Défense planétaire : la Chine prépare sa propre mission de déviation d’astéroïde

Alors que les Etats-Unis, alliés aux Européens, s’apprêtent à réaliser le premier test de défense planétaire à grande échelle, la Chine prépare elle aussi une mission de déviation d’astéroïde qui devrait être lancée en 2026. Elle ciblera un géocroiseur quatre fois plus petit, d’une quarantaine de mètres de diamètre.

Il ne reste plus qu’une soixantaine de jours avant que la sonde spatiale américaine DART (Double Asteroïd Redirection Test) n’atteigne son objectif. Lancé en novembre 2021 depuis la base de Vandenberg en Californie, l’engin d’une demi-tonne et de forme cubique file dans l’espace à la vitesse de 24.000 km/h. Et percutera le 26 septembre 2022 l’astéroïde Dimorphos qui se situera alors à 11 millions de kilomètres de la Terre.

Astéroïde binaire
Cet astéroïde d’environ 160 mètres de large orbite lui-même, en un peu plus de 11 heures, autour d’un objet rocheux de 800 mètres de diamètre appelé Didymos. Et c’est en mesurant, après la collision, la modification de la période orbitale de Dimorphos (réduite d’environ 10% selon les estimations) que la mission DART testera les effets d’un impacteur cinétique sur la course d’un astéroïde… Une technique qui pourrait dévier un géocroiseur filant tout droit vers notre planète et éviter ainsi un cataclysme régional si un tel bolide était un jour identifié.

Une mission en deux temps
Les résultats de l’impact sur Dimorphos (modification de la période orbitale, formation d’un cratère, éjection de débris, etc.) seront analysés par le nano-satellite italien LICIACube (Light Italian CubeSat for Imaging of Asteroids) embarqué avec DART et éjecté dix jours avant la collision. Et en 2024, la sonde européenne HERA s’envolera vers l’astéroïde binaire pour se mettre en orbite, cartographier la surface de Dimorphos et glaner des informations extrêmement précises grâce à une batterie d’instruments (caméras, radar, imageur infrarouge, gravimètre, altimètre, etc.).

La Chine entend jouer un rôle
Mais d’ici quelques années, les Etats-Unis et l’Europe ne seront plus les seules puissances spatiales à œuvrer pour la défense planétaire et expérimenter ce type de technologie. Car la Chine entend jouer un rôle et développe elle aussi une mission de déviation d’astéroïdes. Annoncé pour la première fois en avril dernier, le projet vient d’être détaillé lors d’une conférence donnée par l’ingénieur chinois Long Lehao qui a piloté la conception des lanceurs Longue Marche ainsi que le programme chinois d’exploration de la Lune. Développée par l’Administration spatiale chinoise, la mission sera lancée en 2026 par une fusée Longue Marche 3B.

Une cible plus petite que Dimorphos
Tout comme les programmes DART et HERA réunis au sein du consortium AIDA (Asteroid Impact and Deflection Assessment), elle testera les capacités d’un projectile à dévier un objet céleste menaçant. Mais la mission chinoise comprendra à la fois un impacteur, lancé à pleine vitesse vers un astéroïde, et un orbiteur qui étudiera les conséquences de la collision. La cible sera en outre plus petite que Dimorphos. Il s’agit de l’astéroïde 2020 PN1 d’environ 40 mètres de diamètre. Découvert il y a deux ans par l’Observatoire du Haleakala à Hawaï, il fait partie des astéroïdes de type « Aton » et se trouvera à 19 millions de kilomètres de la Terre en 2026.

Ces objets détruiraient une ville comme Lyon
Seuls les géocroiseurs de plus d’un kilomètre de large pourraient provoquer un cataclysme planétaire et ceux de plus de 140 mètres de diamètre – tel Dimorphos – une catastrophe régionale. 2020 PN1 se situe ainsi au-dessous de ce seuil. En percutant la Terre, les astéroïdes de cette taille pourraient susciter cependant d’importants dommages, en détruisant une ville comme Lyon par exemple. Ils sont, en outre, beaucoup plus nombreux et difficiles à repérer que les astéroïdes semblables à Dimorphos. La mission chinoise fournirait ainsi de précieuses informations pour tenter de se protéger de pareilles menaces.

En raison de leur petite taille, l’immense majorité des astéroïdes mesurant environ 25 mètres de large n’ont pas encore été identifiés. Crédit : DART/NASA/APL

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