Des silos à grains endommagés au port de Beyrouth se sont effondrés dimanche à la suite d’un incendie, à quatre jours du deuxième anniversaire de l’explosion dévastatrice dans ce port.
Un nuage de poussière a couvert le port après l’effondrement de deux des 48 tours, ont constaté des journalistes de l’AFP. Des hélicoptères de l’armée ont aussitôt survolé le secteur pour larguer de l’eau et tenter d’éteindre complètement le feu dans la structure.
« Deux autres tours risquent de s’effondrer », a déclaré à l’AFP le ministre des Travaux publics Ali Hamiyé.
Il y a plus de deux semaines, un incendie s’est déclaré dans la partie la plus endommagée des silos, causé selon les autorités et des experts par la fermentation des stocks de céréales restantes, conjuguée à de fortes températures.
L’incendie a ravivé le traumatisme de proches de victimes de l’explosion du 4 août 2020, a fait plus de 200 morts et 6500 blessés et dévasté des quartiers entiers de la capitale libanaise.
L’explosion du 4 août a été déclenchée dans un entrepôt abritant des centaines de tonnes de nitrate d’ammonium stockées sans précaution. Touchés de plein fouet par le souffle de l’explosion, les silos à grains du port s’étaient partiellement écroulés.
Les flammes et la fumée se dégageant depuis l’incendie au début du mois dans les silos restent visibles.
Après l’incendie, le premier ministre Najib Mikati a averti cette semaine qu’une partie des silos risquait de s’effondrer et a appelé l’armée et la Direction de la gestion des catastrophes à être « en état d’alerte ».
Certaines parties des silos contiennent toujours quelque 3000 tonnes de blé et autres céréales qui n’ont pu être retirées à cause du danger d’effondrement, selon les autorités.
Les ministères de l’Environnement et de la Santé ont émis des recommandations à l’intention du public en cas d’effondrement des silos, notamment sur la nécessité d’évacuer la zone, de porter des masques et de fermer les fenêtres des logements.
En avril, le Liban avait ordonné la démolition des silos, mais la décision a été suspendue en raison de l’opposition des proches des victimes du drame qui veulent en faire un lieu de mémoire.
« J’ai pleuré quand j’ai appris que des silos s’étaient effondrés », a dit à l’AFP Cécile Roukoz, qui a perdu son frère dans l’explosion du 4 août.
« Nous voulons qu’ils restent en place comme témoins du crime […] et en mémoire de ceux qui ont perdu la vie sans raison », a-t-elle ajouté.
L’enquête sur les causes du drame du 4 août 2020 est suspendue depuis des mois en raison d’obstructions politiques. Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités sont accusées par les familles des victimes et des ONG de la torpiller pour éviter des inculpations.
AFP