En février 2020, alors que le monde est frappé par la crise sanitaire, de nombreux salariés sont contraints de rester chez eux. Tous les métiers non-essentiels doivent se pratiquer au sein du domicile, ou pas du tout lorsque cela n’est pas possible. Si cette situation aura été très contraignante pendant les différents confinements, elle a néanmoins permis de mettre en lumière une pratique salariée qui était alors largement sous représentées.
Le télétravail s’est depuis imposé comme une norme au sein de nombreuses sociétés, avec quelques jours proposés ici et là. Si d’aucuns sont ravis d’avoir plus de flexibilité dans leurs emplois du temps, d’autres en profiter pour resquiller. C’est ce qui ressort d’une enquête menée par Business Insider. Le média américain s’est, en effet, intéressé à un phénomène qui prend de l’ampleur en Amérique du Nord et en Europe, la sous-traitance par des télétravailleurs.
Tout commence lorsque Khuram Raza Zakhaif, un travailleur indépendant dans le cloud computing au Pakistan, se voit offrir quelques missions par le biais d’une plateforme de free-lance. Il entre rapidement en contact avec un employé allemand d’un grand fabricant de puces. Prétextant un problème technique, il va lui transférer des documents ultra-confidentiels puis lui donner accès à ses mots de passe et identifiants sur le serveur de la même entreprise.
Après avoir longuement discuté avec l’homme, Khuram décide finalement de ne plus donner suite. Il partagera son expérience sur Reddit, avant de découvrir que beaucoup se sont vus proposer les mêmes missions. En somme, nombreux sont les employés qui sous-traitent à des tarifs bien plus intéressants. S’il est difficile de connaître l’ampleur exacte du phénomène, les nombreux témoignages disponibles en ligne semblent indiquer que Khuram Raza Zakhaif n’a pas été le seul internaute à se voir proposer une telle offre.
Selon le Business Insider, le phénomène est bien plus récurent qu’il n’y paraît. Il s’explique par la volonté pour quelques salariés de vouloir cumuler les emplois. Ces derniers font ensuite appel à des spécialistes moins chers car résidant dans des pays plus modestes. Selon certains experts, cela concernerait principalement les métiers de la technique.
Les entreprises traquent les tricheurs
Pour les firmes concernées, cette pratique n’est pas sans risques. Si l’un de leurs employés décide d’avoir recours à ce stratagème, ce sont bien souvent des dossiers confidentiels qui sont partagés. Elles seraient ainsi plus vulnérables et susceptibles d’avoir des failles de sécurité. Ainsi, les managers doivent être très vigilants et observer tout comportement suspect de la part de leurs employés. Plusieurs signes ne trompent pas selon Cameron Edwards, vice-présidente de la stratégie client et des opérations pour l’entreprise spécialisée en ressources humaine Matlen Silver.
Elle explique ainsi que des rendus à des heures suspectes, ou des retards successifs doivent mettre la puce à l’oreille. Le technicien d’une entreprise peut aussi surveiller les mails pour découvrir lorsque l’un d’entre eux a été envoyé à une adresse personnelle. Elle indique aussi que l’adresse IP peut être un très bon moyen de dénicher les fraudeurs. Selon elle, ce travail harassant pour les managers serait la raison principale d’un retour au présentiel complet dans certaines entreprises. “C’est difficile de surveiller cela depuis un environnement éloigné, les managers n’en peuvent plus de tout ce stress (engendré par la surveillance ndlr).”
Business Insider