Quand des étudiants très investis veulent pousser l’industrie vers un nouveau paradigme, les résultats peuvent être impressionnants !
L’émergence des véhicules électriques fait partie de ces tendances qui permettent déjà de réduire le bilan carbone des transports, même si cette industrie n’en est encore qu’à ses balbutiements. Mais il y en a certains pour qui le modèle actuel est loin d’être assez ambitieux. C’est le cas d’une équipe d’étudiants de l’University of Technology d’Eindhoven qui a proposé un concept unique en son genre : une voiture électrique qui pompe activement le dioxyde de carbone de l’atmosphère pendant qu’elle roule.
La philosophie du prototype étant de limiter au maximum l’empreinte carbone du véhicule, les étudiants ne se sont pas attardés sur la motorisation. On sait tout juste qu’elle embarquera un moteur de 22 kW et neuf batteries de 2,3 kWh. En revanche, ils ont été bien plus généreux en détails sur le volet environnemental.Objectif environnement
Pour commencer, ils ont utilisé un processus d’impression 3D pour produire tous les éléments de la carrosserie en gâchant un minimum de matériel. Les éléments plastiques sont tous issus de matériaux recyclés, et ils pourront l’être une nouvelle fois à la fin du cycle de vie de la voiture.
Ils ont aussi choisi de se passer du verre, qui traditionnellement est issu d’une filière très énergivore. Leur choix s’est porté sur le polycarbonate, une famille de polymères plastiques que l’équipe estime plus respectueux de l’environnement
Ils ont aussi pensé aux éléments remplaçables, comme les ampoules ou les composants électroniques. Ici, pas de matériel propriétaire : tout est construit à partir d’éléments standardisés disponibles dans le commerce et réutilisables à la mort du véhicule.
Comme mentionné plus haut, il s’agit d’une voiture électrique. Par définition, elle ne consomme donc pas de combustibles fossiles et n’émet pas de gaz à effet de serre lors de la conduite.
Et ce n’est pas parce qu’il s’agit d’électricité qu’il faut la dilapider ; la ZEM est aussi équipée d’une technologie de freinage régénératif qui permet de récupérer une fraction de l’énergie cinétique sacrifiée lors du freinage sous forme d’électricité. Dans la même optique, le toit et le capot sont aussi recouverts de panneaux photovoltaïques.
Une liste déjà bien fournie à laquelle il faut encore rajouter l’innovation la plus marquante de cette ZEM : un système de capture de carbone mobile qui se cache derrière la calandre.
Un filtre à CO2 sur roues
Lorsque le véhicule est en mouvement, l’air traverse un filtre qui, une fois arrivée à saturation, permet d’en extraire le dioxyde de carbone pour le stocker. Selon les étudiants, il serait alors possible de le réutiliser dans de nombreuses filières industrielles. Ils pensent notamment à la production du béton, des plastiques… ou tout simplement des boissons pétillantes.
Pour l’instant, les performances de ce filtre sont loin d’être révolutionnaires. Selon ses concepteurs, pour capturer 2 kg de CO2, la ZEM doit rouler plus de 20 000 km. À titre de comparaison, d’après le grand conglomérat des constructeurs européens (ACEA), la moyenne des émissions d’une voiture standard est de l’ordre de 100 g de CO2 par kilomètre. Sur la base de ces chiffres, cela signifie qu’une telle voiture émettrait cette même quantité de dioxyde de carbone en 20 km. Soit un ratio pas franchement flatteur de plus ou moins 1000:1.
Il s’agit bien évidemment d’estimations très vagues. Mais dans tous les cas, ce ne sont pas les chiffres précis qui sont importants. Ce qui compte, c’est que d’après les étudiants, un dispositif très simple de ce genre pourrait avoir un impact très significatif s’il était déployé à grande échelle.
Un effort d’innovation qui doit interpeller l’industrie
Il sera très intéressant de suivre l’avancée de ce beau projet. Rien ne dit qu’il aboutira à la mise sur le marché d’un véhicule commercial; mais même si nous ne croisons jamais la moindre ZEM sur nos routes, il s’agit en tout cas d’une preuve de concept très intéressante qui doit encourager les géants du secteur à ne pas se reposer sur leurs acquis.
« Nous voulons chatouiller l’industrie en leur montrant tout ce qui est déjà possible », explique Nikko Okkels, le porte-parole de l’équipe au New Atlas. « Si 35 étudiants peuvent concevoir, développer une voiture quasiment neutre en carbone en un an, il y a aussi forcément des opportunités et des possibilités pour l’industrie », conclut-il en invitant tous les constructeurs qui le souhaitent à s’inspirer de leur concept. A bon entendeur !