Première femme à occuper cette fonction sous la Ve République, la députée Renaissance Yaël Braun-Pivet a été élue, mardi, présidente de l’Assemblée nationale.
Elle est la première femme à accéder au perchoir. La députée des Yvelines Yaël Braun-Pivet a été élue présidente de l’Assemblée nationale mardi 28 juin. Novice en politique il y a cinq ans, elle a connu des débuts poussifs durant l’affaire Benalla puis a su se faire des alliés – une nécessité dans le chaudron de la nouvelle Assemblée.
Aux oppositions, la ministre de 51 ans disait, après la perte de la majorité absolue aux législatives : « Il va falloir qu’on travaille ensemble, il va falloir chercher des majorités d’idées » et « On est tous comptables de cette action collectivement ».
Yaël Braun-Pivet a depuis changé de poste, mais pas de mission. Elle a quitté samedi le gouvernement, après seulement un mois et cinq jours au ministère des Outre-mer, ce qui lui a valu la colère de plusieurs élus de ces territoires.
« J’ai tenu la barre face aux crises, du terrorisme à la pandémie »
En 2017, la néodéputée avait été choisie pour la commission des lois alors que la tradition était de nommer une personne expérimentée. Depuis, l’élue des Yvelines est devenue une figure incontournable du Palais Bourbon. « J’ai tenu la barre face aux crises, du terrorisme à la pandémie », sujets de sa commission, fait-elle valoir.
Et de vanter sa « nouvelle méthode de travail, faite d’écoute » et de « co-construction », y compris avec les oppositions dont elle a su se faire apprécier. Les femmes « doivent réussir en politique sans imiter ou s’adapter à un modèle masculin », juge Yaël Braun-Pivet.
Ancienne avocate pénaliste, cette native de Nancy avait mis sa « vocation » entre parenthèses pour suivre son mari, cadre chez L’Oréal, sept ans à Taïwan et au Japon, et élever leurs cinq enfants. De retour en France, elle s’investit aux Restos du cœur, créant des consultations gratuites d’avocats et un centre d’accueil dans les Yvelines. Son adhésion à En marche – après avoir « toujours voté PS [Parti socialiste] » – est un « prolongement » : « dans l’action, sans rester sur des postures ».
Ses premiers pas lui avaient valu un procès « en amateurisme » des oppositions mais aussi d’élus de la majorité. Elle a cependant ensuite su imprimer sa marque avec des visites collectives de terrain, notamment dans une trentaine d’établissements pénitentiaires.
Jusqu’à l’été 2018 où c’est la douche froide : la commission d’enquête sur l’ex-collaborateur du président Alexandre Benalla, dont elle est corapporteuse, explose après le retrait de l’opposition. Plusieurs députés accusent Yaël Braun-Pivet de « protéger » l’Élysée, l’insoumis Alexis Corbière la qualifiant de « Benalla de l’Assemblée nationale ».
Cible de menaces antisémites et d’injures sexistes sur les réseaux sociaux, Yaël Braun-Pivet dira quelques mois après que sa « position était intenable dès le départ ».
« C’est pas mon truc d’être chiante et autoritaire »
Si ses qualités humaines – « chaleureuse », « pas tordue » – sont saluées, elle se voit parfois reprocher d’être trop « sympa ». « C’est pas mon truc d’être chiante et autoritaire », réplique Yaël Braun-Pivet.
Cette descendante de « l’immigration slave, juive polonaise et juive allemande, avec des grands-parents entrés en France avec des visas touristes » dans les années 1930 préfère les débats internes aux bras de fer publics.
Opiniâtre, Yaël Braun-Pivet s’est fortement engagée en 2021 en faveur de la proposition de loi d’Olivier Falorni autorisant l’euthanasie. Elle a aussi cherché à avancer dans la rénovation de la vie démocratique.
La députée n’a par ailleurs jamais caché ses ambitions en macronie, se présentant dès 2018 pour le perchoir avant de retirer sa candidature face à Richard Ferrand qui, avait-elle pourtant dit, « n’incarne pas le renouvellement ». « Elle prend sa revanche », glisse une source gouvernementale, alors que Richard Ferrand a été battu dans les urnes.
Son rejet en 2018 de l’inscription du droit à l’avortement dans le préambule de la Constitution l’a rattrapée durant le week-end, après la remise en cause du droit à l’IVG aux États-Unis. « Il n’est nul besoin de brandir des peurs » en France, assurait-elle alors.
AFP