L’imam franco-marocain et essayiste Tareq Oubrou a affirmé, vendredi, qu’il y a «une ambiguïté dans les décisions» mais qu’en dernier lieu, «c’est le droit qui tranche». Réagissant à la décision de la justice française de suspendre l’expulsion de l’imam marocain Hassan Iquioussen, l’imam de Bordeaux a estimé que «le recours au droit est toujours quelque chose de rationnel et de quantifiable qui peut trancher les débats sur les interprétations des uns et des autres».
Intervenant sur CNews, il a rappelé que le ministre de l’Intérieur a une «fonction politique». «C’est plus une décision administrative qui obéit à une certaine orientation politique, qui peut être discutable. On est dans un pays démocratique. Le ministre de l’Intérieur était d’ailleurs conscient du risque d’être débouté par le droit», a-t-il enchaîné, en ajoutant que «personne n’est au-dessus du droit, y compris le pouvoir politique».
«Le droit est là pour garantir les limites de l’expression et de la liberté, sinon on va sanctionner toute philosophie, toute perception. Tant que cela ne trouble pas l’ordre public établi par la loi de manière rationnelle, je pense que la liberté doit être protégée.»
Tareq Oubrou
L’imam de Bordeaux a estimé qu’on «peut être d’accord ou pas d’accord avec l’interprétation théologique de X ou de Y». «D’ailleurs, le prédicateur en question, Hassan Iquioussen n’est pas mon style ni ma doctrine», a-t-il précisé. Néanmoins, «on est dans un pays où il y a une certaine rationalité qui permet la gestion du pluralisme confessionnel, tant que ces convictions ne tombent pas sous le coup de la loi», a-t-il conclu.
«Le ministre de l'Intérieur était conscient du risque d'être débouté par le droit. Personne n’est au-dessus du droit, y compris le pouvoir politique» affirme Tareq Oubrou, imam de Bordeaux, dans #MidiNews pic.twitter.com/sR1WJsyr3i
— CNEWS (@CNEWS) August 5, 2022
Vendredi, le Tribunal administratif de Paris a suspendu l’expulsion de l’imam marocain Hassan Iquioussen, estimant que la décision le concernant porterait une atteinte disproportionnée à sa vie privée et familiale. Le tribunal a ainsi jugé recevable la requête de Me Lucie Simon, qui a affirmé que son client «ne constitue aucune menace à l’ordre public ou à l’Etat».
yabi