Les négociations se poursuivent à l’ONU pour permettre la reconduction du mécanisme transfrontalier autorisant les Nations unies à acheminer de l’aide humanitaire aux populations syriennes vivant dans les zones non-contrôlées par le régime de Bachar al-Assad. Ce dispositif vient en aide à plus de 2,4 millions de personnes.
Les négociations se poursuivent à l’ONU au sujet de la prolongation du mécanisme transfrontalier permettant aux Nations unies de délivrer une aide humanitaire à des millions de Syriens vivant dans des zones non contrôlées par le régime, ont indiqué, dimanche 10 juillet, des diplomates.
En vigueur depuis 2014, cette autorisation de livraison des aides onusiennes via le point de passage de Bab al-Hawa, à la frontière syro-turque, doit s’arrêter dimanche à minuit après le veto de la Russie vendredi à un projet de résolution la prolongeant d’un an sans l’aval du pouvoir syrien.
Selon des diplomates, Moscou insiste toujours sur une extension limitée à six mois, éventuellement reconductible, pour autoriser l’ONU à utiliser ce passage, qui permet d’éviter les zones contrôlées par le régime. Pour sortir de l’impasse, les dix membres non permanents du Conseil de sécurité ont proposé une prolongation de neuf mois, selon des diplomates, refusée par Moscou.
Ce dispositif transfrontalier vient en aide à plus de 2,4 millions de personnes dans des secteurs de la province d’Idleb et du nord de la province voisine d’Alep sous contrôle des groupes jihadistes et rebelles.
« Les négociations se poursuivent », a indiqué à l’AFP un diplomate à New York sous couvert d’anonymat. « Nous sommes bloqués là où nous en étions vendredi », a confié un ambassadeur souhaitant lui aussi ne pas être identifié.
Pour Moscou, qui dispose d’un droit de veto au Conseil de sécurité et qui a considérablement fait réduire ces dernières années ce dispositif violant à ses yeux la souveraineté de la Syrie, l’acheminement de l’aide vers le nord-ouest du pays ne devrait s’effectuer qu’à partir de Damas à travers les lignes de front.
« La Russie n’a pas changé sa position », a indiqué dimanche sous couvert d’anonymat un autre ambassadeur membre du Conseil de sécurité. Un vote au Conseil de sécurité est encore possible en début de semaine, ont affirmé plusieurs sources et il est déjà arrivé au Conseil de prolonger ce mécanisme après sa date d’expiration.
Manque de stocks
Sans entente, l’aide internationale pourrait continuer à s’effectuer sous d’autres formes à définir, mais sans avoir la même efficacité. « Jusqu’à maintenant, nous n’avons aucune information sur le mécanisme qui sera mis en place », a déclaré dimanche à l’AFP Mazen Allouche, un responsable rebelle au passage de Bab al-Hawa.
« Les groupes humanitaires partenaires de l’ONU, qui opèrent dans les zones libérées (du contrôle du régime), ont un plan d’intervention d’urgence », au cas où l’autorisation de l’ONU ne serait pas prolongée, a-t-il ajouté.
Selon Mazen Allouche, les civils et les convois de secours non-onusiens, y compris ceux envoyés par des groupes humanitaires turcs, seraient toujours autorisés à traverser le passage à sa réouverture. Mais il estime que les stocks disponibles ne suffiront pas pour « plus d’un mois ».
Plus de 4 600 camions d’aide transportant principalement de la nourriture ont traversé le passage de Bab al-Hawa cette année, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
Dimanche 10 juillet, le passage était fermé pour le deuxième jour consécutif en raison de l’Aïd al-Adha, la grande fête musulmane du sacrifice. Sa réouverture est prévue mercredi.
« Si les livraisons d’aide sont détournées vers (les zones contrôlées par) le régime, nous serons effectivement assiégés », a déclaré à l’AFP Abou Mohmmad, un déplacé de 45 ans vivant dans un camp dans le nord d’Idleb.
« Ils veulent nous affamer et nous mettre à genoux », a déploré ce père de quatre enfants.
AFP