Le président russe Vladimir Poutine s’est entretenu mardi à Téhéran avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan en marge d’un sommet tripartite avec le chef de l’État iranien Ebrahim Raïssi. Parmi les dossiers clés de la rencontre, la guerre en Syrie ainsi que la coopération russo-iranienne sur les secteurs du gaz et du pétrole.
À Téhéran pour son premier voyage à l’étranger depuis le début de la guerre en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine s’est entretenu mardi 19 juillet avec ses homologues turc Recep Tayyip Erdogan, ainsi que l’hôte du sommet tripartie, le chef de l’État iranien Ebrahim Raïssi. Outre le blocage des céréales ukrainiennes, les trois chefs d’État ont notamment débattu du conflit syrien, dans lequel Ankara menace d’intervenir de nouveau, invoquant le « terrorisme » des organisations kurdes. Autre dossier central de la rencontre : la « coopération » entre Russes et Iranien sur le gaz et pétrole, tandis que Moscou comme Téhéran sont sous le coup de sanctions occidentales
Une offensive en Syrie serait « préjudiciable », selon l’Iran
Thème majeur du sommet, la Syrie où la Russie, la Turquie et l’Iran représentent des acteurs majeurs dans la guerre qui ravage le pays depuis 2011, Moscou et Téhéran soutenant le régime de Bachar al-Assad et Ankara appuyant des rebelles. Les trois pays ont lancé en 2017 le processus dit d’Astana, visant officiellement à ramener la paix en Syrie.
Depuis fin mai, la Turquie menace de lancer une nouvelle opération militaire dans le nord de la Syrie, où elle cherche à créer une « zone de sécurité » de 30 kilomètres à la frontière. Téhéran et Moscou ont d’ores et déjà dit leur opposition à une telle offensive.
Le président Erdogan a dit espérer « le soutien de la Russie et de l’Iran face au terrorisme » en Syrie, soulignant que « les mots ne suffisaient pas ».
« Le terrorisme [des organisations kurdes opérant dans le nord-est de la Syrie] constitue une menace pour nous tous », or « leur retrait à trente kilomètres de nos frontières ne s’est toujours pas produit », a-t-il poursuivi, en évoquant l’accord signé en 2019 avec Washington puis Moscou.
Lors de cette réunion, le guide suprême iranien Ali Khamenei, lui, a notamment affirmé au président turc qu’une éventuelle opération militaire de l’armée turque dans le nord de la Syrie serait « préjudiciable » pour la région, selon un communiqué officiel.
Toutefois, le guide suprême a promis à Recep Tayyip Erdogan que l’Iran « coopèrera » avec la Turquie dans sa « lutte contre le terrorisme », tout en soulignant que « les terroristes ne se limitent pas à un groupe spécifique ».
Une rencontre « utile » selon Poutine
L’Iran, la Russie et la Turquie se sont engagés à continuer leur coopération pour « éliminer les terroristes [en Syrie] », selon le communiqué diffusé mardi à l’issue du sommet tripartite à Téhéran.
Les trois pays « ont rejeté toutes les initiatives d’auto-détermination illégitimes » et « ont affiché leur volonté de s’opposer à des ambitions séparatistes qui pourraient saper la souveraineté et l’intégrité de la Syrie » et menacer la sécurité des pays voisins.
Le président russe Vladimir Poutine a jugé mardi « utiles » les pourparlers trilatéraux à Téhéran avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan et iranien Ebrahim Raïssi sur le règlement du conflit en Syrie.
« La rencontre a été utile et très instructive […], nous avons discuté des points clés de notre coordination concernant la Syrie », a déclaré Vlamdimir Poutine à l’issue des discussions, lors d’un discours diffusé à la télévision russe, en invitant ses deux homologues à se rendre en Russie pour une nouvelle rencontre sur ce sujet « avant la fin de l’année ».
Gaz et pétrole : « coopération sur le long terme »
L’Iran et la Russie, deux pays sous le coup de sanctions occidentales, se sont engagés à renforcer leur coopération sur le long terme notamment dans le secteur du gaz et du pétrole, a indiqué Téhéran lors d’une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine à Téhéran.
« La coopération à long terme entre l’Iran et la Russie est très profitable aux deux pays […]. Il y a des accords et des contrats entre les deux pays y compris dans les secteurs du pétrole et du gaz qui doivent être poursuivis et mis en œuvre totalement », rapporte un communiqué du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei.
Cette réunion intervient également quelques jours après la tournée du président américain Joe Biden au Moyen-Orient, où il s’est rendu en Israël et en Arabie saoudite, deux pays hostiles à l’Iran.
Samedi, en Arabie saoudite, le président américain a affirmé devant un parterre de dirigeants arabes que son pays « ne se détournerait pas » du Moyen-Orient en laissant « un vide que pourraient remplir la Chine, la Russie ou l’Iran ». Des propos condamnés par Téhéran qui accuse Washington d’attiser les tensions dans la région.
AFP