Plusieurs stimuli guident les moustiques jusqu’à notre peau. Trois étaient déjà connus des scientifiques : le CO2 qu’on expire, la température du corps et la transpiration. Des scientifiques viennent d’en découvrir un quatrième.
Tous les étés, il y a ceux qui sont dévorés par les moustiques et ceux qui en réchappent. Pour les scientifiques, il existe trois raisons principales pour expliquer cette apparente injustice. « J’ai l’habitude de dire qu’il y a trois signaux majeurs qui attirent les moustiques : votre respiration, votre transpiration et la température de votre peau. Dans cette étude, nous avons identifié un quatrième signal », explique Jeffrey A. Riffel, professeur de biologie à l’université de Washington.
Les piqûres de moustiques ne donnent pas seulement des boutons qui démangent, elles sont aussi sources de maladies. Les expériences ont été menées sur Aedes aegypti, une espèce de moustique vecteur de la dengue, du Zika, du chikungunya et de la fièvre jaune. Des maladies infectieuses qui font des ravages dans les pays tropicaux. Ces maladies sont aussi transmises par le moustique-tigre (Aedes albopictus) qui est présent presque partout en France métropolitaine et en Outre-mer.
Les moustiques préfèrent le rouge
Dans leurs expériences, Jeffrey A. Riffel et ses collègues ont suivi la trajectoire de vol d’un million de moustiques femelles, les seules à piquer pour nourrir leurs œufs, dans un environnement contrôlé. Il s’agit d’une chambre de test longue de deux mètres où l’insecte a le choix entre deux cibles colorées. Les scientifiques ont suivi la trajectoire de l’insecte grâce à seize caméras et un système de tracking 3D. Tout commence par un jet de CO2, un gaz inodore pour l’humain mais très appétissant pour le moustique. Puis grâce au système de caméras, les scientifiques ont pu observer vers quelle cible colorée les insectes se dirigeaient en premier. Ils semblent préférer le rouge, l’orange et le noir alors que le blanc, le vert et le violet les laissent indifférents.
Ainsi pour les moustiques, la couleur rouge serait la promesse d’un bon repas sanguin. « La couleur rouge n’est pas que présente sur vos habits, elle l’est aussi sur la peau. La couleur de peau n’a pas d’importance, nous émettons tous une forte signature rouge. Filtrer ces couleurs attractives sur notre peau ou éviter de porter des vêtements de ces couleurs pourrait être un autre moyen de prévention des piqûres de moustiques », poursuit le professeur Riffel.
Cette préférence pour le rouge est inscrite dans les gènes du moustique. Des insectes mutés par plusieurs gènes sont devenus indifférents aux stimuli rouge-orangé. Cela suggère aussi que les observations faites ici ne sont valables que pour l’espèce Aedes aegypti et que d’autres moustiques pourraient préférer d’autres longueurs d’onde. En conclusion, quand un moustique cherche se nourrir, il est d’abord attiré par l’odeur, avant de repérer visuellement son restaurant préféré.
FUTURA