L’euro s’échange à parité avec le dollar pour la première fois depuis 2002

La devise européenne est au plus bas depuis 20 ans par rapport au billet vert, privilégié par les investisseurs qui y voient une valeur refuge, quand les craintes s’accumulent en Europe en lien avec l’approvisionnement en gaz du continent.

L’euro est tombé mardi 12 juillet à un dollar seulement. La monnaie unique n’avait pas atteint ce seuil depuis l’année de sa mise en circulation il y a deux décennies. La devise est plombée par le risque d’une coupure des approvisionnements russes en gaz pour l’économie européenne et les craintes pour la croissance sur le continent. La guerre en Ukraine, déclenchée le 24 février par la tentative d’invasion du pays par la Russie, a pénalisé l’euro ces derniers mois.

Les investisseurs privilégient le billet vert, valeur refuge, qui a gagné près de 14% depuis le début de l’année et s’est brièvement échangé à un dollar pour un euro vers 11h50, un sommet depuis décembre 2002, quand les interrogations sur la toute nouvelle monnaie unique pesaient sur son cours. Le marché s’inquiète d’une crise énergétique majeure sur le Vieux continent, doutant du rétablissement par la Russie des flux de gaz après une interruption pour maintenance sur le gazoduc Nord Stream 1. Cette situation accentue les craintes de récession en Europe.

L’énergie en provenance de Russie « est au cœur de la tourmente en Europe » et l’annonce par le Canada samedi qu’il restituerait à l’Allemagne des turbines destinées au gazoduc Nord Stream pour atténuer la crise énergétique avec la Russie « est sans impact positif », commente Jeffrey Halley, analyste chez Oanda.

Lundi, le géant russe de l’énergie Gazprom a entamé dix jours de maintenance sur le gazoduc Nord Stream 1. L’Allemagne et d’autres pays européens attendent de voir si la livraison de gaz sera rétablie. « La question clé est de savoir si le gaz reviendra après le 21 juillet. Les marchés semblent avoir déjà pris leur décision », note Jeffrey Halley.

Pour Mark Haefele, analyste chez UBS, un arrêt des livraisons russes de gaz en Europe « causerait une récession dans toute la zone euro avec trois trimestres consécutifs de contraction de l’économie ».

Le dollar pourrait encore s’apprécier face à l’euro
La Banque centrale européenne (BCE) aura donc du mal à resserrer sa politique monétaire pour lutter contre l’inflation galopante sans aggraver la situation économique. La Réserve fédérale américaine (Fed) a plus de marge de manœuvre pour poursuivre ses hausses des taux, les chiffres de l’emploi publiés vendredi ayant montré que l’économie des Etats-Unis résiste pour l’instant mieux.

Mercredi, les données sur l’inflation en France, en Allemagne et aux Etats-Unis pourraient nourrir les inquiétudes des investisseurs sur une divergence des économies des deux côtés de l’Atlantique. « Si l’inflation américaine est plus forte que le marché ne le prévoit, cela pourrait profiter au dollar », les investisseurs pariant que la Fed va devoir agir encore plus vite pour remonter ses taux, estime Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com.

L’euro est très légèrement remonté après avoir atteint un dollar, et s’échangeait vers 12h10 pour 1,0024 dollar. « Les investisseurs peinent à franchir le cap symbolique de la parité » et à faire tomber l’euro sous ce niveau, estime Walid Koudmani, analyste chez XTB. « Ce rythme lent prouve qu’il s’agit d’un mouvement dans la durée de vente de l’euro et d’achat du dollar, et pas une manipulation du marché », ajoute Fawad Razaqzada.

L’euro est également en difficulté face au franc suisse, également une valeur refuge : il a reculé à 0,9836 franc suisse, un plus bas depuis 2015.

Et le dollar brille aussi face aux autres monnaies considérées comme vulnérables au risque : la livre sterling a plongé jusqu’à 1,1807 dollar, un niveau plus atteint depuis mars 2020, quand le début de la pandémie de Covid-19 en Europe, en pleines négociations sur le Brexit, avait fait reculer la devise britannique à son plus bas niveau depuis 1985.

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