Pour ses premiers bonds dans la cour des grands, Jules Pommery a connu une soirée mouvementée : d’abord privé de médaille in extremis, le sauteur en longueur a finalement hérité du bronze après avoir été reclassé après une réclamation aux Championnats d’Europe d’athlétisme, mardi à Munich.
- Un temps pendant le concours, Pommery (21 ans) a été en position de monter sur la troisième marche du podium, grâce à un bond à 8,06 m réalisé au quatrième essai. Le deuxième seulement de sa jeune carrière au-dessus des 8 mètres, après celui avec lequel il avait porté son record personnel à 8,17 m fin mai.
Mais il en a été éjecté au sixième et dernier saut quand le Suédois Thobias Montler a bondi exactement aussi loin que lui. Exactement aussi loin que le Britannique Jacob Fincham-Dukes également. Mais au jeu du deuxième meilleur essai, c’est Fincham-Dukes, avec 7,97 m, qui récoltait la médaille d’argent et Montler, avec 7,95 m, le bronze. Celui de Pommery était lui mesuré à 7,85 m.
UN RECOURS DE LA FFA QUI A TOUT CHANGÉ
Loin devant, le champion olympique en titre, le Grec Miltiadis Tentoglou, s’est imposé avec 8,52 m, record des Championnats d’Europe. C’était sans compter sur une double réclamation, posée à la fois par la France et par la Suède, qui considéraient toutes deux que le meilleur bond de Fincham-Dukes était mordu.
« J »ai demandé sur conseil du staff de faire ‘checker’ l’image sur l’ordinateur au juge référent du concours à la fin. Selon lui, ce n’était pas mordu. La Fédération (française d’athlétisme) a fait un recours et le juge d’appel va revoir les images et décider. J’ai bon espoir« , expliquait Pommery en attendant la décision.
Une trentaine de minutes plus tard, les camps français et suédois obtenaient satisfaction. Si bien que Montler se hissait sur la deuxième marche du podium et Pommery sur la troisième.
Un dernier rebondissement n’était toutefois pas exclu, l’encadrement britannique ayant fait appel de cette décision, sans qu’on en connaisse encore l’issue en fin de soirée. Trois ans après son titre européen en juniors, Pommery s’invite ainsi sur le podium continental seniors dès sa première apparition.
L’ÉQUIPE DE FRANCE EN AVAIT BESOIN
« J’ai appris, j’ai fait des gros concours, c’était mon quatorzième de la saison qui a commencé fin avril. Je ne suis pas blessé, je suis capable de me montrer dans de grosses compétitions. C’est super encourageant pour les prochaines saisons« , apprécie le jeune athlète. « Au classement mondial, je vais ramasser un paquet de points qui me serviront pour Budapest (ville hôte des Mondiaux 2023, ndlr) et dans la suite logique pour les Jeux » de Paris-2024, projette-t-il.
Une éclaircie appréciable pour l’équipe de France, aux résultats en berne depuis plusieurs années et affaiblie d’entrée en Bavière par l’abandon du récent champion du monde du décathlon Kevin Mayer dès la première épreuve lundi matin.
D’autant plus que Pommery, qui s’entraîne à l’Insep sous la direction de Robert Emmiyan – toujours détenteur du record d’Europe de la spécialité – est un des visages de la génération 2024 de l’athlétisme français. « Bien sûr que je suis venu ici pour gagner, mais l’objectif principal, l’objectif d’une carrière, c’est quand même les Jeux dans deux ans chez nous, priorise-t-il. Au choix, si je fais 8,50 m aux Jeux ou 8,50 m là, ça va, j’attendrai…« .
« L’ambiance était incroyable. Il n’y avait pas d’Allemands (dans le concours) mais c’était tout comme, retient Pommery de sa première expérience dans un championnat majeur senior. C’est mythique et forcément ça donne envie de faire de l’athlé tous les jours ici. » Surtout quand on y grimpe sur un premier podium international.