En résumé :
– Trois ans après être devenu Premier ministre, Boris Johnson a annoncé sa démission lors d’une allocution prononcée en début d’après-midi.
– Près de la moitié des membres du gouvernement avaient démissionné depuis mardi après les départs spectaculaires des ministres des Finances et de la Santé, Rishi Sunak et Sajid Javid.
– La crise a été déclenchée par une énième polémique concernant le Premier ministre, qui se trouve cette fois accusé d’avoir promu un député conservateur alors qu’il avait connaissance des accusations d’agressions sexuelles le visant.
Qui pour succéder à Boris Johnson ? Tapis dans l’ombre, ils veillent, prêts à bondir sur l’occasion. Au sein du Parti conservateur, les candidats sont nombreux pour prendre la suite au 10, Downing Street de Boris Johnson, qui a présenté sa démission. Rishi Sunak, Liz Truss, Michael Gove, Ben Wallace, Penny Mordaunt… «Libé» vous présente les favoris à la succession de l’ancien maire de Londres.
Pour l’ancien Premier ministre John Major, il ne serait pas «sage» que Boris Johnson reste encore un peu au pouvoir. Au tour de John Major de s’attaquer à Boris Johnson. Comme moult responsables politiques conservateurs avant lui, l’ancien Premier ministre, qui a gouverné le pays de 1990 à 1997, s’oppose au projet de l’ancien maire de Londres de garder le pouvoir jusqu’à la désignation de son successeur. Dans une lettre qu’il a envoyée au comité 1922, un groupe de députés tories, il juge qu’une telle décision ne serait ni «sage» ni «durable».
La démission de Boris Johnson ouvre «une nouvelle page» dans les relations entre l’UE le Royaume-Uni, dit Michel Barnier. «Le départ de Boris Johnson ouvre une nouvelle page dans les relations avec le Royaume-Uni. Qu’elle soit plus constructive, plus respectueuse des engagements pris, notamment en matière de paix et de stabilité en Irlande du Nord, et plus amicale avec les partenaires de l’Union européenne. Car il y a encore beaucoup à faire ensemble», a écrit sur Twitter Michel Barnier, ancien négociateur du Brexit pour l’Union européenne et candidat malheureux à la primaire de LR pour l’élection présidentielle, en décembre.
«Partygate» : chronologie d’un scandale. Parmi les polémiques qui ont émaillé le mandat de Boris Johnson, il y a le «partygate», ces soirées organisées dans la résidence officielle du Premier ministre pendant le confinement. Fin janvier, «Libé» avait établi le calendrier de ces festivités qui se sont succédé pendant près de deux ans.
Boris Johnson s'en va : voici quelques unes réalisées par @Libe entre 2016 et 2020. Laquelle est votre préférée, et pourquoi la N°3 ? 🇬🇧
Le direct ➡️ https://t.co/ZrSPBeKpOu pic.twitter.com/BYcn02WlbA
— Libération (@libe) July 7, 2022
Boris Johnson se fait mousser. Dans un avertissement très limpide aux députés conservateurs qui l’ont poussé vers la sortie, il a rappelé qu’en décembre 2019, il avait mené son parti à une «victoire historique» lors des élections générales, remportant une majorité écrasante. «A cette occasion, nombreux sont ceux qui ont voté conservateur pour la première fois», a-t-il souligné, dans un rappel clair qu’il considère que c’est sur sa personne que beaucoup d’électeurs s’étaient décidés à voter tory. Pourtant, au Royaume-Uni, lors des élections générales, les électeurs votent pour un parti, et pas pour un candidat en particulier. C’est le chef du parti qui a obtenu le plus de sièges qui devient automatiquement Premier ministre.
«Le meilleur job du monde.» Boris Johnson a promis d’apporter au «nouveau leader» «autant de soutien que je le pourrai», avant de conclure en déclarant : «Je sais qu’il y aura beaucoup de monde soulagé et peut-être quelques-uns déçus. Et je veux que vous sachiez combien je suis triste de quitter le meilleur job du monde». Et de remercier les Britanniques pour «l’immense privilège que vous m’avez donné». «Même si tout semble sombre maintenant, notre futur ensemble est glorieux», a-t-il assuré.
«Je suis tellement fier des succès de ce gouvernement.» «Ce n’est pas juste parce que je voulais le faire que j’ai tellement combattu ces derniers jours pour continuer à mener ce mandat en personne, mais parce que je sentais que c’était ma tâche, mon devoir, mon obligation envers vous», a déclaré Boris Johnson pendant son allocution, avant d’entamer son inévitable couplet sur le Brexit. «Je suis terriblement fier des succès de ce gouvernement, qui a conclu le Brexit,arrangé nos relations avec le continent… Et repris le pouvoir dans ce pays pour écrire nos propres lois au Parlement», a-t-il ajouté. Avec ses habituelles inexactitudes au sujet de l’Union européenne : le Parlement britannique a toujours écrit ses propres lois.
«Je regrette de ne pas avoir réussi à convaincre.» Boris Johnson a tenté d’expliquer pourquoi il avait résisté à ce point, alors que son gouvernement perdait un membre par heure, aux appels à quitter son poste. «J’ai essayé au cours des derniers jours de convaincre mes collègues qu’il serait excentrique de changer de gouvernement alors que nous avons tant fait, que nous avons un mandat tellement important et que, dans les sondages, nous sommes seulement quelques points derrière» le Labour. «Je regrette de ne pas avoir réussi à convaincre avec ces arguments», a-t-il commenté. «Il m’est difficile de ne plus être capable d’être moi-même aux commandes pour réaliser tant de projets», a-t-il aussi dit, avant une violente pique contre ses collègues conservateurs : «Comme nous l’avons vu à Westminster, l’instinct de meute est puissant, et quand la meute bouge, elle bouge.»
Boris Johnson a eu un mot pour l’Ukraine. Pendant son discours, Boris Johnson a rapidement salué les Ukrainiens, en leur promettant que le Royaume-Uni «continuera à soutenir leur combat» contre les envahisseurs russes. L’ancien maire de Londres a tenté ces derniers mois d’effacer ses problèmes domestiques en poussant pour une aide significative, notamment militaire, à l’Ukraine.
L’opposition veut que Boris Johnson s’en aille tout de suite. Boris Johnson à Downing Street «jusqu’à ce qu’un nouveau leader soit en place» ? Cette option est d’ores et déjà lourdement contestée par l’opposition travailliste qui a menacé de déposer rapidement une motion de défiance au Parlement, son chef Keir Starmer appelant à un départ «total» de l’ancien maire de Londres. De nombreux députés conservateurs partagent cette opinion et veulent clairement le voir disparaître de la vie publique au plus vite.
Boris Johnson veut rester Premier ministre jusqu’à ce qu’un successeur soit désigné. Le Premier ministre démissionnaire souhaite continuer à expédier les affaires courantes «jusqu’à ce qu’un nouveau leader soit désigné», a-t-il déclaré pendant son allocution, prononcée sous les yeux des membres les plus loyaux de son équipe, et de son épouse Carrie, portant Romy, leur petite fille de neuf mois. Le processus de sélection de son successeur doit commencer «maintenant», ajoute-t-il. Et de préciser que le calendrier de cette élection d’un nouveau chef du Parti conservateur, et donc d’un nouveau Premier ministre, «sera annoncé la semaine prochaine».
Boris Johnson démissionne. C’est fait : le Premier ministre britannique a démissionné, dans une déclaration prononcée sur le perron du 10 Downing Street. «Il est clair que la volonté du parti conservateur est désormais d’avoir un nouveau leader et donc un nouveau premier ministre», a-t-il déclaré.
Gouvernement intérimaire : les premières nominations tombent. L’exécutif britannique commence à diffuser les noms des nouveaux ministres appelés à remplacer les quelque 59 responsables politiques qui ont fait défection depuis mardi soir. Ils rejoignent un gouvernement qui risque bien d’être intérimaire, voire éphémère, compte tenu de la démission annoncée comme imminente de Boris Johnson. Parmi les nouveaux venus, on trouve par l’exemple l’ancien président du parti conservateur James Cleverley, nommé à l’Education.
Boris Johnson se fait attendre. Selon les médias britanniques, la prise de parole du Premier ministre devrait intervenir aux alentours de 13h30, heure de Paris.
Comment tout s’est accéléré. Confronté depuis mardi à une avalanche de départs au sein de son gouvernement, l’imprévisible Boris Johnson n’a jamais été aussi proche de la démission. S’il s’y accrochait encore dans la soirée de mercredi, une nouvelle salve de départs l’a conduit à accepter l’inévitable, ce jeudi. Notre récit.
Au 10 Downing Street, résidence officielle du Premier ministre britannique, dans l’attente de la probable démission de Boris Johnson, ce jeudi 7 juillet.
Le gouvernement intérimaire déjà bouclé ? Info BBC : Boris Johnson aurait d’ores et déjà formé un gouvernement intérimaire à la tête duquel il pourra garder le pouvoir, espère-t-il, jusqu’à l’automne. Les noms des impétrants commencent à circuler dans la presse.
L’analyse de notre correspondante au Royaume-Uni.
La une de @libe du 26 juin 2016, jour où le Royaume-Uni a voté en faveur du Brexit, résonne tout particulièrement outre-Manche à quelques heures de la démission de Boris Johnson https://t.co/KmWTZpdUm8
— Nina Guérineau de Lamérie (@ninaguerineau) July 7, 2022
Dominic Raab pourrait s’occuper de l’intérim. Ancien ministre des Affaires étrangères, aujourd’hui vice-Premier ministre, Dominic Raab pourrait assurer l’intérim après la démission probable de Boris Johnson, dans l’attente de l’élection d’un successeur. C’est le souhait exprimé par plusieurs députés conservateurs, pressés de voir l’ancien maire de Londres lâcher le pouvoir. Ainsi de Chris Loder, élu du sud de l’Angleterre. «J’ai bien peur que Boris Johnson ne puisse pas rester jusqu’à l’automne, écrit-il sur Twitter. Le gouvernement ne peut pas fonctionner sans ministres en place et je m’attends à ce que le vice-Premier ministre prenne le relais de manière imminente pendant qu’une élection à la direction aura lieu.»
I’m afraid, that Boris Johnson cannot stay on until the autumn. Government cannot function without ministers in place and I expect the Deputy Prime Minister to take over imminently whilst a leadership election takes place.
— Chris Loder MP (@chrisloder) July 7, 2022
Boris Johnson envisage déjà l’après. L’agence de presse Bloomberg indique que le futur ex-Premier ministre a commencé à constituer un gouvernement intérimaire, lui qui espère se maintenir au pouvoir après sa probable démission et jusqu’à l’automne. Un projet contesté, y compris dans les rangs conservateurs. La presse nationale annonce que de nouvelles nominations devraient intervenir prochainement.
Boris Johnson attendu pour «l’heure du déjeuner». Selon une journaliste politique de la chaîne SkyNews, le Premier ministre britannique s’exprimera à «l’heure du déjeuner». De l’autre côté de la Manche, il est actuellement onze heures du matin.
As @KayBurley has just said on air, we’re expecting the PM to come out and make the statement around lunchtime.
— Beth Rigby (@BethRigby) July 7, 2022
Une candidate à la succession de Boris Johnson quitte en urgence l’Indonésie. Liz Truss rentre au Royaume-Uni. La ministre des Affaires étrangères représentait Londres au G20 en Indonésie, où elle était arrivée seulement la veille. Mais l’actualité nationale l’a rattrapée. D’autant que la dirigeante de 46 ans, farouche défenseure du Brexit (qu’elle avait pourtant combattu en 2016), est considéré comme une successeure potentielle de Boris Johnson au 10 Downing Street.
Les bookmakers s’amusent avec l’élection. Au Royaume-Uni, on parie sur tout, y compris sur le nom du successeur de Boris Johnson en cas de démission de celui-ci. Pour SkyBet, une société de paris en ligne liée au média SkyNews, les favoris sont l’ancien ministre des Finances Rishi Sunak et sa collègue Penny Mordaunt, secrétaire d’Etat au commerce extérieur. En revanche, le député du sud de l’Angleterre Steve Baker est considéré comme un outsider, avec une «cote» de dix-huit pour un.
Boris Johnson souhaiterait rester au pouvoir jusqu’à l’automne. Selon la BBC, le Premier ministre britannique s’est résigné à démissionner. Mais il voudrait rester en poste jusqu’au congrès du parti conservateur qui aura lieu cet automne, le temps que les tories lui trouvent un successeur. Pas encore officialisée, cette décision est déjà critiquée, par exemple par la Première ministre d’Ecosse Nicola Sturgeon. Sur Twitter, la dirigeante juge qu’une telle situation serait «loin d’être idéale», et «certainement pas durable».
Les démissions s’accumulent. Deux nouveaux membres du gouvernement annoncent ce matin leur démission, dont la secrétaire d’Etat à l’Environnement Rebecca Pow, qui a déclaré : «Les valeurs, l’intégrité et la morale selon laquelle je vis sont en jeu, et les besoins du pays doivent toujours passer en premier». Le nombre total des partants s’établit désormais à 59.
«Il faut un véritable changement de gouvernement», dit l’opposition. Une démission de Boris Johnson provoquerait une élection interne au parti conservateur, destinée à lui trouver un successeur. Pour le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer, le départ de l’ancien maire de Londres serait «une bonne nouvelle», qui «aurait dû arriver il y a longtemps». Mais il réclame davantage. «Il ne faut pas seulement changer le Tory au sommet [du gouvernement] – il faut un véritable changement de gouvernement. Il faut un nouveau départ pour le Royaume-Uni», écrit-il sur Twitter ce jeudi matin.
The Conservatives have overseen 12 years of economic stagnation, declining public services and empty promises.
We don’t need to change the Tory at the top – we need a proper change of government.
We need a fresh start for Britain. pic.twitter.com/uMxRTomXX9
— Keir Starmer (@Keir_Starmer) July 7, 2022
Boris Johnson doit s’exprimer dans la journée. Les médias britanniques et le 10 Downing Street annoncent une déclaration dans la journée du Premier ministre. Selon les informations de la presse, celui-ci s’apprête à présenter sa démission.
SkyNews annonce à son tour une démission imminente de Boris Johnson.
BREAKING: UK Prime Minister Boris Johnson to resign today – SKY/ITV
— BNO News (@BNONews) July 7, 2022
NEW Boris Johnson will resign as Conservative Party leader today
— Chris Mason (@ChrisMasonBBC) July 7, 2022
Quels scénarios pour un départ de Boris Johnson ? Pendant deux jours, démissions et appels au départ du Premier ministre se sont succédés à un rythme infernal. L’ancien maire de Londres s’accroche, profitant des spécificités du règlement interne au parti conservateur. Nos explications sur les différents scénarios qui pourraient mener à sa chute.
Et de 54 ! Moins de quarante-huit heures après sa prise de fonction, la nouvelle ministre de l’Education Michelle Donelan compte déjà parmi les frondeuses. Elle a annoncé sa démission, ce jeudi matin, sur Twitter et dans une lettre adressée au Premier ministre Boris Johnson. «Je ne vois pas comment vous pouvez rester en poste, mais sans mécanisme formel pour vous démettre de vos fonctions, il semble que le seul moyen d’y parvenir soit que ceux d’entre nous qui restent au cabinet vous forcent la main», écrit-elle. Avec ce départ, le nombre des ministres démissionnaires depuis mardi s’élève désormais à 54. Soit près de la moitié du gouvernement.
With great sadness I must resign from government. pic.twitter.com/tQUf5oVHAa
— Michelle Donelan MP (@michelledonelan) July 7, 2022
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