Congo : victoire écrasante du parti présidentiel

Le Parti congolais du Travail (PCT) sort grand gagnant du premier tour des législatives, en renforçant sa majorité. Le second tour est prévu pour le 7 août.

Mieux valait ne pas être insomniaque pour ceux qui voulaient connaître en direct les résultats du premier tour des élections législatives qui s’est tenu le 10 juillet en République du Congo. En effet, il était plus de 2 heures dans la nuit du 15 juillet quand Guy-George Mbaka, le ministre de l’Administration du territoire, a égrainé un à un les chiffres collectés qui, au rythme des 151 circonscriptions, a mené le pays jusqu’aux premières lueurs de l’aube.

Le Congo s’est donc réveillé comme il s’était endormi la veille, avec une très forte majorité du Parti congolais du Travail (PCT), au Parlement. Le parti présidentiel et ses alliés ont étouffé tout enjeu en remportant 103 sièges dès le premier tour. Leur majorité à l’Assemblée nationale est assurée d’être encore un peu plus absolue avec – déjà – quatre députés de plus que lors de la dernière législature. Face à la machine PCT qui fait carton plein dans les cinq départements du Nord, l’opposition réussit, à l’issu de ce premier tour, à camper sur quelques-unes de ses positions dans le Sud. L’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads) conserve quatre des huit sièges acquis en 2017 dans le Niari et la Bouenza, l’Union des démocrates humanistes (UDH-Yuki), trois des huit circonscriptions obtenues alors dans le Pool et la capitale.

Scores soviétiques

Autre ligne de divergence électorale pour le pays, le taux de participation : considérable dans le Nord, bien plus modeste dans le Sud. Selon les chiffres annoncés par les services du ministère de l’Administration du territoire, 59,77 % des Congolais inscrits se sont déplacés à l’échelle nationale quand ils n’ont été que 36,7 % et 37,2 % respectivement à Brazzaville et à Pointe-Noire, les deux principales agglomérations du pays. Il convient de saluer au passage l’effort de transparence réalisé par le ministre Mbaka et le gouvernement congolais, qui n’avaient pas estimé utile de publier les chiffres de participation des scrutins de 2017.

Portés par la vague PCT qui a déferlé dans le Nord, 19 des 21 ministres en lice ont déjà validé leurs tickets, notamment ceux qui n’avaient aucun adversaire face à eux. C’est le cas pour le chef de gouvernement, Anatole Collinet Makosso à Pointe-Noire, et ses collègues, Jean-Jacques Bouya, Pierre Mabiala, Ines Ingani, Raymond Mboulou ou encore Gilbert Ondongo, conseiller à la présidence, tous candidats uniques dans leur circonscription et élus avec des scores aussi soviétiques qu’anecdotiques. C’est également le cas pour le ministre de la Coopération internationale et fils du président, Denis Christel Sassou Nguesso, ainsi que ses sœurs Claudia à Brazzaville et Stella dans le Pool. Au sein de la famille du chef de l’État, seule Andréa a échoué dans la capitale mais elle se présentait sous l’étiquette indépendante. En tout, 25 candidats ont été élus sans avoir à livrer bataille.

Même face à des concurrents, la plupart des ministres l’ont emporté dès le scrutin de dimanche 10 juillet comme Jean-Marc Thystère Tchicaya, Aimé Bininga, Rosalie Matondo et Arlette Soudan Nonault*, ainsi que le seul ministre non PCT Honoré Sayi. Thierry Moungala s’est également imposé à Sibiti, après avoir connu quelques frayeurs. Deux ministres sont en ballotage, favorable pour Antoine Fylla Saint Eudes qui a obtenu 37 % dans le Pool, défavorable pour Jacqueline Mikolo dans la Bouenza qui, avec 22 %, arrive loin derrière les 49 % obtenus par Claudine Munari, ex-dir-cab de l’ancien président Pascal Lissouba, puis ministre sous Denis Sassou Nguesso, avant d’être l’égérie de l’opposition.

Portés disparus

Au rayon des personnalités du camp présidentiel portées disparues dès le premier tour de piste, il faut citer Euloge Landry Kolélas qui a sombré face à son jeune frère Juste Ntoumi Kolélas à Kinkala district, anciennement détenue par leur aîné, Guy-Brice Parfait, fondateur de l’UDH-Yuki, décédé en mars 2021. En plus d’avoir échoué à amener le fief familial dans le giron de la majorité présidentielle, Euloge Landry voit son Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI) menacé de disparaître de la carte électorale congolaise, puisque seule sa sœur, Théodorine a réussi à se qualifier pour le second tour. En revanche, l’UDH-Yuki s’en sort avec les honneurs, avec trois députés déjà confirmés à Kinkala et dans la capitale. Tout comme l’Upads, bien partie pour conserver la main sur l’opposition, dans la foulée de la victoire de ses leaders, Pascal Tsaty Mabiala et Jérémy Lissouba, ainsi donc que du ministre Honoré Sayi, « mis en réserve » un temps de son parti.

D’après les centaines d’observateurs présents, les opérations de vote se sont généralement bien déroulées, sauf dans une douzaine de circonscriptions. Des violences ont ainsi eu lieu dans la Cuvette et la Bouenza, notamment à Monyondzi où se sont affrontés les supporters surchauffés de Jacqueline Mikolo et de Claudine Munari. Des irrégularités ont également été constatées dans quelques bureaux de vote alors que des soupçons de fraude planent sur d’autres. La situation la plus confuse règne dans la circonscription de Ngo, dans le département des Plateaux, depuis que le président de la commission électorale locale a disparu avec le résultat des bureaux de vote. Il reste une quinzaine de jours pour les retrouver avant le 7 août, date annoncée pour le second tour de ces élections, alors que les forces de l’ordre iront voter une semaine plus tôt.

jeuneafrique

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