En un peu plus d’un mois, les transmissions se sont accélérées et les nouveaux cas de Covid touchent désormais 1,1 % de la population française.
Et de sept. La nouvelle vague de Covid-19 – la septième en France, donc – est devenue incontestable. La faute au variant BA.5, dont l’inexorable progression face à son prédécesseur BA.2 bénéficie à la fois d’un échappement immunitaire (l’immunité acquise par la vaccination ou par une infection antérieure n’est que partiellement efficace) et d’une plus forte contagiosité.
Autour de nous, la dynamique à la hausse est partagée par nos principaux voisins européens: l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni voient tous leur incidence progresser… Mais c’est encore la France qui affiche la croissance épidémique la plus forte. Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), dix-huit des trente-trois pays européens suivis ont observé une augmentation de leurs hospitalisations et/ou de leurs admissions en soins critiques pour Covid sur les deux dernières semaines. Seul le Portugal, parce qu’il a été frappé parmi les premiers, voit déjà la vague refluer.
«Fragilité de moyens humains à l’hôpital»
Les experts relèvent toutefois depuis quelques jours en France les premiers signes d’un ralentissement dans l’apparition des nouveaux cas. Peut-on en déduire que l’on se rapproche du pic de cette septième vague? Difficile de conclure en l’absence de modèles scientifiques reflétant de façon satisfaisante une réalité de plus en plus complexe, avec une population largement immunisée mais de façon très variable (vaccination et/ou infection, souches Delta, Omicron ou Alpha…). «Ce que l’on peut dire, c’est qu’avec l’absence de politique de prévention, la nouvelle vague BA.5 va au minimum causer des millions d’infections, des milliers d’hospitalisations, des centaines de décès et un nombre inconnu de Covid longs», résume Samuel Alizon, directeur de recherche au CNRS, et membre de l’équipe de modélisation des maladies infectieuses de Montpellier.
Les seules projections disponibles sont celles de Simon Cauchemez, responsable des équipes de modélisation à l’Institut Pasteur. Portant jusqu’au 18 juillet, elles prévoient quelque 1700 admissions quotidiennes à l’hôpital à cet horizon, contre un millier en ce moment. En soins critiques, les admissions grimperaient ainsi jusqu’à 160 par jour environ, là où elles avoisinent 100 actuellement.
Une perspective que les hôpitaux accueillent de façon mitigée. «Nous sommes à la fois sereins et inquiets, explique le Pr Djillali Annane, chef du service de réanimation à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (AP-HP), président du Syndicat des médecins réanimateurs. Sereins, car nous savons désormais prendre en charge ces malades: nous disposons d’un arsenal thérapeutique et de savoir-faire, et le Covid ne nous prend plus au dépourvu. Mais nous sommes aussi inquiets du fait de la fragilité de nos moyens humains à l’hôpital. Dans mon service, six lits sur quinze sont fermés faute de personnel. Si la vague monte trop, nous serons submergés car nous ne serons pas assez nombreux, sans marge de manœuvre.
Sans compter que nos équipes, épuisées, ont besoin de prendre des congés comme tout le monde, quand elles ne tombent pas malades elles-mêmes.» Pour le Pr Annane, il n’est pas trop tard pour casser la vague, «en revenant à l’obligation du port de masque dans les transports et les espaces de travail partagés. Ce n’est pas si contraignant, et l’on sait que c’est efficace».
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