Google procède à plusieurs changements importants concernant le fonctionnement du Play Store. En Europe, la firme autorise les développeurs à utiliser de paiement tiers et réduit sa commission sur les achats intégrés. Elle passe de 15 % à 12 %.
Google vient de prendre des décisions importantes concernant son magasin d’applications. Le géant de Mountain View annonce qu’il autorise désormais les développeurs – qui distribuent leurs applications sur Google Play – à utiliser des systèmes de paiement tiers. La mesure concerne l’Europe et intervient alors que le Digital Market Act (DMA) vient d’achever son parcours législatif. Voulu par le Vieux Continent, ce projet entrera en vigueur 2024 et s’apprête à bousculer le fonctionnement des géants de la tech. Le DMA a pour objectif de « garantir que les grandes plateformes en ligne se comportent équitablement en ligne » ; imposant notamment à Apple et Google de s’ouvrir à d’autres systèmes de paiement que le leur.
L’idée ne séduit pas vraiment ces deux acteurs dominants de la tech ; mais elle a convaincu d’autres acteurs du numérique comme Epic Games ou Spotify. Ces sociétés s’opposent au duopole de Google et Apple allant jusqu’à se réunir avec la création de la Coalition for App Fairness. Il semblerait donc que Google ait décidé de prendre les devants, comme l’explique la firme dans un communiqué.
Google devance le DMA
« L’adoption récente de la loi sur les marchés numériques [DMA] obligera Google Play et d’autres acteurs du secteur à adapter leur modèle de fonctionnement actuel pour les utilisateurs de l’Espace économique européen (EEE). Nous nous engageons à répondre à ces nouvelles exigences tout en veillant à pouvoir continuer à assurer la sécurité des personnes sur nos plateformes et à investir dans Android et Play au profit de l’ensemble de l’écosystème », assure la société. Et de préciser, à plusieurs reprises, que la mesure s’applique uniquement sur le continent européen.
La firme californienne prévoit d’étendre cette initiative aux jeux mobiles, soit le segment le plus créatif. La méthode sera disponible « avant la date d’entrée en vigueur de la DMA ».
L’autre mesure phare de Google est de réduire la commission prélevée sur les achats intégrés. Le sujet a fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois et la firme annonce que son montant passe de 15 % à 12 % ; tandis que celle de 30 % passe à 27 %. Les développeurs qui utilisent un système de facturation alternatif sont concernés et Google de préciser que « 99 % des développeurs remplissent actuellement les conditions pour bénéficier de frais de service de 15 % ou moins ». Cette réduction de 3 % est donc une bonne nouvelle, même si le diable se cache dans les détails.
Google soigne la forme pour convaincre l’Europe, moins le fond
En effet, les développeurs devront toujours reverser une commission à Google et composer avec les frais prélevés par les systèmes de paiements alternatifs. La facture risque d’être plus salée et de refroidir les envies d’ailleurs de nombreux développeurs. Sur Twitter, le PDG Epic Games, Tim Sweeney, n’a d’ailleurs pas manqué d’ironiser sur la décision du géant américain. Rappelons que le dirigeant derrière Fortnite mène la fronde contre les géants américains Apple et Google. « Félicitations à Google, qui a rapidement suivi Apple pour introduire la fausse facturation ouverte en Europe – en “autorisant” les services de paiement concurrents mais en éliminant leur capacité à être compétitifs en exigeant 27 % des revenus », précise-t-il.
Congratulations to Google, fast-following Apple to introduce fake open billing in Europe – "allowing" competing payment services but eliminating their ability to compete by demanding 27% of revenue. https://t.co/EUzx8hOpFG
— Tim Sweeney (@TimSweeneyEpic) July 19, 2022
Il ajoute : « Le résultat ? Des achats in-app gonflés qui financent la rente de monopole de Google. Google a une longue histoire de fausses initiatives ouvertes, à commencer par Android qui “autorise” les magasins concurrents puis les entrave par des mesures techniques ».
En Europe, où Google enchaîne les amendes depuis quelques années, le géant américain tente de redorer son image. Il profite aussi de la démarche pour vanter son magasin d’applications : « Google Play a permis à des millions de développeurs d’entrer en contact avec des consommateurs du monde entier. Rien que dans l’UE, l’écosystème Android a soutenu plus de 1,1 million d’emplois, et les développeurs Android ont généré 7,9 milliards d’euros de revenus annuels en 2021 ».
Source: Google