Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, entame une tournée africaine ce dimanche (07.08). Les pays qu’il visitera ont été soigneusement sélectionnés. Il s’agit de l’Afrique du Sud, de la République démocratique du Congo et du Rwanda voisin.
En RDC, il devrait parler de l’insécurité dans l’est du pays et de la prochaine élection présidentielle en 2023.
Le voyage d’Anthony Blinken à Kinshasa vise avant tout un but sécuritaire. En effet, la résurgence du groupe M23 et les tensions autour de la présence de la Monusco, la mission de paix de l’Onu en RDC, sont venues dégrader la situation dans l’est du pays.
L ‘expert londonien Alex Vines de Chatham House estime ainsi que Washington s’inquiète de la « propagation de la violence » et notamment de la nouvelle tension entre le Rwanda et la RDC. Une raison sans doute pour laquelle les deux pays sont au programme de la visite.
Mais selon Bob Kabamba, professeur de sciences politiques à l’université de liège en Belgique, il est peu probable que les Etats Unis tentent de relancer le processus de réconciliation entre la RDC et le Rwanda car cette mission est celle de l’Angola.
L’avenir de la Monusco
Malgré tout, la visite d’Anthony Blinken va se dérouler dans un contexte difficile. En effet, un rapport d’experts des Nations unies, publié ce jeudi (04.08), affirme que l’armée rwandaise est bien intervenue ces derniers mois sur le territoire congolais, en dépit du fait que Kigali a toujours nié cette situation.
Par ailleurs, la Monusco est très contestée et les manifestations récentes contre sa présence ont causé la mort de 35 personnes dans l’est du pays.
Les Etats-Unis faisant partie des pays contributeurs de troupes de la Monusco, cette question devrait être abordée lors de la visite du secrétaire d’Etat américain.
Pour Dieudonné Wamu Oyatambwe, docteur en sciences politiques et chercheur associé à la Vrije Universiteit de Bruxelles, « les Américains sont les premiers contributeurs au budget de cette mission et leur position va être décisive par rapport à ce qu’on observe comme soubresauts autour de cette mission onusienne. »
Scrutin présidentiel en ligne de mire
A Kinshasa, Anthony Blinken rencontrera aussi des représentants politiques et de la société civile. Le but est de s’assurer du bon déroulement de l’élection présidentielle l’année prochaine.
Pour Bob Kabamba, les Américains « insistent sur les mots inclusifs, parce qu’ils pensent qu’il va y avoir des candidats qui risquent d’être éliminés de la course aux élections parce qu’ils pourraient être jugés comme opposants au président Félix Tshisekedi. Il y a aussi les questions de droits de l’homme. Comme vous le savez, la répression de la population et de l’opposition se fait généralement en violation des droits de l’homme et droits des humains, et c’est pourquoi ils insistent sur ces questions. »
Depuis le mois de juin, le secrétaire d’Etat américain s’est impliqué dans la résolution des tensions entre la RDC et le Rwanda. Nul doute qu’au-delà de l’élection présidentielle à venir, c’est ce dossier lié à la tension sécuritaire régionale qui devrait s’imposer durant sa visite.
dw