Au moins 13 personnes sont mortes en Jordanie après avoir été intoxiquées, lundi, par une fuite de chlore. Deux cent soixante autre personnes ont été blessées dans cet incident provoqué par la chute d’un conteneur de gaz liquéfié dans le port d’Aqaba.
Des travailleurs en train de fuir, poursuivi par un épais nuage de fumée jaune. Ce sont les images chocs de la chute d’un conteneur dans le port d’Aqaba en Jordanie, lundi 27 juin. Treize personnes ont été tuées et 260 autres blessées par cette fuite accidentelle de chlore, un gaz hautement toxique.
Aqaba, l’un des principaux ports de la mer Rouge, est le seul port maritime du royaume hachémite, par lequel transitent la plupart des importations et exportations jordaniennes. Aqaba est également une importante station balnéaire.
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Au moins 10 morts et plus de 200 blessés ce lundi suite à la chute d'un conteneur rempli de gaz toxique dans le port d' #Aqaba. Les conséquences écologiques sont encore inconnues. pic.twitter.com/Odjx9cXIRC— Cerveaux non disponibles (@CerveauxNon) June 27, 2022
« La situation à Aqaba est désormais sous contrôle », a déclaré aux journalistes le Premier ministre, Bicher al-Khasawneh, ajoutant que « le port fonctionn[ait] normalement ».
Selon un dernier bilan officiel, 13 personnes, 8 Jordaniens et 5 étrangers, sont morts par asphyxie et 260 ont été blessées, parmi lesquelles 123 sont toujours hospitalisées.
Parmi les blessés, Assadallah al-Jazi, 25 ans, employé d’une entreprise de fertilisants chimiques, raconte sous son masque respiratoire les premiers instants de l’accident.
« Nous n’avons pas entendu d’explosion, mais on a senti l’odeur d’une matière toxique et avons vu un nuage jaune. Puis il y a eu des gens qui s’étouffaient », dit-il à l’AFP.
Filin rompu
Lundi après-midi, une fuite de chlore s’est produite au port, après la chute d’un conteneur avec du gaz liquide, selon la cellule de crise gouvernementale.
Des images télévisées montrent une grue qui transporte le conteneur, avant de le lâcher au-dessus du bateau. Après le choc, un épais nuage jaune s’en échappe instantanément, tandis que des gens tentent de s’enfuir.
D’après l’ancien directeur de l’entreprise s’occupant de la gestion du port, quelque vingt conteneurs de gaz liquéfié « contenant un pourcentage élevé de chlore » devaient être chargés sur le bateau.
L’adjoint au chef de l’Autorité portuaire de la région d’Aqaba, Haj Hassan, a déclaré qu’un « filin déplaçant un conteneur d’une substance toxique s’était rompu, ce qui a entraîné [sa] chute et la fuite de la substance toxique ».
D’après le responsable du Tourisme et l’environnement auprès de l’Autorité de la Zone spéciale économique d’Aqaba, Nidal al-Majali, « la [faible] vitesse et la direction du vent sur les lieux de l’accident ont contribué à éviter la propagation de la matière [toxique] ».
Selon le Premier ministre présent au port d’Aqaba, Bicher al-Khasawneh, « la vie a repris son cours, il n’y a plus de concentration de gaz dans l’air et le nombre d’hospitalisations diminue ».
Il a précisé que les cordons de sécurité établis la veille avaient été levés, sauf sur un rayon de 500 mètres autour du lieu de l’accident et a dit avoir chargé le ministre de l’Intérieur, le général Mazen al-Faraya, de diriger l’enquête sur l’accident.
Les activités du port reprennent mardi, à l’exception du quai 4, où a eu lieu l’accident, pour « pouvoir s’assurer que l’endroit est totalement sûr », selon le général Faraya.
La ville d’Aqaba, située dans le golfe éponyme, se situe à la frontière israélienne, à moins de quinze kilomètres au nord de l’Arabie saoudite, tandis que la péninsule du Sinaï égyptienne est de l’autre côté du golfe, à une dizaine de kilomètres.
« Odeur toxique et nuage jaune »
Selon l’OMS, le chlore est « corrosif pour les yeux, la peau et le système respiratoire ». Son inhalation peut « provoquer une pneumonie, un œdème pulmonaire » et entraîner la mort. Cette substance est également « très toxique pour les organismes aquatiques ».
Les blessés admis dans les hôpitaux d’Aqaba souffrent essentiellement de problèmes respiratoires.
« Tous les cas se ressemblent, souffrant d’essoufflement, de forte toux et de vertige », explique à l’AFP docteur Rouba Aamawi de l’hôpital Islamique à Aqaba qui a accueilli 70 blessés, dont certains ont été placés sous respirateur.
D’autre part, le directeur des silos, Imad Tarawneh, a indiqué que le travail était arrêté pour deux jours, le temps « d’examiner les stocks de grain dans les silos d’Aqaba ».
« Les silos sont en béton et hermétiquement fermés, mais malgré cela, toutes les précautions nécessaires ont été prises, et toutes les opérations de chargement et déchargement ont été stoppées », a-t-il ajouté, assurant qu’il n’y avait « actuellement pas de bateau transportant du grain ».
Selon le directeur de la Société d’Aqaba pour l’exploitation et la gestion des ports, Khaled Maayta, les silos de blé se trouvent à 600 mètres du lieu de l’accident.
AFP