L’Europe devient un hotspot des canicules et du réchauffement climatique

Une étude révèle que l’Europe de l’ouest est l’une des zones du monde les plus touchées par les canicules depuis 40 ans. Cette région du monde se réchauffe 3 à 4 fois plus vite que les autres pays situés aux mêmes latitudes dans l’hémisphère nord, en raison d’un changement au niveau du jet stream.

Des canicules de plus en plus intenses, et de plus en plus fréquentes en Europe, c’est la conclusion d’une étude publiée dans la revue Nature le 4 juillet 2022 : l’Europe est devenu un véritable hotspot des canicules ces 42 dernières années. Alors que la chaleur et la sécheresse de la Californie, font souvent l’actualité, les chercheurs estiment que l’Europe se réchauffe plus vite que l’ouest américain et les autres régions du monde situées aux mêmes latitudes dans l’hémisphère nord. Sur les 42 dernières années, les auteurs de l’étude ont en effet estimé que l’Europe se réchauffait 3 à 4 fois plus rapidement que ces régions ! Les scientifiques précisent que les vagues de chaleurs européennes augmentent de manière « disproportionnée » comparée au réchauffement global de la Planète et que les causes exactes sont encore mal connues. Les vagues de chaleur augmentent à raison de 0,61 jours en plus par décennie en Europe, comparé à 0,21 jours de chaleur en plus pour les autres régions situées aux mêmes latitudes, soit 3 fois plus vite.

En rouge, les pays touchés par le plus grand nombre de jours de chaleur anormale en juillet-août entre 1979 et 2020. © Nature Communications

L’étude confirme une hypothèse émise il y a quelques années : la circulation atmosphérique a été modifiée, et il existe un lien réel entre l’état du jet stream et les vagues de chaleur. La position de ce couloir de vent qui circule d’ouest en est sur l’hémisphère nord influence la position de l’air chaud, et son blocage sur l’Europe. Il arrive que le jet stream se sépare en deux au niveau de l’Eurasie (les terres continues de l’Europe et de l’Asie), un « double jet », et cette séparation en deux semble être de plus en plus fréquente selon les auteurs de l’étude. La présence de double jets serait associée à la quasi-totalité des récentes vagues de chaleur et canicules, comme celles de 2003, 2018, 2019 et 2020. Les blocages d’anticyclones qui piègent l’air chaud sur l’Europe se produiraient donc entre les ondulations nord et sud de ces deux jets.

La présence de plus en plus fréquente de situations de blocages météo, associées à des anticyclones persistants sur l’Europe, est liée de manière quasiment systématique à une structure de double jet dans la troposphère au-dessus de l’Eurasie. Ce double jet affecte d’ailleurs plus fortement trois zones principales : l’Europe de l’ouest en premier, puis l’Est de la Russie, l’Ouest et l’Est de la Sibérie.
En dehors de l'Europe de l'Ouest, la Sibérie est aussi très affectée par les vagues de chaleur, avec pour conséquence des feux de forêts plus fréquents et sévères. © Greenpeace

L’Europe de l’ouest est l’une des zones les plus touchées par le réchauffement

Alors que les européens se sentent moins concernés par le réchauffement climatique que d’autres régions du monde, l’étude publiée dans Nature confirme le fait que l’Europe de l’ouest, dont la France, fait en fait partie des zones les plus touchées par le changement climatique et que la tendance va se renforcer au cours des prochaines années. Les modèles de prévision climatique prévoient en effet, pour la plupart, des scénarios de réchauffement dans lesquels les anticyclones seraient de plus en plus persistants sur l’Europe de l’ouest, jusque sur les îles britanniques, favorisant un temps de plus en plus sec et chaud.

FUTURA

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