique en particulier –, pour en élargir l’accès, se sont révélés entravés par la protection des droits de propriété intellectuelle et des brevets sur les technologies, le savoir-faire, les procédés de fabrication et les secrets commerciaux.
Les entreprises pharmaceutiques africaines n’ont pas la capacité de dépistage ni de négociation, non plus que la marge de manœuvre nécessaires pour ferrailler avec les entreprises pharmaceutiques mondiales. Force est de constater qu’elles ont été marginalisées et laissées pour compte dans les innovations pharmaceutiques mondiales sophistiquées. Récemment, 35 entreprises ont signé une licence avec l’américain Merck pour produire le Nirmatrelvir, un médicament contre le Covid-19. Aucune n’était africaine.
L’Organisation mondiale du commerce (Omc) et l’Organisation mondiale de la santé (Oms) ont toutes deux salué et loué la décision de la Banque africaine de développement.
« La Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique est une réflexion et une action novatrices de la Banque africaine de développement, a reconnu la directrice générale de l’Omc, Mme Ngozi Okonjo-Iweala. Elle fournit une partie de l’infrastructure nécessaire pour qu’une industrie pharmaceutique émerge en Afrique ».
lejecos