Tous efforts de développement déployés par l’Afrique ont été anéantis uns après autres par des événements hors de son contrôle, le changement climatique étant plus destructeur d’entre tous.
Le G7 débute bientôt, avec pour mission de trouver une réponse commune aux multiples crises qui ballotent le monde entier : la guerre, les pénuries alimentaires, les chocs énergétiques et l’inflation font des ravages et frappent indifféremment pays riches et pays pauvres. En matière de situations d’urgence, l’Afrique n’en est pas à son coup d’essai. Forte d’une longue expérience acquise dans la douleur, elle a beaucoup appris en termes de résolution des crises. Que peut-elle nous apprendre ?
Le G7 peut s’inspirer de l’Afrique pour gérer les crises en série
Le G7 débute bientôt, avec pour mission de trouver une réponse commune aux multiples crises qui ballotent le monde entier : la guerre, les pénuries alimentaires, les chocs énergétiques et l’inflation font des ravages et frappent indifféremment pays riches et pays pauvres. En matière de situations d’urgence, l’Afrique n’en est pas à son coup d’essai. Forte d’une longue expérience acquise dans la douleur, elle a beaucoup appris en termes de résolution des crises. Que peut-elle nous apprendre ?
Avant toute chose, la nouvelle approche de l’Afrique consiste à aller au-delà de la crise immédiate pour résoudre les causes profondes de catastrophes récurrentes.
Il s’agit d’une stratégie née de la nécessité. Tous les efforts de développement déployés par l’Afrique ont été anéantis les uns après les autres par des événements hors de son contrôle, le changement climatique étant le plus destructeur d’entre tous. Le Kenya estime perdre chaque année entre 3 et 4 %de son PIB en raison des multiples impacts du réchauffement de la planète (https://bit.ly/3u0RWE0). D’autres pays sont tout autant impactés. L’intégralité de la Corne de l’Afrique connaît sa pire sécheresse depuis des décennies. L’an dernier, le Sud-Soudan a quant à lui été frappé par des inondations qui ont déplacé 850 000 personnes.
L’argent dépensé pour sortir de ces catastrophes climatiques causées par l’homme, et pour lesquelles l’Afrique n’est nullement en cause, est de l’argent qui n’est pas consacré à l’éducation, aux soins de santé, à l’assainissement ou à l’extension des réseaux électriques et de télécommunications. L’impact désormais dominant du changement climatique sur nos vies est pratiquement impossible à appréhender pour les habitants des pays riches. Il monopolise une part croissante des maigres ressources budgétaires du continent, tout en érodant perpétuellement les progrès que nous avons réalisés durant ces deux dernières décennies.
Renforcer la résilience
Le continent a pendant longtemps été dépendant de l’aide et des subventions pour lutter contre les impacts climatiques. Mais il s’agit bien souvent de mesures d’urgence, alors que l’Afrique a besoin de construire une résilience pérenne face aux perturbations d’aujourd’hui et de demain.
C’est pour cela que nous essayons une nouvelle approche. L’an passé, les 55 États membres de l’Union africaine ont soutenu un plan visant l’accélération de l’adaptation au changement climatique à l’échelle continentale. Le mot d’ordre de ce nouveau développement ? La survie. Le Global Center on Adaptation (GCA) et la Banque africaine de développement (BAD) mobilisent 25 milliards de dollars dans le cadre du Programme quinquennal d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP). Les gouvernements africains y contribuent sous la forme de fonds et d’autres ressources. Le sommet du G7 en Allemagne de cette semaine sera l’occasion de parler d’engagements à long terme qui doivent être mis en place, en urgence, pour aider l’Afrique et d’autres régions à s’adapter aux effets du changement climatique.
Nous ne suggérons pas une seule seconde que le G7 fasse l’impasse sur les situations d’urgence qui frappent à sa porte. Au lieu de nous essouffler à combattre une crise après l’autre avec des solutions temporaires pour seule réponse, une planification à long terme posant les bases d’un monde plus résilient sera bénéfique pour tous.
Telle est la leçon que nous avons tirée de nos crises à répétition, et nous espérons que le G7 s’en inspirera durant ces discussions pour sortir des chocs cataclysmiques qui ébranlent nos économies et nos citoyens.
Équilibrer les besoins
Le G7 doit réagir face à la crise alimentaire mondiale, aux pénuries de carburant qui accablent les pays africains non producteurs de pétrole et qui pourraient bientôt conduire à des rationnements en Europe (https://bit.ly/3OIxtf3), ainsi qu’à d’autres problèmes urgents.
Mais en Afrique, et dans d’autres régions, il est nécessaire de trouver un équilibre entre besoins immédiats et aides à long terme pour le développement et la prospérité, avec l’adaptation climatique au cœur du débat. C’est précisément là que l’Afrique concentre ses talents, ses efforts et ses liquidités. Le continent mérite le soutien total du G7.
Il suffirait d’un engagement du G7 équivalent à la moitié du financement de l’AAAP pour que ce dernier puisse accélérer les projets qui renforcent la capacité de l’Afrique à absorber les impacts du changement climatique, dans l’espoir de frayer la voie à un développement d’un genre nouveau.
La nouvelle approche est très différente de l’ancienne. Les financements d’urgence pour les catastrophes climatiques constituent un coût irrécupérable, une réponse aux situations de vie ou de mort. Financer l’adaptation climatique est un investissement. Elle nécessite une planification sur la durée et peut générer de solides rendements. Le Global Center on Adaptation estime le coût annuel de l’adaptation agricole de l’Afrique subsaharienne à 15 milliards de dollars, et le coût de l’inaction à plus de 201 milliards (https://bit.ly/3NoxSlX) de dollars. Les pertes évitées grâce à l’adaptation climatique de nos économies dépassent de loin les dépenses pour la déployer.
L’AAAP illustre la façon dont l’Afrique réfléchit collectivement à son avenir. L’an dernier, par l’entremise de sa facilité de financement en amont, l’initiative a contribué à optimiser les mesures d’adaptation climatique à hauteur de trois milliards de dollars, notamment avec des projets renforçant la résilience des infrastructures entre les exploitations agricoles et les marchés ; des travaux de génie civil protégeant des ports maritimes de Gambie et du Bénin contre les marées de tempêtes et l’élévation du niveau des océans ; ou encore un plan pour corriger les vulnérabilités climatiques sur les réseaux routiers et électriques du Ghana. À cela viennent s’ajouter les 66 milliards de dollars déjà engagés par les gouvernements africains (https://bit.ly/39Rl2yZ) dans le cadre de l’Accord de Paris.
Ces initiatives ne sont évidemment qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins d’investissements globaux de l’Afrique, mais elles n’en restent pas moins un pas dans la bonne direction. L’argent investi dans le renforcement de la capacité de l’Afrique à s’adapter au changement climatique ne sera pas de l’argent jeté par les fenêtres. Investir dans l’adaptation n’éradiquera pas la faim d’un coup de baguette magique, mais cela améliorera radicalement la capacité de l’Afrique à se nourrir, et contribuera de facto à la sécurité alimentaire du monde entier.
Malgré la pléthore d’événements qui l’impactent directement, le G7 ne doit pas oublier l’Afrique lors de son rassemblement en Allemagne. Nous vivons dans un monde interconnecté. ;ce n’est qu’en partageant les enseignements, les solutions et les ressources que nous pourrons tous prospérer.
lejecos