Inondations : «mobilisation générale» pour des millions de Pakistanais

Hélicoptères tentant d’évacuer des personnes bloquées dans les montagnes du nord, bateaux parcourant les plaines inondées du sud: le Pakistan continue mercredi 31 août à mobiliser tous les moyens à sa disposition pour secourir les millions de personnes touchées par les pires inondations de son histoire.

Les inondations dues aux pluies de mousson ont submergé un tiers du Pakistan, causant la mort de 1162 personnes depuis juin selon un bilan publié mercredi, dévastant de larges pans de terres agricoles essentielles à l’économie, et détruisant ou endommageant gravement plus d’un million d’habitations.

«Le Pakistan est inondé de souffrances. Le peuple pakistanais est confronté à une mousson cataclysmique», a déclaré le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, en lançant mardi un appel aux dons de 160 millions de dollars pour financer un plan d’urgence pour les six prochains mois. Plus de 33 millions de personnes – un Pakistanais sur sept – ont été affectées par ce que le premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a qualifié «de pires inondations de l’histoire du Pakistan».

Son gouvernement estime qu’au moins 10 milliards de dollars seront nécessaires pour réparer les dégâts massifs causés aux infrastructures, en particulier dans le secteur des télécommunications, des routes et de l’agriculture. La priorité toutefois pour l’instant reste d’atteindre les milliers de personnes bloquées dans les montagnes et vallées du nord, et dans les villages isolés du sud et de l’ouest.

«Nous demandons au gouvernement d’aider à mettre fin le plus vite possible à nos malheurs», a déclaré mercredi à l’AFP Mohammad Safade sa maison complètement inondée à Shikarpur, dans la province du Sind (sud). «Il faut que l’eau soit enlevée d’ici immédiatement pour que nous puissions retourner dans nos maisons», a-t-il plaidé. Mais le Sind n’est plus qu’une étendue infinie d’eau et il n’existe quasiment plus d’endroits secs où la drainer.

Phénomènes météorologiques extrêmes
«Si vous survolez ce paysage, vous ne voyez aucune terre sèche, vous ne voyez que des kilomètres de champs inondés, de villages anéantis», a indiqué à l’AFP la ministre du Changement climatique, Sherry Rehman. Le Pakistan a reçu deux fois plus de précipitations qu’habituellement, selon le service météorologique. Dans les provinces du sud (Baloutchistan et Sind), les plus touchées, les pluies ont été plus de quatre fois supérieures à la moyenne des 30 dernières années.

Padidan, une petite ville du Sind, a reçu l’équivalent de 1,75 m de précipitations depuis juin. La mousson, qui dure habituellement de juin à septembre, est essentielle à l’irrigation des plantations et à la reconstitution des ressources en eau du sous-continent indien. Mais le Pakistan n’avait pas connu de pluies aussi soutenues depuis au moins trois décennies.

Il impute ces inondations dévastatrices au changement climatique, qui augmente la fréquence et l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes sur toute la planète. Cette année, le pays a déjà été confronté à une vague de chaleur qui a parfois dépassé les 50°C, à des feux de forêts ravageurs et à des crues dévastatrices causées par la fonte rapide des glaciers. Le Pakistan est responsable de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais il figure en 8e position des pays les plus menacés par les phénomènes météorologiques extrêmes, selon une étude de l’ONG Germanwatch.

Aide dépensée de «façon transparente»
Le gouvernement a critiqué les grands pays industrialisés pour leur rôle dans le réchauffement climatique, les accusant de s’être enrichis grâce aux énergies fossiles sans avoir envisagé les conséquences.

Très dépendant de son agriculture, le Pakistan s’attend à ce que son économie, déjà en difficulté, soit durement touchée. Les prix de certaines denrées alimentaires menacées de pénurie – notamment les oignons, tomates et pois chiches -, ont déjà fortement augmenté ces derniers jours. Shehbaz Sharif a promis que chaque centime d’aide internationale serait dépensé «de façon transparente», que chaque centime irait «à ceux qui en ont besoin».

AFP

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