La responsable d’Amnesty en Ukraine démissionne, après un rapport critique de l’ONG

En Ukraine, la publication du rapport d’Amnesty International qui critique les tactiques de l’armée ukrainienne, dans le sens où celle-ci utiliserait des zones civiles pour les combats, n’en finit pas de faire des vagues. Vendredi soir 5 août, Oksana Pokaltchouk, la directrice du bureau d’Amnesty en Ukraine, a démissionné de ses fonctions, affichant son désaccord complet avec la direction de l’ONG, et déplorant que celle-ci ait sciemment refusé d’associer l’équipe ukrainienne d’Amnesty au rapport qui subit l’opprobre générale dans le pays, et cela tandis que la secrétaire générale de l’ONG, Agnès Callamard, persiste et signe.

Cela faisait sept ans qu’Oksana Pokaltchouk dirigeait la branche ukrainienne d’Amnesty, ce qui en faisait l’une des figures les plus respectées dans le monde des droits de l’homme à Kiev.

Jeudi soir 4 août, elle a dénoncé publiquement le rapport publié par sa maison-mère, en estimant que ce travail est, selon ses mots, « unilatéral » et « incomplet », et surtout qu’il a été réalisé uniquement par des chercheurs étrangers, et que la hiérarchie d’Amnesty a délibérément refusé d’y associer son équipe ukrainienne.

C’est notamment cette mise à l’écart des experts ukrainiens d’Amnesty, connus pour leur professionnalisme et leur connaissance du terrain, qui a mis le feu aux poudres à Kiev.

Un rapport sans prise en compte de la réalité militaire ?
Vendredi, Oksana Pokaltchouk a annoncé sa démission en estimant qu’il est inimaginable dans un tel contexte qu’un rapport d’Amnesty International ne contienne pas de données sur les actes russes et donc sur la partie qui a déclenché la guerre.

La responsable a également déploré qu’Amnesty International ne s’y soit pas pris à temps pour recueillir la position du ministère de la Défense ukrainien, et que le rapport ne tenait pas compte des réalités militaires et humaines locales.

Enfin, la défenseuse des droits de l’homme a déclaré avec émotion qu’Amnesty International ne donnait aucune compréhension de ce que c’était une armée de défenseurs, dans un pays envahi par des occupants, et qu’aucun mot, dans aucune langue, ne pouvait traduire cette douleur.

rfi

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