Le jeudi 25 août, le président de la Fondation du patrimoine culturel prussien, Hermann Parzinger et le directeur général de la Commission nationale des musées et monuments du Nigeria, Abba Isa Tijani, ont signé un accord qui réglemente ce qui est présenté comme le plus grand transfert de propriété jamais réalisé d’objets de collection issu d’un contexte colonial. La signature de cet accord s’inscrit dans le cadre d’un vaste mouvement de restitution tous azimuts.
Une signature virtuelle lors d’un appel vidéo… c’est ainsi que la décision du retour des 512 bronzes du Bénin se trouvant dans des musées allemands a été validée.
Avant d’en arriver là, il aura fallu des années de pourparlers et de négociations entre l’Allemagne et le Nigeria. Début juillet, les autorités allemandes et nigérianes ont signé une déclaration d’intention politique. A cette occasion, deux bronzes du Bénin avaient été symboliquement remis.
Des oeuvres pillées
Les bronzes du Bénin proviennent du royaume du même nom qui se situait au sud-ouest de l’actuel Nigeria. Fondé vers l’an 600, le Bénin est devenu l’une des structures étatiques les plus influentes de la région.
En 1897, les troupes britanniques ont conquis le royaume, saccagé le palais royal et pillé ses richesses qui se sont retrouvés dans des pays européens dont l’Allemagne.
A présent que la restitution des Artefacs se concrétise, la ministre allemande à la Culture Claudia Roth espère « que de nouveaux accords de retour soient conclus dans les prochains mois ».
Il faut dire que l’Allemagne conserve un grand nombre d’Artefacts du royaume du Bénin, c’est ce que rappelait déjà sur notre antenne Nanette Snoep. Elle dirige le musée ethnographique de Cologne, le Rautenstrauch Joest Museum.
« L’Allemagne a une très grande collection d’œuvres d’art du royaume du Bénin. C’est la plus grosse collection qui se trouve en Europe, on parle de 1133 œuvres d’art du royaume du Bénin qui ont été pillés par les soldats britanniques en 1897 », explique-t-elle.
Plus que des objets d’art
Outre l’Allemagne, il est également question de restitution en Grande Bretagne. Le Horniman, un musée situé à Londres, a annoncé par au début du mois qu’il restituerait 72 artefacts pillés à l’époque coloniale, dont sa collection de bronzes du Bénin. Des bronzes qui ne sont pas de simples objets d’art, tient à rappeler Theophilus Umogbai, directeur et conservateur du musée national de Benin City au Nigeria.
« Ils ont joué un rôle aussi dans la religion de notre peuple, c’est pourquoi il a été dit lorsqu’ils ont été emmenés à l’étranger, que chacun des objets emportés représentait un ancêtre en captivité, pas seulement une œuvre d’art mais un ancêtre en captivité. Cela vous dira à quel point les objets sont importants. Ils font partie de notre histoire et quand ils ont été emportés, c’était notre bibliothèque civile qui a été pillée et vandalisée, leur retour maintenant aidera à combler ces lacunes », précise le conservateur.
Et pour que les restitutions se déroulent au mieux, beaucoup plaident pour une collaboration entre experts européens et africains.
DW