Les neurones n’ont pas le récepteur ACE2 par lequel le coronavirus s’introduit dans nos cellules. Mais le SARS-CoV-2 semble avoir trouvé un autre chemin.
Cerveau et Covid
L’impact neurologique considérable que le Covid-19 peut avoir sur les patients montre que les neurones ne sont pas si bien protégés.
Normalement, le coronavirus utilise la protéine Spike sur sa surface pour s’accrocher au récepteur ACE2 sur la surface des certaines cellules humaines. Une fois accroché, le virus fusionne son enveloppe avec la membrane cellulaire et ainsi injecte son matériel dans la cellule. Mais certaines cellules ont très peu (voire pas du tout) de récepteurs ACE2, donc devraient être protégées du coronavirus. C’est le cas par exemple des neurones. Mais l’impact neurologique considérable que le Covid-19 peut avoir sur les patients montre que les neurones ne sont pas si bien protégés.
Des études ont montré qu’une grande partie de ces dommages neurologiques sont indirects : ils ne sont pas causés directement par l’infection des neurones, mais par l’infection des cellules épithéliales que tapissent les vaisseaux sanguins qui alimentent le cerveau. Mais il a été montré que le coronavirus parvient bien à infecter les neurones, malgré le manque de récepteurs ACE2. Une nouvelle étude de l’Institut Pasteur à Paris, publiée le 20 juillet 2022 dans Science Advances, vient dévoiler le raccourci que le virus a trouvé pour s’introduire dans les neurones : des nanotunnels.
Des tunnels pour coronavirus
Les chercheurs ont cultivé des cellules neuronales humaines en compagnie de cellules épithéliales préalablement infectées par le coronavirus. Ils ont observé que l’infection augmente le nombre de ces nanotubes produits par les cellules épithéliales infectées ; que ces nanotunnels connectent ces cellules entre elles, mais aussi aux neurones ; et que le virus peut voyager à l’intérieur de ces tunnels (mais aussi à l’extérieur) pour passer d’une cellule à l’autre. Le coronavirus utiliserait donc cette stratégie pour passer des cellules épithéliales infectées vers des neurones, contournant le manque de récepteur ACE2 dans ces cellules.
Un chemin caché, mais déjà emprunté par d’autres virus
Ces tunnels sont formés par des nanotubes faits d’actine et normalement ils permettent aux cellules de partager du matériel entre elles. Plusieurs autres virus ont déjà appris à les utiliser pour passer d’une cellule à une autre, comme le virus de la grippe ou le VIH. Et il semblerait que le coronavirus a aussi réussi à trouver ce raccourci. « Les nanotubes sont comme des tunnels avec des routes sur leurs surfaces, ils permettent au virus d’infecter des cellules qui normalement ne permettent pas l’entrée du virus et aussi ils facilitent la propagation virale entre les autres cellules », résume Chiara Zurzolo, auteur de l’étude, dans un communiqué.
Une voie vers le Covid long ?
Mais en plus d’accélérer la propagation du virus, cette voie alternative d’infection pourrait aussi permettre au virus de mieux se cacher de nos défenses : « Ces tunnels pourraient faciliter l’échappement immunitaire du coronavirus », confirme Chiara Zurzolo, tout en ajoutant que ce mécanisme pourrait permettre au virus de rester incognito dans l’organisme pendant plus longtemps. Ces nanotubes pourraient être donc une des clés de la persistance virale observée dans certains Covid longs, et notamment des symptômes neurologiques et cognitifs de longue durée observés fréquemment chez ces patients.
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