Les pays de la Corne de l’Afrique frappés par la sécheresse se préparent à une cinquième saison des pluies défaillante consécutive, aggravant la crise touchant des millions de personnes dans la région, a alerté ce vendredi l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
Du sud de l’Éthiopie au nord du Kenya en passant par la Somalie, la Corne de l’Afrique devrait faire face à une sécheresse qui alarme les organisations humanitaires, avec plus de 22 millions de personnes menacées par la faim.
« Les prévisions pour la période d’octobre à décembre, publiées à l’occasion du forum sur les perspectives climatiques saisonnières de la Corne de l’Afrique, font état de fortes probabilités de conditions plus sèches que la moyenne dans la plupart des parties de la région », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Clare Nullis, porte-parole de l’agence météo de l’ONU.
Selon elle, les zones touchées par la sécheresse en Éthiopie, au Kenya et en Somalie devraient recevoir des précipitations nettement inférieures à la normale jusqu’à la fin de l’année. « Il m’est pénible d’être porteur de mauvaises nouvelles, alors que des millions de personnes dans la région ont déjà subi la plus longue sécheresse depuis 40 ans », a affirmé dans un communiqué Guleid Artan, Directeur du Centre de prévision et d’applications climatiques de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en Afrique de l’Est, qui est le centre climatique régional de l’OMM pour l’Afrique de l’Est.
Des précipitations supérieures à la moyenne à Djibouti ou le centre et le nord-est du Soudan du Sud
Les derniers modèles montrent avec « un haut degré de confiance » une cinquième saison des pluies défaillante consécutive dans la Corne de l’Afrique. Or la saison d’octobre à décembre représente jusqu’à 70 % du total annuel des précipitations dans les parties équatoriales de cette région, en particulier dans l’est du Kenya.
Selon l’OMM, les déficits pluviométriques devraient s’étendre à certaines parties de l’Érythrée, à la majeure partie de l’Ouganda et à la Tanzanie. « Le début de la saison des pluies devrait être retardé dans la majeure partie de l’est de la région », a ajouté Mme Nullis.
Dans le même temps, Djibouti, l’est de la région Afar en Éthiopie et le centre et le nord-est du Soudan du Sud pourraient recevoir des précipitations supérieures à la moyenne. Les températures devraient rester plus élevées que la moyenne dans la majeure partie de la région.
Plus largement, ces précipitations inférieures à la moyenne pour 2022 sont susceptibles de prolonger les conditions déjà extrêmement sèches, jamais vues à un tel degré depuis 1981.
L’Éthiopie, le Kenya et la Somalie, gravement touchés par la baisse des précipitations, sont déjà en proie à une terrible crise de la faim.
Une région « au bord d’une catastrophe humanitaire sans précédent »
« En Éthiopie, au Kenya et en Somalie, nous sommes au bord d’une catastrophe humanitaire sans précédent », a ajouté M. Artan.
Cette alerte est d’autant plus préoccupante que cette nouvelle sécheresse annoncée est partie pour être « la plus longue depuis 40 ans », faisant craindre une augmentation des cas de malnutrition, des menaces sur les moyens de subsistance et des risques graves pour des millions de personnes dans la région.
Le mois dernier, les agences humanitaires et l’IGAD avaient déjà tiré la sonnette d’alarme sur le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire aiguë en 2022 dans la Grande Corne de l’Afrique.
« Avec ces prévisions montrant un déficit pluviométrique ou une sécheresse dans cette région, il y a des risques de famine dans un pays comme la Somalie », a déclaré lors d’une conférence de presse à Genève, Tomson Phiri, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM).
Face à ces prévisions alarmantes, les différentes agences humanitaires onusiennes ont entamé une course contre la montre. « Nous avons besoin de fonds pour éviter une catastrophe », a ajouté M. Phiri.
Initiative sur les risques climatiques et les systèmes d’alerte précoce
Avec cette sécheresse « exceptionnelle », l’OMM insiste aussi sur « la vulnérabilité de la région de la Corne de l’Afrique aux risques liés au climat ». Pour l’agence onusienne basée à Genève, ces menaces devraient s’intensifier en raison du changement climatique.
« Cependant, les services hydrométéorologiques et d’alerte précoce (SAP) ont le potentiel de réduire les impacts négatifs », a fait valoir le porte-parole de l’OMM. Et pour améliorer la disponibilité et l’accès à ces services, l’Initiative sur les risques climatiques et les systèmes d’alerte précoce a lancé un nouveau projet de plus de 5 millions de dollars.
L’objectif de ce dispositif est de renforcer les capacités des entités régionales et nationales à produire et à utiliser des services climatiques, météorologiques et hydrologiques, y compris des systèmes d’alerte précoce. En Éthiopie par exemple, les activités permettront d’atteindre les communautés isolées, en développant des services d’information climatique et d’alerte précoce sur demande.
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