Le rachat de Twitter par Elon Musk pourrait se faire contraint et forcé.
On en entend parler depuis des mois déjà, et comme souvent lorsque l’affaire concerne Elon Musk, l’intrigue est digne d’une télénovela à (mauvais) suspens. Il y a quelques mois, l’homme le plus riche du monde annonçait son arrivée au conseil d’administration de Twitter, et son projet de racheter le réseau social par la même occasion. Quelques rebondissements plus tard, les actionnaires de la firme à l’oiseau bleu semblaient finalement enclins à céder leur place, mais c’est finalement le patron de Tesla qui s’est désisté.
Pour justifier son changement de cap radical, Elon Musk avait accusé Twitter de faire preuve d’opacité dans ses chiffres. Tout particulièrement pointé du doigt, le nombre de bots sur la plateforme semblait inquiéter l’homme d’affaires, au point de reconsidérer son offre. Après avoir annoncé la mise en pause temporaire de la transaction, les choses sont aujourd’hui officielles : le milliardaire a finalement changé d’avis, et ne veut plus du réseau social.
Elon Musk va devoir passer à la caisse
Si Elon Musk ne veut plus de Twitter, l’entreprise ne voit pas les choses du même avis. Dans un procès de 62 pages déposé mardi aux États-Unis et rapporté par le New York Times, la firme à l’oiseau bleu accuse l’homme d’affaires d’avoir retiré son offre sur des arguments infondés. Il faut dire qu’en dépit du discours du principal intéressé, l’entreprise a toujours maintenu qu’elle maîtrisait le nombre de bots inscrits sur sa plateforme, et que ces derniers n’excédaient pas les 5% de comptes actifs. Qualifié de “modèle d’hypocrisie” et de “modèle de mauvaise foi”, Twitter estime désormais que c’est à Musk de tenir ses engagements en concluant la vente.
Twitter sort l’artillerie lourde
Parmi les arguments avancés par Twitter dans ce nouveau dossier judiciaire, on retrouve d’abord l’idée que contrairement aux affirmations d’Elon Musk, l’entreprise a toujours coopéré avec le milliardaire pour lui fournir les documents nécessaires en vue du rachat. Y compris lorsque ces demandes flirtaient avec la mauvaise foi, estime la firme : “Dès le départ, les demandes d’informations ont été formulées de manière à tenter de faire échouer la transaction. (…) Les demandes de plus en plus farfelues de Musk ne reflètent pas un véritable examen des processus de Twitter, mais une campagne axée sur les litiges“.
Dans sa plainte, Twitter rappelle aussi que si le chiffre de 5% de bots n’était qu’une estimation, leur existence même constituait l’une des raisons pour lesquelles Elon Musk souhaitait acquérir la firme. Rappelons qu’à l’époque, il avait expliqué vouloir éradiquer les fake news et les bots de la plateforme, tout en assurant à tous les utilisateurs et utilisatrices une totale liberté d’expression.
Unfortunately, we don’t believe that this specific estimation can be performed externally, given the critical need to use both public and private information (which we can’t share). Externally, it’s not even possible to know which accounts are counted as mDAUs on any given day.
— Parag Agrawal (@paraga) May 16, 2022
Enfin, Twitter estime qu’en plus d’avoir régulièrement partagé des informations confidentielles au sujet d’un potentiel rachat, Elon Musk aurait aussi violé l’accord entre les deux parties en dénigrant publiquement et à plusieurs reprises l’entreprise ainsi que ses employés. Parmi les “preuves” les plus édifiantes apportées au dossier, un emoji caca du milliardaire en guise de réponse publique à un tweet de Parag Agrawal, l’actuel dirigeant de la plateforme.
Selon les termes de l’accord réclamé par Twitter, Elo Musk va donc devoir déployer “tous les efforts raisonnables” pour conclure cet accord, notamment en obtenant le financement nécessaire au rachat de 44 milliards de dollars.
Rendez-vous dès demain pour le début du procès
Selon Reuters, Twitter n’aurait pas attendu longtemps pour sortir les armes. Le réseau social aurait, par l’intermédiaire de la chancelière de la Cour de la chancellerie du Delaware, Kathaleen McCormick, programmé la première audience de ses poursuites le 19 juillet à 11 heures, soit dès demain. Cette session préliminaire devrait permettre au réseau social d’exposer ses arguments, avant l’ouverture officielle du procès qui se tiendra en septembre. De son côté, Elon Musk n’aurait pas encore contre-attaqué, mais la défense critique déjà la précipitation du procès.
New York Times