Samedi dernier, le Centre culturel espagnol Cervantes a reçu la cérémonie de commémoration de la Journée mondiale de la lutte contre les traited’êtres humains. La rencontre, qui concerne toute la sous-région, était une occasion de sensibiliser toutes les voix sociales et politiques.
À l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la traite des personnes, le Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc) a convié à une rencontre, samedi dernier, pour communiquer un message fort de mobilisation et de sensibilisation. Le chef de cette antenne régionale de l’Onudc a notamment adressé son plaidoyer aux gouvernants, secteur privé, société civile, artistes, chef religieux et aux citoyens ordinaires. Dr Amado Philip de Andrés a signifié l’urgence d’endiguer le fléau que constituent la traite des personnes et le trafic illicite de migrants, «devenus des sujets de grande inquiétude pour l’Afrique». Le continent est, en effet, une zone forte d’origine, de transit et de destination de ces activités criminelles.
Les victimes dénombrées sont en majorité des femmes et des enfants, mais «aucune catégorie n’est épargnée par ce crime tentaculaire», a précisé le chef du Bureau régional. Les victimes font principalement l’objet de trafics à l’intérieur même des frontières de leur pays ou vers d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, tandis que plusieurs autres victimes issues des mêmes régions sont identifiées en Europe, en Amérique et au Moyen-Orient. Parmi les formes d’exploitation les plus connues, l’Onudc liste l’exploitation sexuelle avec des réseaux de proxénétisme, ainsi que les travaux forcés par le travail domestique, dans les sites d’orpaillage, l’agriculture, la pêche, la construction, la manufacture et l’élevage. Il a relevé aussi l’exploitation de la mendicité d’autrui et le prélèvement d’organes. «Il y a urgence à agir», a plaidé Dr Amado Philip de Andrès.
Le Secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, quant à lui, a dénoncé «la traite d’êtres humains (qui) est un crime ignoble et un assaut en règle contre les droits, la sûreté et la dignité de chacun». À travers un message lu par Giovanie Biha, Représentante spéciale adjointe du Sg de l’Onu pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Antonio Guterres a indexé le rôle pervers des plateformes numériques dans cette traite criminelle. Le Sg de l’Onu a appelé les populations, les jeunes en particulier, à user du numérique dans son noble sens pour combattre le danger. «Les gouvernants, les régulateurs, les privés et la société civile doivent s’unir et investir dans des politiques, des lois et des technologies. Cela, pour identifier et aider les victimes, repérer et punir les coupables, en plus de garantir un Internet sûr, ouvert et sécurisé pour tous», a recommandé Antonio Guterres, qui a rappelé sa proposition de Pacte numérique mondial sur la bonne gouvernance dans l’espace digital.
Dans sa lutte, l’Onudc adopte son approche autour d’une règle dite des quatre P : prévention, poursuite pénale, promotion de la coopération régionale et protection des victimes. La prévention, jusque-là plutôt négligée d’après le chef du Bureau régional, va désormais concentrer plus d’énergie et d’intelligence. C’est d’ailleurs dans ce cadre de communication que s’inscrit la campagne Blue Hearts (Cœurs bleus) et du single musical qui porte le même nom. Ce morceau, qui sera accompagné d’un clip sous peu et d’un concert, est signé la chanteuse-compositrice sénégalo-canadienne, Alexiane Silla. Invitée d’honneur de la cérémonie, elle a présenté son œuvre qui concentre un propos tout aussi lyrique qu’engagé. Elle prend cause en faveur des enfants talibés notamment et autres victimes de traite, appelle à plus de compassion, de vigilance, d’humanisme et à une meilleure protection des âmes innocentes.
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