Le suivi des 528 personnes atteintes de la variole du singe à travers le monde nous en apprend plus sur ces symptômes, notamment sur les lésions cutanées terriblement douloureuses.
Le 23 juillet 2022, le directeur général de l’OMS a indiqué avoir « décidé que la flambée épidémique de variole du singe représente une urgence de santé publique de portée internationale ». En effet, plus de 3.000 cas sont confirmés à travers le monde et les mesures sanitaires permettant de contenir le virus (prévention, isolement des cas confirmés, vaccination en anneau) n’ont pas permis de réduire efficacement la propagation du virus. En France, 1.567 cas ont été recensés dont la majeure partie en Ile-de-France, en conséquence François Braun, ministre de la Santé, a annoncé l’ouverture d’un vaccinodrome de grande capacité dans la région parisienne pour administrer des vaccins anti-varioliques, efficaces contre la variole du singe.
Une grande variété de lésions cutanées
Les chercheurs poursuivent leur travail pour caractériser le mieux possible les symptômes de la variole du singe propres à cette flambée épidémique hors d’Afrique. La dernière publication scientifique à ce sujet est parue dans The New England Journal of Medecinele 21 juillet et a suivi 528 personnes infectées par le virus de la variole du singe dans 16 pays différents, tous situés en dehors du continent africain.
La cohorte de patients est essentiellement composée d’hommes appartenant à la communauté LGBT et dont une part non-négligeable (41 %) est porteuse du VIH et donc immunodéprimée. Des lésions cutanées ont été observées chez la plupart des patients mais leur localisation peut varier ; ainsi, la sphère ano-génitale (l’anus et le pénis) est la plus touchée, suivie des bras, des jambes et du tronc puis le visage et enfin, les paumes des mains et la plante des pieds. Les autres symptômes communs sont la fièvre, la fatigue, des douleurs musculaires et des céphalées. Aucun décès n’a été observé parmi les 528 personnes mais 13 % d’entre elles ont dû être hospitalisées à cause des douleurs difficiles à supporter et une sur-infection bactérienne des boutons. Les scientifiques notent que « des complications rares et sévères ont été observées (myocarditite et épiglottite) ».
L’apparence changeante des boutons peut compliquer l’établissement du diagnostic. Selon le moment où le patient se présente à l’hôpital et la localisation des lésions, celles-ci ont des aspects différents qui peuvent retarder le diagnostic et la prise en charge adéquate. Les scientifiques ont aussi recherché le virus de la variole du singe dans le sperme de 32 patients ; son ADN a été identifié pour 29 d’entre eux. La plupart des patients suivis ici pensent s’être contaminés à la suite d’un rapport sexuel. L’hypothèse d’une voie de transmission par voie sexuelle est toujours d’actualité mais pas encore confirmée, la présence de l’ADN dans le liquide séminal des personnes infectées ne signifie pas que des virions infectieux sont présents.
La première étude sur la souche actuelle du virus de la variole du singe montre que les patients présentent des symptômes différents de ceux observés auparavant. Les médecins craignent que la maladie ne soit confondue avec d’autres, notamment les IST les plus communes.
La première étude menée sur l’épidémie actuelle de variole du singe met en lumière les symptômes provoqués par la maladie – des symptômes qui diffèrent dans leur fréquence et leur localisation de ceux qui ont été observés lors des précédentes flambées épidémiques. Cette conclusion a été faite à l’issue du suivi de 54 hommes infectés par la variole du singe entre le 14 et le 25 mai 2022 (60 % des cas recensés sur cette période) et appartenant à la communauté gay. L’étude est parue dans The Lancet Infectious Diseases.
Définir l’origine exacte de la contamination est toujours un casse-tête pour les médecins. Dans ce cas-ci, il semble que les patients se soient contaminés lors d’un rapport sexuel, puisque 47 sur 52 ont affirmé avoir eu un rapport sexuel dans les trois semaines précédant l’apparition de leurs symptômes. Malgré tout, ils ont aussi indiqué qu’ils n’avaient pas conscience d’être en contact avec des personnes déjà malades.
Des éruptions cutanées dans la région génitale et des fièvres moins fréquentes
« Le symptôme le plus fréquent se manifeste par des lésions cutanées dans les régions anales et péniennes. Le fait qu’un quart des patients ont été testés positifs pour la gonorrhée ou la chlamydiose au même moment suggère que la transmission du virus de la variole du singe dans cette cohorte s’est produite durant un contact proche, dans le contexte d’une relation sexuelle par exemple », explique le docteur Ruth Byrne du NHS (National Health Service).
L’étude souligne d’importantes différences dans le tableau clinique présenté par cette cohorte. Les sensations de faiblesse ou de fatigue et la fièvre sont moins fréquentes ici que dans les précédentes études sur les symptômes de la variole du singe. De plus, 18 % des patients de ce groupe n’ont rapporté aucun symptôme avant l’apparition des premières lésions cutanées. Les médecins anglais craignent que la variole du singe soit confondue avec des IST (infections sexuellement transmissibles) communes qui causent des symptômes comme l’herpès ou la syphilis. Pour éviter que des cas de variole du singe ne passent à la trappe, ils suggèrent que la liste des symptômes de la variole du singe, présentée comme une infection aiguë avec de la fièvre, soit adaptée aux nouvelles observations.
De plus, ces données présentent une limite certaine : elles n’ont été obtenues que sur des patients issus de la communauté gay et ne seront pas forcément généralisables à toute la population. Les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes ont été les premiers touchés par le virus, mais ce dernier infecte tout le monde, sans distinction. Santé publique France indique qu’il y a désormais trois femmes infectées ; l’origine de leur contamination est en cours d’investigation. Le nouveau bilan de l’OMS fait état de 5.322 cas confirmés de variole du singe dans le monde, essentiellement en Amérique du Nord et en Europe.
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