AGRICULTURE Le premier parc technologique de l’Afrique de l’Ouest ouvert à Bambey

Le secteur de l’agriculture s’est enrichi d’un nouvel outil. Il s’agit du premier parc technologique de l’Afrique de l’Ouest. Il a été ouvert au Centre national de recherches agronomiques (CNRA) de Bambey, en présence des représentants du Coraf. Une occasion saisie par des acteurs pour demander l’accroissement des moyens dédiés à la recherche, mais aussi la diminution des prix de cession des variétés expérimentées au CNRA, afin qu’elles soient accessibles à tous les producteurs.

‘’Un parc technologique est un espace où les technologies et innovations agricoles sont exposées pour améliorer les connaissances des acteurs d’une chaine de valeur, dans le but primordial d’améliorer les systèmes de production’’, explique le gestionnaire de programme au Coraf et actuel directeur de la Recherche et de l’Innovation par intérim, Dr Niéyidouba Lamien. Le parc technologique Ireach est le résultat de plus de deux années de travail d’un consortium d’acteurs de recherche et développement nationaux, régionaux et internationaux en Afrique de l’Ouest. Le parc a un objectif primordial d’améliorer la connaissance des acteurs sur les technologies existantes et d’éviter la faible adoption habituelle des technologies et innovations.

En outre, les chercheurs disposent de nombreux moyens de mettre les technologies à l’échelle, notamment les plateformes d’innovation, les foires agricoles, les plateformes numériques, etc. En s’appuyant sur d’autres modèles éprouvés, expérimentés dans d’autres parties du monde telles que l’Asie, les principaux acteurs de la recherche en Afrique de l’Ouest ont identifié que les parcs technologiques pourraient être une solution potentielle.

Avec ce parc technologique ouvert à Bambey, les chercheurs pensent qu’ils peuvent augmenter l’adoption d’innovations agricoles et contribuer à la transformation de l’économie agricole. D’ailleurs, sur les cinq années que va durer le projet, il est prévu la mise en place de 10 à 12 parcs technologiques sur l’ensemble du Sénégal. Suffisant pour que Malick Sow, un agropasteur domicilié à Louga, plaide pour l’accroissement des moyens financiers alloués au secteur de la recherche.

Plaidoyer pour l’augmentation des moyens alloués à la recherche

Participant à la rencontre organisée par le Coraf et ses partenaires au CNRA de Bambey, Malick Sow a indiqué qu’’’il est temps que nos États prennent en charge les questions de la recherche. Là où les partenaires au développement mettent un franc, il faut que les États arrivent à mettre quelque chose. La recherche est vitale pour nous. Ce que nous avons vu répond à nos préoccupations. Il faudrait que le Ceraas, le Coraf ou l’Isra signent des conventions avec le CNCR ou le Roppa à l’échelle sous-régionale pour voir comment ces organisations peuvent vulgariser ce que nous avons vu en direction des producteurs’’. Il n’a pas manqué de demander aux instituts de recherches agricoles ‘’d’inverser la tendance et de prendre les producteurs comme des partenaires et non des bénéficiaires’’.

Subjugué par les résultats notés dans les champs d’expérimentation de Bambey, Malick Sow pense qu’il ‘’serait souhaitable que dans chaque région, qu’on puisse avoir des champs d’expérimentation. Ce serait une bonne chose pour la décentralisation’’. S’expliquant sur les innovations qui ont été apportées pour arriver à ces résultats, l’agronome, chercheur au Ceraas, Docteur Aliou Faye, confie que ‘’la recherche a investi beaucoup d’efforts et d’énergie d’innovations jusqu’à parvenir à obtenir des variétés de mil de 60 jours et des variétés de niébé de 54 jours. Avec les changements climatiques et la réduction de la pluviométrie qui devient de plus en plus erratique et les surfaces cultivables qui diminuent alors que la population augmente, il fallait penser quelles stratégies mettre en place pour nourrir cette population qui augmente. Les rendements du mil seront de trois tonnes à l’hectare’’.

Au cours de cette rencontre qui a réuni des chercheurs en provenance du Niger, du Bénin, du Ghana, du Burkina Faso et du Mali, le maire de la commune de Ngogom, une collectivité locale du département de Bambey où il est implanté le CNRA, a été l’avocat des producteurs.

Rendre accessibles les semences sélectionnées à tous les producteurs

Devant le directeur général de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), l’ex-maire Baboucar Ndiaye n’a pas caché sa satisfaction au vu du travail abattu par les chercheurs. Un travail qui a permis de mettre en place des variétés de mil et de sorgho de 60 et de 54 jours. ‘’J’ai pu trouver des cultures de résilience avec des variétés comme le niébé. Si on pouvait vulgariser cette technologie, ce serait une bonne chose, parce qu’on peut pallier la pression démographique. Une technologie au service de l’agriculture avec des machines qui servent à cultiver et à semer, c’est une découverte qui va alléger les producteurs. Ce serait intéressant que les producteurs accèdent à cette technologie. Nous aurions souhaité que les fruits de la recherche profitent aux producteurs. Je plaide aussi pour l’accès des semences sélectionnées aux producteurs locaux. Les chercheurs et les opérateurs doivent penser à appuyer l’Isra pour que les petits producteurs puissent accéder à des prix défiants toute concurrence des semences. Mais vouloir leur demander d’acheter le kilogramme à 1 000 F CFA, ce n’est pas du donné’’, a expliqué Baboucar Ndiaye.

Le directeur général de l’Isra, Docteur Momar Talla Seck, a demandé aux chercheurs de changer de paradigme. Un avis partagé par docteur Aliou Faye, chercheur d’études sur l’adaptation à la recherche au Ceraas (Centre d’étude régional pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse) et point focal du Laboratoire d’innovation pour la recherche collaborative sur l’intensification durable de Feed the Future (SIIL) pour qui, ’’maintenant, la recherche est participative. Elle est commanditée par la demande. On discute avec les producteurs et après, on traduit leurs besoins en questions de recherche. On peut arriver à des variétés à deux cycles par année. Il faut écouter les producteurs. La recherche a une action anticipative et prospective. La recherche est le moteur de développement d’un pays. Maintenant, c’est le producteur qui identifie ses contraintes et interpelle la recherche et dit : voilà ce que je mets sur la table. De ce fait, il faut une implication de tous les éléments de la chaine de valeur’’.

Répondant aux doléances relatives à la diminution du coût des semences sélectionnées, le directeur général de l’Isra a laissé entendre qu’elle sera transmise à qui de droit.

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