Depuis le 13 mars 2022, l’émirat du Qatar accueille le pré-dialogue tchadien, qui réunit une soixantaine de mouvements politiques et rebelles. Ces assises censées jeter les bases du grand dialogue national sont loin d’aboutir à un consensus entre les groupes rebelles et l’Etat tchadien.
Les échanges entre la délégation gouvernementale tchadienne conduite par le ministre des Affaires étrangères Cherif Mahamat Zen et les représentants des groupes rebelles se poursuivent par médiateur interposé et à travers des échanges de documents.
« Un agenda caché »
Selon plusieurs sources, en dehors de quelques points d’accords comme la sécurité des représentants des groupes rebelles au grand dialogue de N’Djamena ou encore le désarmement des combattants rebelles et leur intégration au sein des forces armées nationales, un seul point bloquerait la signature d’un accord de paix. Il s’agirait de la question de l’inéligibilité des dirigeants de la transition comme l’explique le Professeur Avocksouma Djona, président du parti les Démocrates :
« Les politico-militaires ont soulevé la question de la non-représentativité des dirigeants de la transition mais les autres pensent que ce n’est pas normal. Pourquoi ne disent-ils pas aujourd’hui qu’ils ne vont pas se représenter. S’ils ne veulent pas le dire, cela signifie qu’ils ont un agenda caché. Le peuple tchadien est fatigué. Ils ont intérêt à ce qu’il y ait la signature de cet accord. »
Même si ces pourparlers aboutissent à la signature d’un accord, ce serait des accords individuels estime le politologue Evariste Ngarlem Toldé.
« On arrivera à un accord avec un certain nombre de politico-militaires qui signeront à titre individuel des accords. Ce qui veut dire que c’est un accord qui n’arrangera pas les Tchadiens. Ce qui ouvrira la porte éventuellement à des bruits de bottes au niveau des frontières.”
Le pouvoir prône la patience
Mais en face, le gouvernement tchadien se montre rassurant. Tout va lentement, mais sûrement dit Abderamane Koulamallah, porte-parole du gouvernement tchadien :
« Que les acteurs de la transition doivent se présenter aux futures élections ou pas est une question essentielle. Pourquoi on ne va pas au dialogue confronter nos points de vue ? Vous êtes impatients, le gouvernement l’est aussi. On veut absolument que ce dialogue de Doha avance le plus rapidement possible, mais lorsqu’on est dans une négociation il faut accepter les contingences de ces négociations qui prennent du temps. »
Certains observateurs pointent du doigt également l’impréparation de ce pré-dialogue avec un agenda pas clair et le nombre pléthorique de groupes rebelles qui y participent. Les discussions piétinent donc à Doha et pour certains analystes cela ne fait que profiter aux autorités de transition en vue de la consolidation de leur emprise sur le pouvoir.
DW