Niger : nouveau partenaire privilégié de la France au Sahel

French Foreign Minister Catherine Colonna (L) and French Armies Minister Sebastien Lecornu (2nd L) look on during a meeting on an official visit to Niamey on July 15, 2022. The French Foreign Minister and French Armies Minister began an official visit to Niger on July 15, 2022, Paris's key partner in the Sahel, at a time when France is seeking to redefine its military and diplomatic offer in Africa. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)

Les ministres français des Affaires étrangères et des Armées entament vendredi une visite officielle au Niger, partenaire-clé de Paris au Sahel, à l’heure où la France cherche à redéfinir son offre militaire et diplomatique en Afrique.

Poussée dehors du Mali par la junte au pouvoir depuis 2020, qui a fait appel aux services du sulfureux groupe paramilitaire russe Wagner, l’armée française se sera totalement retirée du pays à la fin de l’été, après neuf ans de lutte antijihadiste.

La France poursuit néanmoins sa coopération avec le Niger voisin, où elle va maintenir plus d’un millier d’hommes et des capacités aériennes pour fournir un appui feu et du renseignement aux armées nigériennes dans le cadre d’un « partenariat de combat ».

« Au-delà du Mali, le recul démocratique en Afrique de l’Ouest est extrêmement préoccupant, avec des putschs successifs au Mali par deux fois, en Guinée en septembre 2021, au Burkina Faso en janvier de cette année », mais « la France continuera néanmoins, en dépit de ces événements, de ce retrait du Mali, à aider les armées ouest-africaines à lutter contre les groupes terroristes », commentait mardi la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna devant l’Assemblée nationale.

« Nous menons actuellement des consultations avec nos partenaires concernés pour définir avec eux, en fonction de leurs demandes et de leurs besoins, la nature des appuis que nous pourrons leur fournir », expliquait-elle.

Catherine Colonna et le ministre des Armées Sébastien Lecornu doivent s’entretenir vendredi matin avec leurs homologues nigériens, avant de rencontrer le président Mohamed Bazoum.

L’objectif de ce déplacement conjoint est d' »incarner le binôme civil-militaire », et de « montrer que notre approche repose sur ses deux pieds », souligne-t-on de source diplomatique française.

« Le redéploiement de Barkhane au Niger va créer une situation qui sera beaucoup plus difficile dans le nord du Niger, notamment dans la région de Tillabéri », a déclaré le ministre nigérien de la Défense Alkassoum Indatou_. « Le Niger a déjà accepté le principe qu’une grande partie de la force Barkhane soit déployée au Niger po__ur nous permettre de faire face à cette situation. »_

« Le moment venu, nous aurons à faire des propositions à nos deux chefs d’État pour regarder quelle forme, quelle géographie, quelle planification, quelle doctrine nos forces armées doivent avoir pour lutter contre le terrorisme dans la zone, et c’est le mandat qui a été donné à nos deux chefs d’état-major pour faire des propositions aux autorités politiques », a ajouté Sébastien Lecornu lors de la conférence de presse.

Paris et Niamey signeront à l’occasion de cette visite un prêt de 50 millions d’euros et un don de 20 millions d’euros au profit du Niger, qui figure parmi les pays prioritaires de l’aide au développement française (143 millions d’euros en 2021). Ces dix dernières années, l’Agence française de développement (AFD) a multiplié par dix ses engagements au Niger.

Le volet défense sera également abordé. Les deux ministres sont attendus vendredi sur la base aérienne projetée de Niamey, qui concentre les moyens militaires français au Niger.

« Repenser nos dispositifs »
Mme Colonna et M. Lecornu se rendront aussi sur la base militaire nigérienne de Ouallam, au nord de Niamey.

C’est de là que sont pilotées les opérations conjointes d’environ 300 soldats français et des forces armées nigériennes (FAN) à proximité de la frontière avec le Mali, face aux jihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique.

Au Sahel, la philosophie des interventions militaires françaises a évolué depuis quelques années : plus question pour les soldats d’agir seuls, mais seulement en deuxième ligne, en appui des forces locales et en fonction de leurs demandes.

Les ministres français visiteront également le village de Simiri près de Ouallam, où la France finance notamment un projet de lutte contre la malnutrition infantile.

Cette visite intervient alors que le président Emmanuel Macron souhaite repenser la stratégie de l’ancienne puissance coloniale en Afrique.

« J’ai demandé aux ministres et au chef d’état-major des armées de repenser d’ici à l’automne l’ensemble de nos dispositifs sur le continent africain », a-t-il déclaré mercredi.

« C’est une nécessité stratégique, car nous devons avoir des dispositifs moins posés et moins exposés, et réussir à bâtir dans la durée une intimité plus forte avec les armées africaines », a-t-il ajouté.

Il s’agit de « réussir à penser un continuum entre notre offre diplomatique, nos actions rénovées pour le partenariat africain, nos actions de développement et notre présence militaire », a-t-il souligné.

Après son retrait du Mali, la France comptera environ 2 300 militaires français au Sahel (Niger, Tchad, Burkina Faso). Les armées françaises sont également présentes au Sénégal, au Gabon, en Côte d’Ivoire et à Djibouti. La marine française est quant à elle très fréquemment engagée dans le golfe de Guinée.

À l’issue de son déplacement au Niger, Sébastien Lecornu se rendra samedi en Côte d’Ivoire pour y rencontrer les troupes françaises.

africanews

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