L’inquiétude aux États-Unis après la confirmation d’un cas de polio et des « centaines » d’autres possibles

Après la détection du virus de la poliomyélite à Londres, c’est au tour des États-Unis de faire face à une situation identique. Là-bas, un cas de poliomyélite paralysante a été confirmé pour des centaines d’autres personnes peut-être infectées. Pourquoi cette maladie oubliée refait-elle surface ? 

Suite à la confirmation d’un cas de poliomyélite paralysante dans le comté de Rockland (État de New York) aux États-Unis en juin, les autorités sanitaires fédérales ont renforcé la surveillance du virus de la poliomyélite dans les eaux usées dans tout l’État. Il y a quelques jours, elles ont annoncé que des virions ont été identifiés dans deux zones géographiques distinctes en juin et en juillet : dans le comté d’Orange et une nouvelle fois dans le comté de Rockland.

Des enfants paralysés par la poliomyélite. © OMS, P. Virot

Les analyses phylogénétiques de la souche isolée sur ce patient révèlent qu’elle est proche de celles utilisées dans le vaccin oral contre la poliomyélite (OPV). L’OPV est un vaccin vivant atténué, c’est-à-dire qu’il contient une ou plusieurs souches actives du virus de la poliomyélite, incapables de rendre malade, mais qui génèrent une immunité robuste. Une personne qui s’est vue administrer l’OPV libère des virions via les selles qui peuvent rester en circulation dans les communautés où la couverture vaccinale contre la poliomyélite est insuffisante.

En circulation, le virus accumule des mutations qui peuvent le rendre à nouveau pathogène et neurotoxique – il s’attaque à la moelle épinière. Si une personne non vaccinée est en contact avec une telle souche, elle peut déclencher les symptômes de la poliomyélite. C’est, selon toute vraisemblance ce qui s’est passé ici. Les autorités sanitaires précisent que ce cas n’est pas dû au vaccin. Au contraire, si le patient l’avait reçu, il ne serait pas tombé malade. 

L’OPV n’est plus administré aux États-Unis ni en Europe, mais il est toujours utilisé dans d’autres pays du monde où il permet de protéger efficacement les enfants de cette maladie incurable et mortelle à faible coût. En Occident, les enfants sont désormais vaccinés avec l’IPV (inactivated polivaccine). Il n’y a aucun risque de circulation du poliovirus avec celui-ci car il contient des virions inactivés qui ont perdu toute capacité infectieuse. 

Un enfant vacciné contre la poliomyélite avec l'OPV. © WHO, Rod Curtis

La situation est prise très au sérieux dans le comté de New York : « Couplé aux dernières découvertes sur les eaux usées, le Département traite le seul cas de poliomyélite comme la pointe de l’iceberg d’une propagation potentielle beaucoup plus grande. Au fur et à mesure que nous en apprenons davantage, ce que nous savons est clair : le danger de la poliomyélite est présent à New York aujourd’hui. Nous devons y faire face en ce moment en veillant à ce que les adultes, y compris les femmes enceintes, et les jeunes enfants de 2 mois soient à jour de leur vaccination – la protection sûre contre ce virus débilitant dont chaque New-Yorkais a besoin », écrivent-ils dans leur communiqué. Les autorités sanitaires estiment que pour un cas de poliomyélite paralysante confirmée, plusieurs centaines de personnes pourraient être infectées

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