Le président français est attendu lundi au Cameroun, point de départ d’une nouvelle tournée africaine, qui doit aussi le mener au Bénin et en Guinée-Bissau.
Ce déplacement en Afrique, le premier depuis la réélection du président français Emmanuel Macron en avril, aura notamment pour thèmes la crise alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine, les enjeux de production agricole et les questions sécuritaires, selon la présidence. Il s’agit de « marquer la continuité et la constance de l’engagement du président de la République dans la démarche de renouvellement de la relation avec le continent africain », commente l’Élysée. Ce sera la première fois qu’Emmanuel Macron se rend dans ces trois pays.
Ces derniers mois, l’Afrique a semblé céder le pas à d’autres priorités tant nationales qu’européennes, pour les autorités françaises, alors que la guerre en Ukraine occupe le devant de la scène.
Puis, le président français avait annoncé la semaine dernière sa volonté de « repenser d’ici l’automne l’ensemble [des dispositifs militaires de la France] sur le continent africain », alors que la force antidjihadiste Barkhane est en train de boucler son départ du Mali. Disant vouloir des « dispositifs moins posés et moins exposés », le président avait jugé qu’il s’agissait d’une « nécessité stratégique ».
Une visite au Cameroun à fort enjeu
La première étape de ce déplacement sera le Cameroun, première économie d’Afrique centrale. Emmanuel Macron s’entretiendra mardi avec son homologue, le président Paul Biya, 89 ans dont 40 passés à la tête du pays. Ses apparitions en public sont devenues extrêmement rares ces dernières années. Au menu des discussions figureront les possibilités d’investissement français dans l’agriculture camerounaise, d’après l’Élysée. Les enjeux de lutte antidjihadiste dans le nord du Cameroun seront également abordés.
Après l’indépendance de la France le 1er janvier 1960, le pays a été rejoint en octobre 1961 par le Cameroun du Sud alors sous administration britannique, dans une République fédérale du Cameroun, qui deviendra en 1972 République unie du Cameroun, puis République du Cameroun en 1984. Mais une partie de la minorité anglophone (environ 20 % des Camerounais) s’estime marginalisée et ostracisée par Yaoundé et des manifestations pacifiques d’avocats et d’enseignants fin 2016 ont été brutalement réprimées dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, les deux régions anglophones, marquant le début du conflit séparatiste. Cette guerre a fait plus de 6 000 morts à ce jour et plus d’un million de déplacés. Les ONG internationales et l’ONU accusent depuis des mois ses forces armées de réprimer impitoyablement les velléités séparatistes de la minorité anglophone dans l’Ouest, et le pouvoir d’emprisonner « illégalement » toute voix critique. Des accusations rejetées avec force par Yaoundé.
C’est dans ce contexte qu’intervient la visite du chef de l’État français, alors que les relations entre Paris et Yaoundé étaient quasiment inexistantes ces cinq dernières années. La dernière visite d’un président français dans le pays d’Afrique centrale remonte à près de sept ans après celle de François Hollande en 2015. En recul dans cet ancien précarré, la France est désormais concurrencée sur plusieurs terrains par de nouvelles puissances comme la Chine, l’Inde, la Turquie, Israël sur la sécurité et la défense, et la Russie. Yaoundé a signé, en avril, en plein conflit en Ukraine, un accord de coopération militaire avec la Russie. L’étape camerounaise de ce voyage de Macron est aussi très attendue par l’opinion camerounaise et les diasporas.
Mercredi, le président français se rendra au Bénin. Le nord du pays est confronté à une multiplication d’attaques meurtrières, alors que la menace djihadiste s’étend du Sahel aux pays du golfe de Guinée. Cotonou souhaite un appui français en matière de soutien aérien, de renseignement et d’équipements, selon l’Élysée.
Jeudi, Emmanuel Macron achèvera sa tournée en Guinée-Bissau, petit pays ouest-africain abonné aux crises politiques dont le président Umaro Sissoco Embalo s’apprête à prendre la tête de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Au cours de ce déplacement, « les enjeux de gouvernance et l’État de droit seront traités à chaque étape, sans injonction médiatique mais sous forme d’échanges directs avec ses homologues », souligne la présidence française. Le chef de l’État sera accompagné des ministres des Affaires étrangères et des Armées, Catherine Colonna et Sébastien Lecornu, du ministre délégué au Commerce extérieur Olivier Becht ainsi que de la secrétaire d’État chargée du Développement, Chrysoula Zacharopoulou.
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