Une très vaste étude menée sur près d’un million et demi de femmes démontre que la ménopause précoce survenant avant 40 ans et touchant 1% des femmes est associée à des risques élevés d’insuffisance cardiaque et de fibrillation auriculaire.
Pour la plupart des femmes, la ménopause survient autour de 50 ans. Mais pour certaines d’entre elles (1 à 2 %), l’arrêt des règles et la baisse de sécrétion par les ovaires des hormones œstrogènes se produisent plus tôt, la plupart du temps en raison d’un cancer (la chimiothérapie et la radiothérapie altérant souvent la fonction ovarienne) mais aussi en raison d’une pathologie associée (maladie de Crohn, hypothyroïdie…), évidemment en cas d’ovariectomie (ablation chirurgicale des ovaires), ou bien sans cause retrouvée, un caractère familial étant alors souvent présent. On parle alors de ménopause précoce (avant 45 ans) ou prématurée (avant 40 ans).
Le lien entre précocité de la ménopause et maladies cardiovasculaires déjà connu
Selon une très vaste étude coréenne menée sur un million et demi de femmes et publiée dans European Heart Journal, la revue de la Société européenne de cardiologie qui va se dérouler fin août 2032 à Barcelone, cette précocité confère à celles qui en souffrent une fragilité cardiaque importante, qui se traduit par un risque plus important d’insuffisance cardiaque et de fibrillation auriculaire, deux affections cardiologiques à l’origine d’essoufflement et de troubles du rythme.
Si le lien entre précocité de la ménopause et maladies cardiovasculaires était certes déjà connu, cette fois-ci, les chercheurs se sont tout particulièrement intéressés à l’insuffisance cardiaque et la fibrillation, deux pathologies pour lesquelles peu de données étaient jusqu’alors disponibles.
Un sur-risque de développer une insuffisance cardiaque et une fibrillation auriculaire
Près d’un million et demi de femmes (1.401.175 très précisément) d’un âge moyen de 60 ans au moment de l’inclusion dans l’étude ont été suivies environ 9 ans et le travail, conduit par le Dr Ga Eun Nam du Collège universitaire de médecine de Corée (Séoul), a été mené à partir des données du système national d’assurance maladie coréen.
Au cours de ces 9 années, 42.699 (3,0 %) d’entre elles ont développé une insuffisance cardiaque et 44.834 (3,2 %) une fibrillation auriculaire. Après avoir ajusté leurs calculs en fonction des facteurs habituels (âge, tabagisme, activité physique, poids…), les chercheurs en ont conclu que les femmes ayant connu une ménopause prématurée avaient, en comparaison aux autres femmes, un sur-risque de développer ces deux pathologies, de plus 33% pour l’insuffisance cardiaque, et de plus 9% pour la fibrillation auriculaire.
Selon les auteurs, deux principaux facteurs peuvent expliquer ces associations : la baisse du taux d’œstrogènes et les changements dans la répartition des graisses corporelles avec l’âge. Quant au message de l’étude, il est le suivant : informer les femmes concernées de leur fragilité cardiaque, leur faire prendre conscience du risque cardiovasculaire et agir en prévention en instaurant un suivi cardiologique en cas de ménopause avant 45 ans.
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