Le 76e Festival d’Avignon, la plus importante manifestation de théâtre et de spectacle vivant du monde, s’ouvre jeudi dans le sud de la France. Pour sa dernière édition en tant que directeur, Olivier Py a confié l’ouverture au Russe Kirill Serebrennikov, qui met en scène « Le Moine noir », d’Anton Tchekhov, dans la Cour d’honneur du Palais des papes.
Le retour de Serebrennikov, l’ouverture d’une nouvelle salle, des rues noires de monde : le Festival d’Avignon, qui démarre jeudi 7 juillet, a de quoi se réjouir après deux ans de crise sanitaire, même s’il reste vigilant en raison du rebond épidémique.
La veille du lancement du plus célèbre festival de théâtre au monde, la parade traditionnelle était également de retour mercredi, pour la première fois depuis 2019.
« C’est notre premier Avignon, on est très contents. On avait profité du confinement pour mettre en scène notre spectacle ! », se réjouit Christophe Gillis, musicien et metteur en scène venu de Belgique présenter « Mozart versus Mozart », un spectacle d' »humour musical » avec des membres de sa famille.
Le Covid ? « On ne va pas gâcher le festival, on a besoin d’être sur scène et on va faire tous très attention », ajoute l’artiste, habillé en costume d’époque durant la parade.
« On espère que ça sera l’Avignon du retour »
En costumes et au son de tambours, une foule compacte d’artistes a traversé les rues de la « Cité des Papes », où de nombreux festivaliers étaient déjà au rendez-vous.
« On a l’impression qu’on revient un peu à la normale, on espère que ça sera l’Avignon du retour », affirme Olivier Schmidt, membre de la troupe Les joyeux de la couronne, qui présente « À l’ombre d’Oz », un spectacle musical sur le parcours de Judy Garland.
Il fait partie des 1 500 spectacles du « off », le plus grand « marché » de spectacle vivant en France, qui se déroule parallèlement au festival officiel et qui a renoué avec son offre pléthorique d’avant la pandémie. À cela vient s’ajouter l’ouverture d’une nouvelle salle, La Scala Provence.
Du côté du Festival d’Avignon, plus international et plus pointu que le « off », on se veut rassurant quant aux mesures sanitaires, tout en appelant à la vigilance.
« La contagiosité (actuelle) est telle que, dans nos équipes, on a rendu le port du masque obligatoire car on ne peut pas se permettre d’avoir des contaminations », affirme à l’AFP Paul Rondin, directeur délégué du Festival.
« Il y aura des centaines de milliers de gens à Avignon pendant 20 jours et on ne veut pas de mesures anxiogènes, mais on dit aux gens : ‘Venez au festival en essayant de mettre le masque dans les salles' », ajoute-t-il. Des centres de tests et de vaccination seront installés dans la ville.
Dernière édition pour Olivier Py
L’édition 2022 sera également la dernière d’Olivier Py, à la tête du Festival depuis neuf ans, et auquel succèdera le Portugais Tiago Rodrigues.
Depuis 2013, il a invité des artistes de différents horizons, avec une importance accordée au côté politique du théâtre, au sens large du terme.
Des artistes comme Kirill Serebrennikov, qu’il invite pour la quatrième fois, dans des circonstances particulières : bien que l’idée soit née avant la guerre en Ukraine, le cinéaste et metteur en scène russe, en exil en Europe depuis le printemps, va faire jeudi l’ouverture avec « Le Moine noir » de Tchekhov dans la Cour d’honneur du Palais des papes, lieu emblématique du festival. Kirill Serebrennikov avait fait récemment une apparition remarquée – et contestée par des Ukrainiens – au Festival de Cannes, où il a présenté son film « La Femme de Tchaïkovski ».
En signe de solidarité avec l’Ukraine, Olivier Py se produira, en guise d’adieux, avec les Dakh Daughters, groupe punk venu de Kiev, dans son spectacle « Miss Knife ».
Le festival fait également la part belle cette année au Moyen-Orient, avec l’Iranien Amir Reza Koohestani, un autre habitué, des poétesses arabes et des artistes libanais.
Et pour les amateurs des spectacles fleuve – une tradition du festival –, le dramaturge Simon Falguières propose « Le Nid de cendres », une épopée de 13 heures. Avec quatre entractes et deux pauses.
AFP