Le groupe d’énergie allemand Uniper, en grandes difficultés après les baisses de livraisons de gaz vers l’Europe décidées par Moscou, a annoncé mercredi avoir entamé des discussions pour bénéficier d’un plan de sauvetage gouvernemental.
« Uniper a entamé des discussions avec le gouvernement allemand sur d’éventuelles mesures de stabilisation », a indiqué l’entreprise dans un communiqué publié mercredi soir.
« Les affaires se sont sensiblement détériorées en raison (…) de la forte réduction des livraisons de gaz en provenance de Russie », a justifié Klaus-Dieter Maubach, le PDG du groupe, dans une déclaration transmise à l’AFP jeudi.
Plusieurs options sont sur la table, comme des « garanties » publiques sur des prêts, des « prises de participation de l’Etat » ou encore des « crédits » directs de la banque publique KfW, indique le groupe.
Le groupe a par ailleurs retiré ses prévisions de bénéfices pour l’année en cours, refusant de « donner de nouvelles perspectives ».
Après cette annonce, le titre du groupe sur l’indice Mdax de la Bourse de Francfort s’effondrait, perdant 14,92% à 14,08 euros. Depuis le début de l’année, le titre a perdu environ 66% de sa valeur.
-40% des volumes promis-
Uniper est le plus gros importateur de gaz en Allemagne, et l’un des plus importants sur le marché européen.
Il souffre de la récente baisse de 60% des livraisons de gaz via Nord Stream vers l’Allemagne du groupe russe Gazprom, qui argue d’un problème technique.
Uniper ne reçoit actuellement de Gazprom « que 40 % des volumes de gaz promis par contrat », a confirmé mercredi l’entreprise.
Pour « garantir la sécurité de l’approvisionnement de ses clients », Uniper affirme se « procurer actuellement des volumes de (gaz de) substitution à des prix nettement plus élevés » qu’à l’ordinaire.
Or, le groupe affirme « ne pas pouvoir encore répercuter ces coûts supplémentaires », et donc souffrir de « charges financières importantes ».
D’autant que « la durée et la portée des restrictions de l’approvisionnement en gaz russe » a rendu les perspectives financières de la société « incertaines », nécessitant le soutien de l’Etat, souligne Uniper.
Berlin a lancé en avril un programme de prêts et garanties publiques de plus de 100 milliards d’euros, destiné à aider les entreprises souffrant des effets de la guerre en Ukraine.
La première entreprise à en bénéficier a été l’ex-filiale allemande de Gazprom, Gazprom Germania, qui va bénéficier d’une ligne de crédit de 9 à 10 milliards d’euros.
Cette société, menacée de faillite, mais essentielle pour l’approvisionnement de l’Allemagne, a été nationalisée par Berlin début avril, et rebaptisée « Securing Energy for Europe ».
Le pays dépendait début juin à 35% du gaz russe pour ses importations, contre 55% avant la guerre en Ukraine.
AFP