Plongée dans les ateliers d’artistes des mythiques Beaux-Arts de Paris

Des sculptures monumentales en éponge voisinent avec des portraits hyperréalistes d’humains 3.0, des statues antiques avec des dessins dignes d’un Léonard de Vinci: bienvenue aux ateliers des mythiques Beaux-Arts de Paris.

C’est le retour de « la joie », commente Alexia Fabre, la directrice de l’école qui accueille 570 élèves, répartis de la première à la cinquième année d’études.

« Partage » et « collectif », scandent des étudiants enthousiastes, qui ont organisé pour l’occasion un « festival de la micro-édition et du print » (impression) au son de la radio de l’école « Radiobal » (Beaux-Arts Live) en invitant d’autres écoles d’art.

Dans les bâtiments qui s’étendent sur plus de deux hectares en plein coeur de Paris, les élèves, arrivés dès potron-minet, vont et viennent pour parfaire la présentation de leurs travaux.

Une trentaine de leurs ateliers, où ils oeuvrent guidés par des artistes confirmés, sont ouverts au public tout le week-end, à Paris et dans l’annexe de l’école ouverte à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) en 2008.

Cette photo montre un aperçu de la cour sous verrière de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts où les œuvres des élèves sont exposées le long des murs temporaires, à Paris le 30 juin 2022

« Je ressens l’énergie du lieu, il y a beaucoup d’interdisciplinarité et de collaboration, on a envie de perpétrer la lignée », dit Sofia Magdits, la vingtaine, en évoquant les artistes illustres qui l’ont précédée: Renoir, Brancusi, Delacroix, Matisse, Louise Bourgeois…

– « Communauté » –

Elle s’intéresse au « lien » et l’exprime en tissages comme une « métaphore qui montre comment on crée une communauté ».

Au détour d’un couloir, d’une cour ou de l’amphithéâtre où était remis le célèbre Prix de Rome, la chapelle de l’école expose les oeuvres des étudiants qui recevront un prix cette année. Elles voisinent avec des reproductions de statues et tableaux de grands maîtres qui jalonnent les recoins de l’école.

Cette photo montre un aperçu de la cour sous verrière de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts où les œuvres des élèves sont exposées le long des murs temporaires, à Paris le 30 juin 2022

Lou Olmos-Arsenne, 23 ans, en quatrième année, peint de grands portraits hyperréalistes ou déstructurés à l’acrylique. « Le rapport au passé est très important », dit-il, expliquant se nourrir du fonds d’archives, de la bibliothèque et du cabinet de dessin « exceptionnel » de l’école.

Ouverte sept jours sur sept de 8H00 à 22H00, elle dispose d’un fonds de 450.000 peintures, sculptures, dessins, photographies, estampes, ouvrages et manuscrits.

« Je préfère le présent », commente Léa Simhonny, 29 ans, en cinquième année, pour qui l’inspiration « vient surtout du chef d’atelier qui enseigne ». Elle a choisi la peinture après avoir commencé par la photo et la vidéo.

S’inspirant de Baudelaire, Thibault Hiss, 25 ans, crée « des charognes des temps modernes », têtes de sanglier ou de mouton conçues « avec des matériaux industriels abandonnés et recyclés ».

– Changement de « paradigmes » –

« On n’est plus du tout dans les mêmes paradigmes que nos prédécesseurs, ce qui n’est pas un reniement du passé », commente Yannis Ouaked, diplômé. « On a la chance d’être dans un va-et-vient permanent entre passé et présent, ce qui crée une vraie énergie. »

Cette photo montre l'amphithéâtre d'honneur de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts orné d'un tableau (D) de Jean Auguste Dominique Ingres et d'une fresque (G) de Paul Delaroche, à Paris le 30 juin 2022.

Son « bénitier avec une fontaine à caféine », céramique sur plaque métallique, rappelle l’urinoir de Marcel Duchamp.

Face-à-face entre un « pitbull moulé dans du ciment » et « une chaise qui aboie »; « figure abstraite du temps qui passe » en farine, eau sur papier-toilette; aliments carbonisés devenus oeuvres d’art olfactives… L’imagination est sans limites, comme celle de Marie Johannot et ses immenses sculptures en éponges et carton, « décor mouvant d’un film à venir ».

Des virtuoses du dessin, sélectionnés par l’école pour candidater à un prix, concluent le voyage.

« On essaie de prolonger le processus de création pour permettre aux étudiants d’inventer l’école et l’art de demain », commente Jean-Baptiste de Beauvais, directeur des études.

Nombreux sont les candidats à vouloir rejoindre les Beaux-Arts, rares les élus: « environ 1.600 pour 127 places », selon lui.

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