Barkhane, Général Laurent Michon : «Nous seront capables de quitter le Mali à la fin de l’été»

Après neuf ans passés à appuyer les Forces armées maliennes à mener une lutte contre le terrorisme, l’armée française va quitter le Mali d’ici fin août 2022. Mais les éléments français restent opérationnels dans la région du Sahel, en s’engageant aux côtés des armées qui le souhaitent. C’est ce qu’a confié à RFI le général Laurent Michon, commandant de la force Barkhane.

«Aujourd’hui, il nous reste deux mois pour quitter Gao. Nous estimons que nous serons, à la fin de l’été, capables de quitter le Mali comme cela nous a été demandé par le Président (Emmanuel Macron)», déclare le chef de Barkhane, qui précise que «ce sera plus de 2 000 hommes et plus de 4 000 containers qui auront été retirés du Mali en intégrant que nous avions déjà commencé avec les garnisons les plus au Nord, Kidal-Tessalit-Tombouctou-, avant la fin de l’année 2021». Et selon le gradé, «il devrait rester environ 2 500 soldats dans l’ensemble du Sahel à la fin de l’été».

Mais le général Laurent Michon se veut «prudent», car, dit-il, «cela dépend d’abord et avant tout des capitales africaines et de leur souhait d’être soutenues par la France». La fin de l’Opération Barkhane ? «La fin d’une certaine forme de Barkhane telle que nous l’avons connue depuis huit années», précise le commandant de la force française au Sahel, soulignant que «Barkhane a beaucoup évolué, même si cela ne se voit pas forcément de l’extérieur». Dans ce retrait, explique le général, «la menace terroriste demeure évidemment avec un certain nombre de groupes toujours très actifs».

Le général de l’armée française a cité en exemple le corridor de Gao à Niamey qui est «un corridor très emprunté par beaucoup de monde. Il est essentiel au pays. Aussi bien la Minusma, que les forces armées maliennes, et donc Barkhane aussi, nous l’utilisons très fréquemment». Le gradé avoue que «cette menace existe toujours sur cet axe important, mais elle n’est que ponctuelle», rassurant : «pas de contrôle possible de l’axe par les groupes terroristes comme cela peut arriver dans d’autres parties du pays, au centre notamment».

«Certains tentent de manipuler les uns et les autres en faisant croire des mensonges»

Abordant la sensible question de la manipulation des populations, notamment sur leur passage au moment du retrait, le général Laurent Michon n’écarte aucune hypothèse. Selon lui, ce fait «est même avérée, y compris au Mali, par certains qui tentent de manipuler les uns et les autres en faisant croire des mensonges énormes du type : nous armons les groupes armés terroristes, nous kidnappons des enfants, nous créons des charniers, etc. Donc, ce genre d’actions indirectes est tout à fait possible».

Toutefois rassure l’état-major, «nous nous y préparons pour ne pas être justement face à une population qui soit manipulée. Les Forces armées maliennes nous y aident d’ailleurs». L’affaire de Gossi où l’armée française a documenté une tentative de manipulation du groupe Wagner visant à faire croire que Barkhane a laissé un charnier derrière, a aussi été abordée. Pour le gradé de l’armée française, cela met à nue «la façon dont la guerre se mène sur les perceptions des uns et des autres par des mercenaires qui, évidemment, n’ont aucune limite d’aucune sorte», notamment éthique.

afrik

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