« Extrême tension » avec la canicule et les feux en Gironde et au sud d’Avignon

Une partie de la France faisait face vendredi à un « contexte d’extrême tension », avec dans le Sud une canicule qui poussait le mercure jusqu’à 40 degrés et de multiples incendies, dont deux feux « d’ampleur » en Gironde et un autre menaçant au sud d’Avignon.

Pour cette deuxième vague de chaleur de l’année, 11 départements sont désormais placés en vigilance orange canicule par Météo France, dans un axe est-ouest allant des Alpes-de-Haute-Provence à Bordeaux. Un symptôme sans équivoque du réchauffement climatique.

En Gironde, où des incendies sévissent depuis mardi, sans faire de victime, quelque 7.300 hectares sont partis en fumée dans deux gigantesques brasiers, l’un au sud de Bordeaux, l’autre dans la forêt adossée à la dune du Pilat, selon un dernier bilan des autorités. Dans le secteur de Landiras, près de 500 personnes ont été évacuées dans la nuit.

« Les pompiers, appuyés par des unités militaires et des moyens aériens, déterminants en ce contexte d’extrême tension nationale, sont engagés plus que jamais pour fixer ces deux feux d’ampleur », a indiqué la préfecture de Gironde sur Twitter.

« Les feux ne sont toujours pas fixés et malheureusement les conditions sont similaires avec des prévisions de vents pour aujourd’hui », a expliqué de son côté à l’AFP le commandant des pompiers Matthieu Jomain, dans un département de la Gironde toujours placé en vigilance rouge feux de forêt (échelle 4/5), une mesure qui s’est étendue aux Landes voisines.

– Etincelles d’un train en accusation –

Dans les Bouches-du-Rhône, quelque 800 pompiers restaient mobilisés pour un incendie qui frappe depuis jeudi le petit massif de la Montagnette, au sud d’Avignon.

Si ce feu a pu être fixé dans la nuit de jeudi à vendredi, après avoir dévoré 300 hectares, les secours restent « extrêmement vigilants » face au « mistral qui va se lever » et qui pourrait relancer les flammes, a indiqué sur place à l’AFP le lieutenant-colonel Pierre Bisone.

Les événements prennent par ailleurs une tournure judiciaire avec l’ouverture d’une enquête pour incendie involontaire, ce brasier ayant visiblement été déclenché par un train de marchandises.

« Il s’agit a priori d’un feu accidentel, (…) ce train de fret aurait généré des étincelles à plusieurs reprises, selon des témoignages », a expliqué à l’AFP le procureur de Tarascon, Laurent Gumbau.

Ce train « a provoqué neuf départs de feu », selon le lieutenant-colonel Bisone, affirmant que tout serait « probablement lié à un sabot de frein bloqué ».

« Ce sont des arbres de 50 ans qui sont partis en fumée, dans cette forêt que nous protégions comme la prunelle de nos yeux », a déclaré à l’AFP Jean-Christophe Daudet, maire de Barbentane, en affirmant qu’il envisageait de porter plainte contre la SNCF: « Je considère que le village a été attaqué, nous voulons que les responsables soient sanctionnés ».

Contactée par l’AFP, la SNCF n’était pas en mesure de dire vendredi matin si le train incriminé était affrété par la compagnie nationale ou une autre entreprise de logistique.

Jeudi en fin de journée, cet incendie, poussé par un vent du sud, avait envahi Avignon et son festival de théâtre avec un impressionnant panache de fumée et une pluie de cendres.

– Saison « hors norme » –

« La canicule c’est dur pour nous, mais on joue Spartacus qui se passe dans la Rome antique et on dit dans le spectacle +Rome brûle+ ! Donc on joue avec la contemporanéité de la météo », plaisantait Hugo Fréjabise, metteur en scène et auteur québécois venu avec sa compagnie Joussour.

Pour le patron des pompiers de France, Grégory Allione, ce deuxième épisode caniculaire en à peine un mois met à rude épreuve les soldats du feu. Face à cette saison « hors-norme », il a réclamé vendredi sur Europe 1 un « quoi qu’il en coûte en matière de protection civile ».

« On ne peut plus parler de saison des feux ! C’est désormais l’ensemble du territoire métropolitain qui est concerné, du 1er janvier au 31 décembre, jusqu’à l’Alsace ou la Franche-Comté », avait-il tout récemment insisté auprès de l’AFP.

Même dans les Hauts-de-France, où les températures sont pourtant beaucoup moins élevées, les pompiers ont ainsi été très sollicités jeudi, avec par exemple 38 départs de feu en 24 heures dans l’Oise.

Fin juin, 1.800 hectares avaient déjà brûlé dans le camp militaire de Canjuers (Var), 1.250 dans les Pyrénées-Orientales et 650 dans les Cévennes (Gard) début juillet.

Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), sur la période 2015-2019, les canicules ont été accompagnées d’incendies « sans précédent », notamment en Europe et en Amérique du Nord.

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