Une digue d’un nouveau genre est actuellement en test en rade de Brest. Elle a été conçue pour convertir l’énergie des vagues en électricité. A l’avenir, elle pourrait permettre à des ports ou des zones côtières d’être autonomes en électricité.
Depuis le début de l’été 2022, un prototype de digue productrice d’énergie est testé en rade de Brest. Baptisé Dikwe, ce nouvel équipement a été initié en 2020 par le groupe de construction rennais Legendre et développé ensuite avec la société guérandaise Geps techno et l’Ifremer. La « digue à énergie positive » est une réponse aux nouvelles problématiques liées au changement climatique, qui va entraîner l’élévation du niveau des mers et des épisodes de tempêtes plus intenses et plus fréquentes. Il va être plus que jamais nécessaire d’installer des digues pour protéger les installations portuaires et les zones côtières.
Convertir l’énergie naturelle des vagues en électricité
Les murs de digue traditionnels ont pour seule fonction d’arrêter l’énergie des vagues. Les ingénieurs ont eu l’idée cette fois de convertir cette énergie naturelle en électricité capable de couvrir les besoins du port et de ses environs. Pour cela, ils ont utilisé un système houlomoteur doté d’un volet métallique oscillant. Le mouvement des vagues est d’abord freiné par le volet, puis arrêté par la partie arrière fixe du caisson. L’énergie mécanique du sac et ressac de l’eau qui anime le volet est convertie en électricité.
Un premier prototype à l’échelle 1/15e a d’abord été testé à l’automne dernier dans le bassin à houle d’Ifremer. Les essais ont été concluants, puisqu’ils ont permis d’estimer que 60% de l’énergie des vagues pouvaient être convertis en électricité. Un nouveau prototype à l’échelle un quart a été immergé début juillet 2022 à Sainte Anne-du-Portzic, non loin de Brest. Le caisson, qui mesure près de 4,5 m de haut et 6 m de profondeur, peut être complètement immergé à marée haute. Divers capteurs mesurent le vent, la houle et les courants, ainsi que les contraintes et les déformations subies par les structures.
Vers un 3e prototype à taille réelle
Si tout se passe comme prévu, un troisième prototype à taille réelle doit être construit l’an prochain, pour une mise à l’eau en 2024. Le caisson de 20 m de large et de haut permettra une production de l’ordre du méga watt. A terme, des digues composées de plusieurs caissons assemblés permettraient d’alimenter des navires à quai, des industries portuaires, etc. Si plusieurs projets à énergie houlomotrice sont aujourd’hui à l’étude – citons notamment le projet d’installation de la première centrale électrique commerciale en baie d’Audierne -, seule l’usine marémotrice de la Rance est à ce jour en service.
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