On prête mille et un bienfaits au jeûne intermittent, qui ne sont pas toujours fondés. Mais, les scientifiques en ont observé un plutôt surprenant : par un mécanisme complexe, le jeûne favorise la régénération des nerfs chez les souris.
Le jeûne intermittent consiste à alterner une période de jeûne suivie d’une période de prise alimentaire – les deux ayant une durée variable selon les programmes. Par exemple, la prise alimentaire peut s’étaler pendant huit heures, et le jeûne pendant seize heures. Les adeptes de cette pratique lui prêtent mille et une vertus, parfois non vérifiées scientifiquement. Pourtant, c’est un sujet qui intéresse grandement les scientifiques et dont certains bénéfices ont été analysés avec rigueur.
Le dernier en date ne concerne pas le poids ou les maladies inflammatoires, mais la régénération des nerfs. En effet, une équipe de l’Imperial College, à Londres, a observé que le jeûne permet de favoriser la réparation du nerf sciatique après une blessure chez des souris de laboratoire. Mais cela n’est possible qu’avec le concours d’un troisième protagoniste : le microbiote.
Soigner les nerfs des souris grâce au jeûne
Les nerfs font partie du système nerveux périphérique et innervent tout le corps pour conduire l’information des extrémités jusqu’au cerveau. Composés d’axones, le prolongement des neurones, ils se régénèrent assez lentement à la suite d’un dommage. Ainsi, une blessure au nerf est assez difficile à soigner en dehors de la chirurgie, qui n’est faisable que pour une minorité de patients. Mais il a été montré que des changements de mode de vie, comme la pratique sportive, peuvent améliorer la régénération des nerfs. Et désormais, le jeûne intermittent aussi.
« Le jeûne intermittent a été précédemment lié, lors d’autres études, à la cicatrisation et la croissance de nouveaux neurones, mais notre étude est la première à expliquer précisément comment le jeûne peut promouvoir la guérison des nerfs », explique Simone Di Giovanni, neuroscientifique à l’Imperial College.
L’IPA, une molécule clé sécrétée par le microbiote
En effet, les scientifiques de l’Imperial College, à Londres, ont mis au jour un mécanisme assez détaillé. Le voici. Les souris qui jeûnent ont dans le sang des taux élevés d’acide indole-3-propionique (IPA), c’est cette molécule qui augmente la régénération des nerfs. Ce n’est pas un organe qui la sécrète, mais Clostridium sporogenes, une bactérie présente dans le microbiote intestinal.
Lorsque l’IPA ne peut pas être produit par ces bactéries et qu’il est presque absent du sérum, la régénération est altérée
« Lorsque l’IPA ne peut pas être produit par ces bactéries et qu’il est presque absent du sérum, la régénération est altérée. Cela suggère que l’IPA généré par ces bactéries a la capacité de guérir et de régénérer les nerfs endommagés », poursuit Simone Di Giovanni. La longueur des axones régénérés est environ 50 % plus importante chez les souris qui ont jeûné en comparaison à d’autres qui ont mangé en continu. Quand l’IPA est administré par voie orale aux rongeurs, les bienfaits sur la régénération des nerfs apparaissent après deux à trois semaines.
Des questions restent en suspens à l’issue de ces observations prometteuses : sont-elles valables chez les êtres humains ? L’IPA peut-il aider à la régénération d’autres structures nerveuses, comme la moelle épinière ? L’IPA peut-elle avoir un effet dans le cadre d’un régime alimentaire classique, sans période de jeûne ? Des questions que les scientifiques essayeront probablement de résoudre.
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