Corentin, infecté par la variole du singe, nous raconte les douleurs « très difficiles à supporter »

Corentin Hennebert, un parisien de 27 ans, a contracté la variole du singe mi-juin. Il a partagé son expérience dans les médias, dans un but de prévention et d’information. Avec Futura, il revient sur son parcours et notamment les lésions cutanées très douloureuses déclenchées par la maladie.

Corentin Hennebert, 27 ans, auteur et metteur en scène pour une jeune compagnie de théâtre à Paris, fait partie des 552 personnes touchées par la variole du singe en France. Avant de contracter la maladie et de vivre des symptômes terribles, il ne savait presque rien de ce virus qui se propage comme une traînée de poudre en Amérique du Nord et en Europe depuis plusieurs mois maintenant.

Ses premiers symptômes sont peu spécifiques : « Je n’ai pas du tout soupçonné que c’était la maladie. » Il ressent de la fièvre et des courbatures. « Premier réflexe, en 2022, j’ai pensé à la Covid-19, mais le test est négatif. » Il pense alors avoir pris froid à cause de la climatisation qui tourne à plein régime face aux chaleurs qui étouffent la France. « Je suis très sensible aux différences de température », raconte-t-il. Et puis, le 21 juin 2022, les premières lésions cutanées apparaissent au niveau de sa muqueuse anale. « J’ai cru que c’était des hémorroïdes. J’ai enchaîné des nuits blanches parce que je n’arrivais plus à m’allonger, plus trop à marcher, les transports en commun, c’était compliqué. »

Une maladie douloureuse qui ne concerne pas que la communauté homosexuelle
Les messages sur son expérience, qu’il a postés sur Twitter, lui ont coûté une vague d’homophobie, puisque la variole du singe a d’abord touché la communauté gay – mais pas uniquement. Le jeune homme a été contaminé à l’occasion d’un rapport intime avec un partenaire qui ne présentait aucun signe de la maladie, cinq jours avant le début de ses symptômes. « Ce n’est pas une maladie de gay et il n’y a aucune honte d’être malade. »

Aujourd’hui, trois femmes et un enfant ont été infectés par la maladie en France. Les messages de Corentin ont aussi permis de libérer la parole : des infectés par le virus de la variole du singe osent parler de leur expérience et tous décrivent des douleurs causées par les lésions cutanées très difficiles à supporter.

J’étais arrivé au bout du rouleau, je n’en pouvais plus de douleur
Après trois jours de calvaire, Corentin décide de se rendre aux urgences proctologiques (spécialisées dans les symptômes de la sphère ano-rectale) le 24 juin 2022. « J’étais arrivé au bout du rouleau, je n’en pouvais plus de douleur. Ils m’ont donné un cachet de tramadol (un antidouleur puissant) pour patienter. » Les médecins ne reconnaissent pas tout de suite les symptômes de Corentin comme étant ceux de la variole du singe. Ils font des prélèvements et plusieurs dépistages pour des maladies sexuellement transmissibles communes comme la chlamydia ou la gonorrhée. « Ils ont ajouté la variole du singe à la liste, vu que le virus circule actuellement. »

Le prélèvement fait, Corentin rentre chez lui sans autre consigne que d’éviter les rapports sexuels. Entretemps, le jeune homme appelle l’hôpital pour avoir une ordonnance de tramadol – le paracétamol qu’on lui a prescrit ne le soulage pas. Le 28 juin, le résultat tombe. « Le mardi, ils m’ont appelé pour me dire que j’avais la variole du singe. J’ai eu pour consigne de m’isoler trois semaines à partir du jour du prélèvement. J’ai la possibilité de faire les courses, mais avec un masque. Je dois porter des vêtements longs pour couvrir les boutons et puis juste attendre, surveiller la cicatrisation totale des boutons. Il n’y a pas de traitement. »

Les patients atteints de la variole du singe sont considérés comme guéris lorsque leurs boutons sont cicatrisés à l’issue des trois semaines d’isolement. Ils sont laissés seuls juges de leur état de santé et prennent eux-mêmes la décision de sortir de leur isolement ou non. « Une personne avec qui je suis en contact, et qui fait partie des 50 premiers cas, avait des résultats toujours positifs à la veille de la fin de l’isolement. Ça m’inspire une espèce de prudence. »

Des questions toujours sans réponse
Au 8 juillet 2022, il reste huit jours d’isolement à Corentin et son état de santé s’est amélioré. « Ça va beaucoup mieux, j’en suis au stade de la cicatrisation. J’ai encore une gêne mais qui n’est pas douloureuse. J’ai perdu sept kilos car c’était difficile de manger. » La variole du singe n’a pas laissé de trace sur le corps de Corentin, mais après cette expérience, il a prévu de porter à nouveau le masque à l’extérieur et de limiter le contact avec les autres. Corentin déplore le manque cruel d’information et de prévention autour de la variole du singe. Et après l’avoir eue, il lui reste des questions : « Est-ce que je suis immunisé pour toujours ? Est-ce que c’est comme la Covid, on peut l’attraper tous les trois mois ou six mois ? » Des réponses que la recherche n’a pas encore fournies.

futura-sciences

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