Guerre dans le Nord-Kivu : la RD Congo accuse le Rwanda de soutenir les rebelles du M23

Contre qui se bat l’armée congolaise au Nord-Kivu ? Depuis la résurgence, en novembre dernier, du M23, groupe armé à dominante tutsie pourtant défait en 2013, les observateurs s’interrogent. La RD Congo accuse l’armée rwandaise de soutenir le mouvement et de combattre à ses cotés sur le sol congolais. Faux, répond Kigali. La communauté internationale, elle, reste silencieuse.

Depuis la résurgence du M23, l’armée congolaise a renforcé ses effectifs pour contenir l’avancée des rebelles.
Sur cette colline du Nord-Kivu, situé à 3 km de la ligne de front, et 23 km de la frontière avec l’Ouganda, les miliciens du M23 tiennent leur positions. « On les voit avec leurs armes, ils ont des mitrailleuses 12.7 », constate un soldat congolais.

Depuis un mois, l’armée congolaise a renforcé ses effectifs pour contenir l’avancée des rebelles. « L’ennemi que nous avons en face de nous a des armes lourdes, des mortiers, des mitrailleurs… Nous aussi nous avons des armes pour défendre nos positions et éviter qu’ils arrivent jusqu’ici », affirme Sangwa Muganza, adjudant-chef des forces armées de la RD Congo. « On a déjà réussi deux fois à les repousser ».

Depuis la résurgence du M23, l’armée congolaise s’étonne de voir les miliciens aussi bien armés et équipés. Le groupe avait pourtant été défait en 2013 puis démobilisé. Pour les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo), pas de doute : le M23 bénéficie du soutien des pays voisins, principalement du Rwanda.

« Une guerre par procuration »
« Au fur et à mesure qu’on est entrés en contact avec l’ennemi, on s’est rendu compte que c’était bel et bien l’armée rwandaise qui appuyait cet ennemi et que la guerre que nous menait le M23 n’était qu’une guerre par procuration », déclare le colonel Guillaume Ndjike, porte-parole du secteur opérationnel Sukula 2.

Il y a dix ans, le Rwanda soutenait déjà le M23 et avait été publiquement condamné par l’ONU. Aujourd’hui, l’armée congolaise accuse aussi Kigali d’intervenir directement sur son sol et présente ce qu’elle décrit comme des preuves, à l’instar de photos de drones montrant des soldats avançant en colonne en pleine nuit, ou des armes et des équipements retrouvés sur le champ de bataille.

Fin mai, deux soldats Rwandais avaient été arrêtés au Nord-Kivu avant d’être libérés et remis à Kigali. Ni l’ambassadeur du Rwanda en RD Congo, ni le porte-parole de l’armée rwandaise n’ont souhaité répondre aux questions de France 24.

« Toute accusation ou contre-accusation de cette nature ne peut être vérifiée que par le biais du Mécanisme conjoint de vérification élargi [de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs] et non par des déclarations dans les médias », a précisé le Brigadier Général Ronald Rwivanga, porte-parole de l’armée rwandaise, dans un communiqué.

Dans leur dernier rapport, publié en juin, les experts de l’ONU ont confirmé la présence de militaires rwandais dans des camps du M23 en RD Congo, évoquant des images aériennes et des preuves photographiques.

france24

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