L’OMS sonne l’alarme face à la hausse d’épidémies zoonotiques en Afrique

(FILES) A file picture taken on January 5, 2015 shows red cross workers, wearing protective suits, carrying the body of a person who died from Ebola during a burial with relatives of the victims of the virus, in Monrovia. Liberia announced the return of the deadly Ebola virus on Tuesday, more than six weeks after the country eradicated the disease. AFP PHOTO / ZOOM DOSSO

En dix ans, le nombre de cas de ces maladies d’origine animale transmissibles aux humains, telles que la variole du singe, a augmenté de 63% par rapport à la décennie précédente. Les cas risquent d’augmenter en raison de la croissance démographique.

L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest a provoqué la mort de 11 000 personnes depuis décembre 2013 selon l’OMS. La variole du singe est une autre maladie zoonotique.

« Nous devons agir maintenant pour éviter que l’Afrique ne devienne l’épicentre des maladies infectieuses émergentes », a appelé ce jeudi 14 juillet l’Organisation mondiale de la santé lors d’une conférence en ligne.

Au moins 75% des maladies infectieuses émergentes sont causées par des agents pathogènes d’origine animale. Les fièvres hémorragiques virales comme la maladie à virus Ebola, représentent près de 70% de ces épidémies. Les 30% restants sont composés de virus tels que la variole du singe et la dengue.

Maladies sans frontières
Pour Karim Tounkara, représentant pour l’Afrique de l’Organisation mondiale de la santé animale, cette situation s’explique par l’empiètement des humains sur les terres réservées aux animaux sauvages. « L’activité humaine a détruit les écosystèmes et les barrières entre les animaux et les hommes, favorisant la propagation des maladies zoonotiques, détaille-t-il. Ces chiffres nous rappellent que les maladies ignorent les frontières et les barrières entre les espèces. »

L’OMS recommande une surveillance accrue, à commencer par une meilleure vigilance dans la consommation de viande de brousse, soupçonnée d’être à l’origine de ces maladies. « Lorsque nous consommons ce type de viande, nous devons prendre des précautions, prévient Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Par exemple, bien se laver les mains afin de se protéger contre une infection dans le cas où on a des lésions cutanées. Il est aussi important de bien cuire la viande pour s’assurer que tous les agents pathogènes présents sont tués et que la viande peut être mangée. »

Le rôle des communautés
Le Comité d’urgence de l’OMS doit se réunir jeudi prochain pour se prononcer sur la flambée de cas de variole du singe, et sur sa qualification « d’urgence de santé publique de portée internationale ». Cette maladie infectieuse transmise de l’animal à l’homme, et qui se manifeste par de la fièvre, des ganglions et des maux de gorge, a déjà été détectée dans une soixantaine de pays.

« L’Afrique a besoin de la collaboration de tous les secteurs, aussi bien dans le domaine de la santé humaine, animale et environnementale, travaillant de concert avec les communautés, a expliqué Matshidiso Moeti, lors de la conférence en ligne. Il est tout aussi crucial de disposer de mécanismes de surveillance fiables permettant de détecter rapidement les agents pathogènes et de mettre en place des mesures énergiques pour enrayer tout potentiel de propagation. »

Enfin, le docteur a également mis en garde des conséquences sociales que déclenchent souvent ce type de maladie, comme Ebola : « Nous avons vu avec d’autres maladies transmissibles que les malades subissent de la stigmatisation. C’est l’une des choses qui doit être abordée afin d’obtenir la coopération des familles et des communautés qui sont touchées. Donc nous devons surveiller notre langage et la façon dont nous parlons des personnes ou familles touchées, pour ne pas exacerber la stigmatisation. »

RFI

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