Cinquante-six ans après le Mondial remporté par les hommes, l’Angleterre a enfin décroché un nouveau titre majeur grâce à la victoire de son équipe féminine en finale de l’Euro face à l’Allemagne (2-1 a.p.). Ce trophée tant attendu est l’apothéose d’une compétition qui a connu un succès populaire record.
« Votre réussite va bien au-delà du trophée que vous avez si bien mérité. Vous avez toutes montré un exemple qui sera une source d’inspiration pour les filles et les femmes d’aujourd’hui et pour les générations futures. » La reine d’Angleterre Elizabeth II a été l’une des premières, dimanche 31 juillet, a salué, dans un communiqué, la victoire de l’équipe féminine nationale en finale de l’Euro, face à l’Allemagne (2-1 a.p.).
Comme l’a souligné la souveraine, ce triomphe des Lionnes anglaises est le reflet d’une popularité de plus en plus croissante du football féminin dans le pays. Trois ans après un Mondial-2019, en France, qui avait déjà concrétisé la trajectoire ascendante des femmes dans le football, et malgré la pandémie de Covid-19 passée par là, l’Euro anglais se termine sur un succès incontestable.
Un succès populaire, d’abord, comme le prouvent les 87 192 spectateurs dans les tribunes, largement plus que le record pour un match de l’Euro masculin – 79 115 pour la finale de l’édition 1964 entre l’Espagne, pays-hôte, et l’URSS (2-1). L’affluence totale de cet Euro, avec 574 875 supporters présents dans les stades, pulvérise aussi la meilleure marque pour la compétition continentale féminine, qui avait été réalisée il y a cinq ans aux Pays-Bas avec 247 041 spectateurs.
Un football féminin en nette progression
Infligeant aux Allemandes leur première défaite en finale d’un Euro, elles qui en ont remporté huit éditions sur 13, les « Lionesses » ont achevé de conquérir le cœur d’un pays qui s’est progressivement pris au jeu.
« Ce que laissera ce tournoi, c’est surtout le changement dans la société. C’est tout ce qu’on a fait ensemble en faisant venir des gens aux matches. Mais ce que laissera cette équipe, c’est aussi des gagnantes et ce n’est que le début du voyage », a ainsi souligné la défenseure et capitaine anglaise Leah Williamson après la rencontre.
Les chiffres d’affluence sont vitaux pour aider le développement de la discipline à se poursuivre mais le niveau de jeu a lui aussi été en très net progrès, que ce soit techniquement, tactiquement, ou encore athlétiquement. La finale en a été l’illustration avec une bataille acharnée entre les deux meilleures équipes du tournoi qui n’ont rien retenu dans l’engagement et les duels.
Bousculée par l’Allemagne, l’Angleterre a décroché son tout premier titre au bout de la prolongation grâce à un but de Chloe Kelly. « Je suis arrivée en sélection en 2015 et on a atteint quelques demi-finales. Mais ce groupe est extraordinaire, avec toutes ces joueuses qui sortent du banc pour nous aider, cela résume bien cette équipe », a résumé la milieu de terrain Fran Kirby.
Les joueuses ont pu compter sur l’expérience de la sélectionneuse néerlandaise Sarina Wiegman, déjà sacrée il y a cinq ans avec les Pays-Bas. La technicienne n’a perdu aucun de ses 20 matches à la tête des « Lionesses » et remporté ses 12 matches dans un Euro. « Quand j’ai pris ce poste, je connaissais l’équipe pour l’avoir vu jouer et je savais que le potentiel était tellement important dans ce pays. Il y a tellement de joueuses et de bonnes joueuses, donc j’espérais que ça marcherait. Mais la façon dont ça a marché cette année, on en rêvait. Et c’est super quand ça marche comme on l’espère », a-t-elle expliqué en conférence de presse.
Une première finale perdue par l’Allemagne
De son côté, l’Allemagne pourra regretter d’avoir été privée dès les demi-finales de son ailière Klara Bühl, positive au Covid-19, et, quelques minutes avant le coup d’envoi, de sa capitaine et meilleure buteuse, Alexandra Popp, victime de « problèmes musculaires » à l’échauffement.
Sans Bühl et Popp, l’attaque allemande a perdu beaucoup de son pétillant mais pas de son mordant, tentant d’étouffer l’Angleterre avec un gros pressing, mais parfois mal coordonné.
Après cette défaite, les Allemandes n’ont pas caché leur immense frustration. « On s’est battues en équipe, mais malheureusement on n’a pas été récompensées. On va d’abord devoir laisser passer les prochaines heures, mais on est quand même contentes et fières d’avoir pu atteindre autant de personnes et les enthousiasmer », a souligné l’attaquante Svenja Huth.
Malgré la déception, la sélectionneuse Martina Voss-Tecklenburg, au micro de la télévision publique allemande ARD, n’a pas manqué de féliciter ses joueuses pour leur détermination : « Il doit bien y avoir un perdant dans un match, on a été très proches, notamment après l’égalisation à 1 partout. (…) Je leur ai dit que l’on pouvait être fières, ça n’a pas suffi mais on a tout donné jusqu’au bout et je ne peux rien leur reprocher. On grandit avec de tels matches. »
Les Allemandes pourront peut-être prendre leur revanche dès l’an prochain lors du Mondial organisé en Australie et en Nouvelle-Zélande. Alors que les éliminatoires ne sont pas encore terminés, les deux équipes, en tête de leur groupe respectif, devraient obtenir facilement leur billet pour la compétition.
AFP